Trump choisit de garder le silence dans son procès: comment l’expliquer?

1

Donald Trump ne témoignera pas à son procès pour paiements dissimulés à une actrice de films X, où l’examen de l’affaire s’est achevé mardi, ouvrant la voie aux délibérations du jury la semaine prochaine. Après plus de quatre semaines de débats à New York, une vingtaine de témoins et des milliers de pages de documents versés à la procédure, l’épilogue judiciaire se rapproche dans cette affaire pénale aux enjeux considérables pour le candidat des républicains à l’élection présidentielle du 5 novembre. Mais pourquoi Donald Trump a-t-il finalement choisi de garder le silence dans ce procès et quelles sont les conséquences possibles de cette décision? Analyse.

De quoi Donald Trump est-il accusé?

Pour bien comprendre les enjeux de ce procès, rappelons les faits qui sont reprochés à l’ancien président des États-Unis. Dans cette affaire, Donald Trump est poursuivi pour 34 chefs de falsification de documents comptables, pour dissimuler un paiement ayant permis d’étouffer un potentiel scandale sexuel dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de 2016.

L’argent, 130.000 dollars, avait été versé à l’ancienne star de films X Stormy Daniels, pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eue avec lui en 2006, alors qu’il était déjà marié à son épouse Melania. Une relation que le candidat des républicains à la présidentielle de novembre dément. Pour le déclarer coupable, l’unanimité des jurés sera requise.

Quand Trump a-t-il pris sa décision?

Difficile à dire. La question de savoir si Trump allait parler a plané tout au long du procès. Dans un premier temps, le magnat de l’immobilier a déclaré qu’il avait l’intention de témoigner. Il a ensuite fait marche arrière en arguant qu’une ordonnance de silence imposée par le tribunal lui interdisait de parler. Ce qui est faux. Le juge Merchan a déclaré que l’ancien président avait le droit absolu de faire connaître sa position dans ce dossier. Récemment, Donald Trump déclarait dans une interview qu’il témoignerait “si nécessaire”. Mais l’ex-président des États-Unis et son équipe de communication ont finalement décidé que le tribunal pouvait se passer de son témoignage dans ce procès.

Garder le silence, une bonne stratégie pour Trump?

Un accusé est autorisé à garder le silence lors de son procès. Aux États-Unis, les avocats recommandent généralement de faire valoir ce droit dans les affaires pénales, car les accusés peuvent être exposés à un “contre-interrogatoire” et donc à certaines questions préjudiciables. Une étape souvent imprévisible pour les accusés. En témoignant, Donald Trump aurait par exemple pu être interrogé par les procureurs sur sa relation sexuelle présumée avec Stormy Daniels et sur ses relations avec d’autres femmes, telles que le mannequin de Playboy Karen McDougal et la journaliste E. Jean Carroll.

D’autres éléments ont-ils joué un rôle dans ce choix?

La personnalité de Donald Trump, sans aucun doute. L’homme politique est connu pour son caractère imprévisible et sa faculté à s’emporter très rapidement, ce qui pourrait aller à l’encontre de ses intérêts s’il se retrouvait interrogé à la barre. Trump a récemment témoigné dans deux affaires civiles le concernant. Le procureur général de New York, Letitia James, a appelé l’ancien président à témoigner dans une affaire de fraude. L’ex-président américain a également été entendu dans l’un des procès en diffamation intentés contre lui par l’éditorialiste E. Jean Carroll.

Les deux fois, ses interventions ont déclenché des incidents. Dans le premier cas, Trump s’est emporté contre le juge Arthur Engoron et a ensuite insulté le procureur général. Dans la seconde affaire, le juge a limité son temps de parole à trois minutes, ce qui a déclenché la colère de Trump. Ce dernier a quitté la salle d’audience en déclarant: “Ce n’est pas l’Amérique”. Les deux procès se sont soldés par une condamnation de l’ancien président.

Son silence aura-t-il une incidence sur la suite du procès?

Dans un sens, oui. Si Trump avait parlé, le procès se serait transformé en un “mini-référendum” du jury sur sa crédibilité. Aujourd’hui, l’attention se porte davantage sur les faiblesses du dossier de l’accusation. Et des faiblesses, il y en a. Sur les trois témoins clés de l’accusation, un seul a déclaré qu’il était au courant du paiement de Trump et de sa dissimulation par la suite: Michael Cohen, qui était autrefois l’avocat personnel de Trump. Toutefois, la crédibilité de son témoignage est remise en question par certains, notamment parce que Michael Cohen a déjà menti sous serment devant le Congrès et a purgé une peine de prison pour fraude. Lors du contre-interrogatoire, l’ex-avocat de Donald Trump a hésité sur des parties essentielles de son témoignage.

Cette affaire aura-t-elle un impact sur sa campagne électorale?

Nul doute que Donald Trump aurait aimé profiter de ce procès pour s’adresser à ses partisans en endossant le rôle de la victime. Ce ne sera donc pas le cas. Ses avocats ont réussi à le convaincre avec un argument de taille: le procès n’est pas retransmis à la télévision. Les Américains ne voient donc pas ce qu’il se passe à l’intérieur de la salle d’audience. Un point particulièrement frustrant pour les démocrates, qui espéraient que ce procès entache l’image de l’ancien président américain auprès des citoyens. Cela n’a pas été le cas.

Les trois autres procès, plus “sérieux” – qui portent sur la prise d’assaut du Capitole, les documents secrets retrouvés dans sa résidence de campagne de Mar-a-Lago et le complot visant à annuler l’élection en Géorgie – ne seront pas d’actualité avant le mois de novembre de cette année. Et cela ne peut que renforcer la détermination de Donald Trump à remporter à tout prix le scrutin contre le président sortant Joe Biden. Cela pourrait bien être son seul moyen d’éviter la prison.

Source: https://www.7sur7.be/

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!