C’est au cours d’une cérémonie solennelle qu’a été remis, au Capitole de l’Iowa (USA), à Des Moines, le World Food Prize 2011. Devant une kyrielle d’illustres invités, au nombre desquels notre ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alassane, et de nombreux récipiendaires des précédentes éditions, les ex Présidents du Ghana, John Agyekum Kufuor, et du Brésil, Luis Inacio Lula Da Silva, co-lauréats 2011, se sont vu remettre le prestigieux trophée, signe de leur engagement, lorsqu’ils étaient aux affaires, a vaincre la faim et la pauvreté dans leurs pays respectifs.
Le Prix Mondial de l’Alimentation (World food prize en anglais) est la récompense internationale la plus prestigieuse attribuée aux personnes dont les efforts ont permis des progrès dans le développement humain, grâce à une amélioration considérable de la qualité, de la quantité et de la disponibilité des produits alimentaires dans le monde.
D’une valeur de 250 000 dollars, il est décerné chaque année au mois d’octobre, aux alentours du 16, Journée Mondiale de l’Alimentation, à Des Moines en Iowa, et salue les efforts de ceux qui se sont consacrés à trouver une solution adéquate pour répondre aux besoins en vivres et aux problèmes nutritionnels aux niveaux local, national et mondial. Les domaines concernés sont les sciences et les technologies agricoles et alimentaires, la nutrition, la production et le marketing, l’économie, la réduction de la pauvreté et le leadership politique.
En marge de cet événement, un symposium international, baptisé le «Dialogue Borlaug» est organisé, de même que le Prix Mondial de l’Alimentation pour la Jeunesse et d’autres manifestations, toutes liées à la nutrition, à la sécurité alimentaire, à la recherche agricole et au partenariat mondial en matière d’alimentation.
Le Prix Mondial de l’Alimentation a été fondé en 1986 par un lauréat du Prix Nobel de la Paix, le Dr. Norman E. Borlaug, dont les travaux lancèrent la «Révolution Verte» et lui valurent la distinction d’être considéré comme l’homme « qui a sauvé le plus de vies dans l’histoire de l’humanité». La Fondation pour le Prix Mondial de l’Alimentation a, quant à elle, été établie en 1990 par John Ruan, un homme d’affaires et un philanthrope originaire de l’Iowa (Etats-Unis).
Les efforts des lauréats se sont concrétisés par des apports bénéfiques pour assurer l’accès de millions de femmes, d’hommes et d’enfants dans le besoin à une quantité adéquate de nourriture nutritive. Les lauréats du Prix Mondial de l’Alimentation viennent d’horizons très divers, le Bangladesh, le Brésil, la Chine, Cuba, le Danemark, l’Éthiopie, le Ghana, l’Inde, le Mexique, la Sierra Leone, la Suisse, le Royaume-Uni, les Nations Unies et les États-Unis.
Pour nominer une personne, toute institution d’enseignement ou de recherche, toute organisation privée ou publique, toute personne morale ou toute entité gouvernementale doit soumettre un dossier qui explique la nature des réalisations de cet individu ou de cet organisme et donne une évaluation chiffrée et détaillée de l’impact de ses réalisations.
Qui était le Dr Borlaug?
Norman Ernest Borlaug est un agronome américain, né le 25 mars 1914 à Cresco (Iowa) et mort le 12 septembre 2009 à Dallas. Considéré comme le «père» de la Révolution verte, il a reçu le Prix Nobel de la paix en 1970. Norman Borlaug est né dans une petite ville de l’Iowa dans la «ceinture du maïs» américaine (Corn Belt), cette grande zone agricole du Middle West des USA. En 1944, son doctorat de pathologie végétale de l’université du Minnesota en poche, il est associé à un projet de recherche de l’Office of Special Studies, qui deviendra plus tard le Centre international d’amélioration du maïs et du blé, situé dans la périphérie de Mexico.
Mandaté en 1959 par la Fondation Rockefeller pour sélectionner des variétés de blé pour les milieux tropicaux, il proposa les variétés à haut rendement Lerma Rojo 64 et Sonora 64, basées sur la variété de blé Norin 10 et des variétés traditionnelles mexicaines permettant de tripler les rendements de cette céréale. Le Mexique pouvait désormais couvrir ses propres besoins dans ce domaine. Plus tard, le Dr Borlaug a transféré ce blé à haut rendement et résistant à la maladie en Asie du Sud. Ses méthodes de croisement de variétés de blé n’allaient pas tarder à être introduites au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, par des scientifiques qui avaient travaillé avec lui au Mexique.
Ces semences ont, dans les années 1960 et au début des années 1970, sauvé un milliard de Pakistanais et d’Indiens de la famine. Selon les calculs de Norman Borlaug, elles ont permis de pratiquement doubler la production de blé de l’Inde et du Pakistan entre 1965 et 1970, soit une hausse de plus de 11 millions de tonnes. Ces années sont en effet considérées comme «la plus grande période de production vivrière de l’histoire de l’humanité», par l’Ambassadeur Kenneth Quinn, Président de la World Food Prize Foundation.
Ces résultats valurent au Dr Borlaug le prix Nobel de la paix 1970. En 1986, Norman Borlaug a commencé à travailler avec l’association Sasakawa Africa, qui vise à éliminer la malnutrition et la pauvreté en Afrique. En mars 2009, il réunira à Mexico 300 experts internationaux en agronomie, afin d’échanger les dernières informations tirées de leurs collaborations et de se pencher sur les signes de la présence d’une souche virulente de rouille du blé identifiée en 1999 en Ouganda, et qui risquait de se propager. Il est décédé en Septembre 2009 des suites d’un cancer.
Dans le cadre de la semaine du World Food Prize, le Département d’Etat américain, par l’entremise de son Foreign Press Center (Centre de la presse étrangère), a organisé un circuit de visites et de rencontres dans l’Iowa et à Washington, axées sur le développement de nouvelles semences agricoles, l’histoire des Etats-Unis en matière d’agriculture, la coopération internationale en matière de recherche, les sites de production organiques (biologiques) et conventionnels, la fixation des prix agricoles, la politique américaine en matière de sécurité des aliments et d’Organismes génétiquement Modifiés (OGM) et l’aide alimentaire aux USA.
Ce circuit a regroupé 28 journalistes venant de 4 continents, au rang desquels votre servante. «Comment nourrir le Monde?», où nous serons à partir du 31 octobre prochain 7 milliards d’êtres humains, sera le titre d’une série de chroniques que nous consacrerons dans ces colonnes à ce séjour riche en découvertes.
Ramata Diaouré
Envoyée spéciale