Après l’interdiction par les autorités maliennes toute activité financée par l’aide française, des Maliens se prononcent

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Les relations entre le Mali et la France deviennent de plus en plus complexes et compliquées au fil des mois. En réponse à l’annonce par la France d’arrêter son aide publique au développement (APD) à destination du Mali, les autorités de la Transition se sont illustrées par un communiqué en date du 21 novembre dernier qui annonce l’interdiction «avec effet immédiat» de toutes les activités menées sur le sol malien par des ONG opérant sur financement de la France. Des Maliens donnent leurs avis sur le sujet.

Pour Zoumana Sacko, fonctionnaire d’Etat, le gouvernement a pris la bonne décision.  « La décision du gouvernement malien est vraiment salutaire. Très belle décision que le gouvernement a prise contre la France et on ne veut plus d’eux chez nous», a-t-il confié. Même son de cloche du côté d’Alimami Doucouré, étudiant en droit, qui implore pour sa part un éveil des consciences chez les Maliens en vue de sortir du tourbillon de dépendance. «Il est temps que le peuple se réveille. À cause de leur aide humanitaire, ils nous traitent de pauvres alors qu’ils s’enrichissent grâce à Canal+, PMU Mali, Total sans oublier nos ressources minières. Soyons nous-même » a-t-il martelé. Quant à Ousmane Tapily, étudiant en journalisme, il se dit convaincu que notre pays devrait pouvoir avancer sans les aides financières étrangères. À force d’attendre les aides étrangères, nous ne croyons plus en nous-mêmes, estime-t-il, à la différence de bon nombre d’autres interlocuteurs pour qui la réaction de l’Etat malien est plutôt radicale, au regard de la situation de notre pays au centre et au nord. Selon eux, en clair, de nombreuses personnes survivent grâce aux ONG financées par la France. C’est le cas de Drissa Maïga, ressortissant de la région de Gao. Selon lui, les ONG jouent un rôle majeur dans cette zone où l’Etat est quasi absente. «C’est facile pour vous autres à Bamako, allez dans les coins où l’Etat est absent, allez dire ça aux villageois qui se font soigner gratuitement, allez dire à ces femmes qui bénéficie de formation et de financement», a-t-il martelé pour expliquer l’impact des ONG sur le quotidien des Maliens. Même son de cloche du côté de Hamidou Coulibaly, qui estime que la présence des ONG s’explique par une faillite de l’Etat à ses missions. «Un Etat qui ne peut même pas donner de l’eau potable à la population sans parler de la santé après 60 ans d’indépendance», s’indigne-t-il, tandis que Fatoumata Diarra, employée dans une ONG, soutient que la décision du gouvernement est un couteau à double tranchant et qu’elle causera plus de tort que de bien. «On fait cela à nous même. La France s’en fout, elle va garder son argent. Ce sont des Maliens qui travaillent dans ces ONG, pas les Français. Qu’est-ce que le gouvernement prévoit pour remplacer ces ONG, pour que les personnes qui y travaillent ne soient pas au chômage ? L» s’interroge-t-elle. Quant à Fousseïni Guindo, ressortissant du centre, il estime que le gouvernement doit apporter un appui aux personnes victimes des dommages collatéraux de la décision gouvernementale. «Certes l’État a pris ce fameux engagement, mais il doit aussi accompagner les victimes de cette rupture. Ce qu’on appelle les mesures d’accompagnement», a-t-il conseillé.

 

Aly Poudiougou

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