Samuel Eto’o vs Nathalie Koah : « Cette affaire me donne envie de devenir féministe ! »

Symptômes
Les attaques des uns et des autres sont symptomatiques de la société dans laquelle j’ai grandi, un Cameroun patriarcal, misogyne et sexiste. Dans cette histoire, trois personnages se disputent la scène : Samuel Eto’o, l’icône du Cameroun, Nathalie Koah, l’amante, et surtout Georgette, l’éternelle figure de la femme humiliée. Après plus de dix ans de vie commune, cette dernière a épousé le footballeur le 24 novembre 2014. Un mariage célébré quelques mois seulement après la diffusion en ligne des photos nues de Nathalie Koah. Depuis le début de ce qui pourrait être le scénario d’un film nollywoodien, le débat tourne autour des deux personnages féminins. Tout oppose Nathalie Koah, la fille légère, briseuse de ménages, à Georgette, la parfaite épouse. Selon les bien-pensants de la société camerounaise et, pourrait-on dire, de toute l’Afrique, une « bonne » femme s’occupe de la maison, de la cuisine, des taches ménagères, du bien-être de la famille et, surtout, supporte contre vents et marées les tromperies de son « mari ». Chez nous, plus la femme endure, plus elle est considérée comme forte.Lire aussi : Les femmes, l’avenir du continent africain
« Diviser pour mieux régner »
Oui, le Cameroun est une société où l’on prône d’un côté les valeurs et la vertu et où l’on encourage le vice de l’autre. Il est très courant de voir des femmes attaquer d’autres femmes. Depuis des décennies, le patriarcat nous conditionne à être en compétition avec d’autres femmes. C’est la politique du « diviser pour mieux régner ». C’est ainsi que l’on impose aux femmes d’apprendre à se taire, à s’effacer, à subir, à être discrètes afin de mettre en avant les hommes et, surtout, à savoir pardonner leurs erreurs, quitte à s’oublier soi-même. « Derrière un grand homme se cache une grande femme. » Et si c’était l’inverse ? Nathalie Koah est-elle cette « grande femme » ? Je ne pense pas. Mais elle a eu le courage de s’exposer, d’assumer son histoire d’amour « adultère » et de se défendre, au risque de recevoir plus de coups encore. Et elle en a reçus. Lorsqu’une femme choisit de s’affirmer, cela chamboule toutes nos croyances sociales et notre société crie au scandale. Il faut du courage pour redresser la tête après un tel lynchage médiatique. Aujourd’hui, Nathalie Koah veut croire qu’elle se reconstruit en se consacrant à son commerce de lingerie féminine, une activité qui la rend « fière ».Lire aussi : Chimamanda Ngozi Adichie, impériale Chimamanda Ngozi Adichie dit dans Nous sommes tous des féministes : « Voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement. » Il est temps de fairecomprendre aux deux sexes que la femme ne se réduit pas à ce vieux diptyque : la maman ou la putain. D’autres voies sont ouvertes.
En savoir plus sur http://www.lemonde.frQuelle est votre réaction ?






