Changement des directeurs des finances et du matériel :Les limites des nouveaux critères
En abrogeant le mercredi dernier les décrets portant nomination des directeurs des finances et du matériel (ex-Daf) de tous les départements ministériels, le conseil des ministres a certainement donné un signal fort de la volonté présidentielle de lutter contre la délinquance financière et le détournement des fonds publics. Cette décision risque malheureusement de faire vite pschitt tant les nouveaux critères de nomination annoncés apparaissent insuffisants pour éradiquer un mal ancré dans nos mœurs. La décision de renvoyer les directeurs des finances et du matériel pour permettre de nouvelles nominations, sur des bases nouvelles et sur des critères objectifs, a été accueillie par la grande majorité des Maliens avec une grande joie surtout qu’elle part d’un bon sentiment du président de la République à donner un nouvel élan à la lutte contre la corruption, rétablir la confiance avec les citoyens, solidifier les rapports de partenariat entre l’Etat et les citoyens et améliorer la confiance entre gouvernants et gouvernés. Ce bon sentiment et surtout les critères annoncés risquent de ne pas être suffisants pour rompre avec les anciennes pratiques qui ont fait des Daf des hauts lieux de magouilles, de détournements et de corruption.
Les nouvelles désignations concerneront seuls les hauts cadres de l’administration qui seront soumises à de nouveaux critères publiés et connus de tout le monde, dit-on. Ils seront aussi nommés sur une proposition de trois noms et cela après de minutieuses enquêtes de moralité. Il reste attendu que les propositions seront toujours faites par les mêmes hommes et les mêmes partis qui ne présenteront que des hommes acquis à leur cause et qui sauront leur devoir. Il est évident que cette mesure du président de la République ne va pas changer toute la société malienne qui encourage elle-même la corruption et la magouille des Daf sur qui elle fait peser d’énormes pressions sociales et politiques. Quant à ceux qui doivent mener les enquêtes de moralité, ils sont les premiers à monnayer « leurs rapports complaisants » aux enquêtés qui acceptent de payer la rançon de leur trahison. Pour dire que l’assainissement des finances publiques, gage certain de l’ancrage démocratique dans notre pays, reste un chemin de croix.
Que Dieu sauve le Mali !
Markatié Daou
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