Entre nous 51ème anniversaire de l’indépendance Le Mali, la France et les traîtres
22 septembre 1960-22 septembre 2011. Il y a 51 ans, soit plus d’un demi siècle, que Modibo Kéïta et ses compagnons proclamaient l’indépendance du Mali au grand dam de la France du Général de Gaulle qui avait usé de toute son influence pour éclater la fédération du Mali. Modibo Kéïta qui venait de blesser dans son orgueil la France colonialiste, en ouvrant la voie de la liberté au peuple malien, va rester au pouvoir pendant huit années au cours desquelles il posera les jalons d’un Etat affranchi de tout lien avec l’ancienne puissance coloniale.
Le 18 novembre 1968, un groupe de jeunes soldats, sans une grande formation militaire et intellectuelle, ignorant tout de la gestion d’un Etat, va mettre fin au régime socialiste en confiant le pays à un certain Lieutenant Moussa Traoré. Celui-là même qui était chargé de l’instruction de la fameuse milice qui avait largement contribué à rendre impopulaire le régime de Modibo. Pour comprendre les raisons profondes de ce coup de force, il faut lire l’universitaire alter-mondialiste, Aminata Dramane Traoré. Dans son ouvrage,’’ Le viol de l’imaginaire’’, elle écrit : ‘’Le tort de la première génération de décideurs maliens fut de tenir tête à la France en nationalisant les entreprises et en en créant d’autres de même statut, en recentrant la production sur les besoins des consommateurs, en se dotant d’une monnaie nationale -le franc malien-, en fermant les bases militaires françaises. La France, défiée, a torpillé le Mali en quête de liberté et d’autonomie. La coopération avec le bloc de l’Est fut interprétée, selon le jeu des alliances de l’époque, comme une trahison qui n’allait pas rester impunie…’’
Les régimes qui se sont succédé depuis la chute de Modibo Kéïta ont aussi fait de plonger le pays dans une situation socio-économique indescriptible. Amadou Seydou Traoré, l’une des rares figures emblématiques du mouvement de libération nationale encore vivant, a eu l’ingénieuse idée d’intituler l’un de ses livres ‘’ Du Cmln à l’Udpm : 23 ans de mensonges’’.
Malgré de grands travaux entrepris depuis la chute du régime militaire, nos compatriotes continuent de croire que l’alternance politique a plutôt servi à ‘’légitimer et à consolider les mécanismes de prédation et de paupérisation du peuple malien’’. Car vingt ans après l’instauration du multipartisme, socle de notre démocratie, ils sont nombreux les Maliens qui se plaignent d’injustice.
Cinquante-et-un ans après l’indépendance, le Mali ne peut pas décider comme il veut. Car le citoyen moyen continue de croire que tout est décidé à l’extérieur notamment en France. En cette année préélectorale, certains pensent que le jeu est déjà fait car la France impérialiste semble avoir choisi son cheval favori pour mettre la gestion du pays de Modibo Kéïta sous sa tutelle.
Cinquante-et-un ans après l’indépendance, la France, surtout celle de Nicolas Sarkozi, continue toujours de se comporter envers le Mali comme si notre pays était l’une de ses sous-préfectures. Faut-il pourtant accuser la France colonialiste dont la rancune est tenace ? Non ! La faute incombe plutôt aux espèces d’élites qui sont toujours prêtes à trahir leur patrie.
Notre économie est sous domination étrangère. Ils se sont servis de notre sang, de nos sueurs, de nos larmes, de notre misère, des fruits de nos labeurs, pour s’enrichir. Cinquante-et-un ans après le départ du colonisateur, les Maliens continuent à se lamenter en implorant Dieu afin qu’Il vienne les sauver. Mais, qu’on se le tienne pour dit, Dieu ne viendra jamais nous sauver, si nous ne prenons pas nous-mêmes notre destin.
Par Chiaka Doumbia
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