Voilà la question qui taraude les esprits à l'issue du débat du jeudi soir 19 juillet dernier sur la radio Klédu. Ayant pour thèmes : "quel appui pour le gouvernement de transition, quel sont ses pouvoirs et ses limites, pourquoi devons-nous tous l'aider?" les acteurs de la crise malienne n'ont pu encore, une fois accorder leurs violons pour une sortie de crise. Certes, Il y a eu des convergences de vue, mais une divergence fondamentale subsiste malgré tout au sujet du choix du président de la transition. D'où la question e de savoir si le gouvernement d'union nationale préconisé par la CEDEAO sera-t-il une solution de sortie de crise.
Pour ce débat du jeudi 19 juillet 2012, Klédu, une radio de référence en matière de débat démocratique et d'éveil de conscience pour les cause nobles, a fait appel au Dr. Adama Traoré, président du Forum de la société civile, Seydou Djimdé (président de la jeunesse Parena), Dr. Amadou B. Sy (Cnid/Fyt), Cheick Oumar Koné (Cnas/Faso-Hèrè), Tiégoum Boubèye Maïga (Groupement patronal de la presse) et Younouss H. Dicko (Copam).
Durant deux heures d'horloge, les invités ont passé au crible le bilan des trois mois du gouvernement Cheick Modibo Diarra. Ils ont donné leurs points de vue sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, l'implication de la Cédéao, les solutions de sortie de crise. A propos de ce dernier point, les invités ont laissé apparaitre des divergences fondamentales qui font planer des doutes sur l'utilité du gouvernement d'union nationale prôné par la CEDEAO.
En effet, lors de son sommet du 7 juillet dernier à Ouaga sur la crise malienne, les chefs d'Etat membres du groupe de contact de la CEDEAO ont soutenu la demande des forces vives du Mali et de la classe politique et de la société civile en les invitant à procéder à des consultations et à formuler au Président de la République par intérim des propositions en vue de la formation avant le 31 juillet 2012 d'un gouvernement d'union nationale chargé de la mise en œuvre d'une feuille de route de sortie de crise.
Comme on peut le remarquer, la CEDEDO soutient que le gouvernement d'union nationale doitse former autour de l'actuel président de la transition, Dioncounda Traoré. Or, la Copam et ses alliés politiques dont l'alliance IBK 2012 disent ne pas reconnaitre Dioncounda Traoré comme président de la transition. L'un de ses leaders, Younouss Hamèye Dicko va jusqu'à soutenir que "
le poste de président de la République est vacant depuis la fin des 40 jours du président par intérim". Pour lui, "
les acrobaties de la Cédéao ne changeront rien. Nous voulons une solution nationale. Il n'y a pas de solution tant que le peuple n'a pas la parole".
En effet, l'ancien ministre de l'enseignement supérieur sous le président Alpha Oumar Konaré ignore que c'est l'actuel Premier ministre, Cheick Modibo Diarra que sa coalition soutient avec toute son énergie, qui a exclu le peuple malien en procédant à la formation d'un gouvernement partisan, sans procéder à de larges consultations nationales comme indiqué dans l'accord cadre du 6 avril 2012 entre la CEDEAO et le défunt CNRDRE. C'est pourquoi, la classe politique dont la COPAM, ainsi que la société civile a dénoncé l'actuel gouvernement qu'elle a qualifié, à juste titre, d' "
un gouvernement de parents et de copains". Dans son aversion contre la CEDEAO, le président du RDS, un parti de très faible envergure, pour ne pas dire qu'il n'existe que de nom, a même qualifié "
les pratiques de la CEDEAO de maladroites vis-à-vis du peuple malien". Amadou Sy, Adama Traoré ont également abondé dans le même sens que lui en accusant la Cédéao d'ingérence dans les affaires du Mali. Pour le premier, "
la faiblesse du gouvernement actuel est due au fait qu'il dépend de l'extérieur". Heureusement que Tiégoume Boubèye Maïga était là pour faire savoir à l'ancien ministre de l'enseignement supérieur que
"la Cédéao est dans ses droits d'intervenir dans tout pays membre en difficulté comme le stipulent les textes de l'institution sous-régionale".
Concernant le bilan des trois mois du gouvernement Cheick Modibo Diarra, presque tous les invités étaient d'accord pour une réouverture de l'actuelle équipe à d'autres compétences afin qu'elle puisse faire face aux priorités du moment à savoir la reconquête de l'intégrité du territoire et l'organisation des élections crédibles.
A ce sujet, notre confrère, directeur de publication de «
La Nouvelle République», Tiégoume Boubèye Maïga a déclaré que, «
la formation d'un gouvernement d'ouverture est aujourd'hui un impératif, car ce gouvernement n'est pas à la hauteur malgré qu'il compte des hommes de valeur.
Le Mali a connu un président indépendant pendant dix ans, il ne faut pas qu'on ait un gouvernement apolitique indépendant» dans la mesure où on ne doit pas et on ne pas former un gouvernement pour diriger les affaires publiques sans les partis politiques. Dr Seydou Djimdé de la jeunesse PARENA de son côté a soutenu qu'il "
faut un chef de gouvernement qui a une bonne connaissance du Mali, de l'administration et de l'Etat pour mener le Mali à bon port". En d'autres termes, il préconise le départ de l'actuel chef du gouvernement, Cheick Modibo Diarra qui a démontré une certaine inculture dans la gestion des affaires publiques, pour faire place à un gouvernement d'union nationale autour de Dioncounda Traoré, le président de la transition reconnu par la majeure partie des regroupements significatifs du Mali.
Pour une sortie de crise, Younouss Hamèye Dicko, tout comme d'ailleurs son regroupement, la Copam, préconise "
une conférence nationale dite souveraine" pour désigner le président de la transition. Heureusement que le ridicule ne tue plus au Mali. Sinon comment peut-on parler de
"conférence nationale souveraine" dans un pays dont les deux tiers sont encore sous occupation ?
Ainsi au regard de la divergence fondamentale entre les acteurs au sujet du président de la transition, la formation d'un gouvernement d'union nationale d'ici le 31 juillet 2012 sera-t-elle la solution à la grave crise identitaire qui secoue le Mali depuis le malheureux coup d'Etat du 22 mars 2012 ?
Alassane DIARRA