Questions orales à l’Assemblée nationale : L’Agriculture et la Sécurité en vedette

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Étaient inscrites à l’ordre du jour de la séance plénière d’hier de l’Assemblée nationale des questions orales adressées au ministre de l’Agriculture, Dr Nango Dembelé et à son collègue de la Sécurité et de la Protection civile, général Salif Traoré. Les travaux étaient dirigés par le président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Issaka Sidibé. C’était en présence du ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raky Talla.

C’est le député élu à Niono, Amadou Araba Doumbia qui a été le premier à ouvrir «les hostilités», en adressant une série de questions orales au ministre de l’Agriculture se rapportant aux subventions accordées sur les engrais pour nos paysans. De l’avis du député, la gestion des engrais n’est pas satisfaisante. L’Honorable Amadou Araba Doumbia note un manque de professionnalisme du département de l’Agriculture dans la gestion de cette question. De plus, il dira que ce sujet sent la magouille, l’opacité, le clair-obscur, l’arnaque…

Dans ses réponses, le ministre de l’Agriculture a démenti les accusions portées par le députés quant à la question relative aux subventions des engrais, ajoutant que son premier objectif est la défense de l’intérêt du paysan malien. Dr Nango Dembelé a expliqué que pour la campagne agricole passée, les superficies totales emblavées s’élevaient à environ 6. 498.408 ha, avant de donner des détails sur la procédure suivant laquelle sont gérées les subventions. Se prononçant sur les critères qui ont prévalu au choix des sociétés pour la gestion des subventions, le ministre a mis en avant l’ancienneté, la capacité financière et l’occupation du terrain. En outre, il a assuré que des progrès ont été faits en termes de contrôle de qualité par rapport aux années passées. Dr Dembelé a indiqué que la qualité de l’engrais s’est beaucoup améliorée au cours de la dernière campagne agricole et que cela va continuer. Il a annoncé que l’utilisation de l’électronique, par rapport à la gestion de l’engrais, est envisagée, avec néanmoins quelques éventuels aléas.
Appelé à se prononcer sur le montant des subventions relatives aux engrais de la campagne 2017-2018, le chef du département de l’Agriculture a confié que ce sont 48, 3 milliards F CFA qui étaient prévus dans le plan de campagne initial. Mais, a-t-il noté, c’est le montant d’un peu plus de 36 milliards F CFA qui a pu être mobilisé.

Juste après, ce fut au tour du député élu à Yélimané, Ahamada Soukouna d’adresser des questions orales au même ministre de l’Agriculture, cette fois-ci sur la situation de l’insécurité alimentaire au Mali. Selon le député, plus de deux millions de personnes sont en proie à l’insécurité alimentaire dans notre pays. Il a donc formulé une série de questions à l’endroit du ministre concerné.

D’entrée de jeu, Dr Nango Dembelé a reconnu que la campagne agricole écoulée a donné des résultats mitigés selon les localités, assurant toutefois qu’il y a suffisamment de céréales dans le pays. Et le ministre de déclarer que la hausse du prix des céréales s’explique par le fait que certains pays voisins se soient rabattus sur le Mali. Il a dit qu’à ce jour, notre pays a un peu plus de 16.000 tonnes de céréales en stock. S’exprimant sur la manière de répartir, il a détaillé que la priorité sera donnée là où le besoin se fait le plus sentir, avant d’indiquer que le processus commence par les enquêtes du système d’alerte précoce (SAP) qui sont validées d’abord au niveau cercle, ensuite régional, puis national. Ainsi, il a souligné que chaque personne a droit à 230 kg/an, estimant que c’est une aide de l’Etat pour confirmer la solidarité nationale à l’endroit des populations vulnérables. Sans oublier l’apport de certains partenaires du Mali.
Donnant des assurances au député Soukouna, Dr Nango Dembelé a promis que la situation va s’améliorer dans les semaines à venir. Sur le cas spécifique du Cercle de Koro, soulevé par l’élu de la nation, le ministre a soutenu que dans le cadre de la stabilisation du Nord, les militaires procèdent à la distribution de vivres, soulignant que le gouvernement a pris à bras-le-corps le problème. La dernière séquence de questions orales concernait le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré. Ces questions qui se rapportaient à la carte biométrique et au cas des fonctionnaires diplômés de la police nationale, ont été soulevées par l’Honorable Oumar Mariko, élu à Kolondièba. Sur le premier point, l’élu a demandé au ministre de la Sécurité le motif de l’annulation de la notification provisoire qu’il a adressée à l’entreprise «Cissé Technologie» le 26 août 2016. A cela se sont greffées d’autres questions connexes sur le même sujet.

En réponse, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a, de prime abord, précisé qu’il n’y a pas eu de contrat entre son département, le ministère de l’Economie et des Finances, celui de la Solidarité avec l’entreprise «Cissé Technologie». «Nous étions au début d’une procédure qui a été arrêtée. Le motif est d’ordre économique et financier, il n’y a pas eu d’accord sur le prix», a-t-il expliqué. En effet, selon le général Salif Traoré, il y a eu beaucoup de propositions de prix, justifiant que vu toute la lenteur qu’il y avait dans les discussions, vu le fait que le Mali était sur le point d’être le premier pays à avoir cette carte d’identité dans l’espace CEDEAO, les autorités ont décidé d’arrêter la procédure. «Cela aussi, en conformité avec l’article 61 du décret n° 2015 du 25 septembre 2015 portant Code des marchés publics qui stipule que l’autorité contractante peut décider de l’annulation de la procédure d’offre», a laissé entendre le ministre Traoré. Avant de souligner que cette annulation n’a rien à voir avec les élections à venir.

Sur le second point, le ministre a confié que «pas plus tard que mercredi dernier», il était avec les cinq syndicats de la police. Il a porté à la connaissance des députés que des discussions sont en cours, dans une bonne atmosphère. Sur le cas des fonctionnaires diplômés de la police nationale, le général Traoré a indiqué qu’il n’y a pas d’accord sur le nombre exact et il y a même un groupe qui est au niveau de la Cour suprême. Il a ensuite fait la genèse de cette sensible question, rappelant que de 2006 à 2010, il y a eu un nouveau Statut avec ses décrets d’application et qu’en 2017 le décret de 2006 a été abrogé. Malgré cela, a fait savoir le ministre, certains continuaient à réclamer. «Nous avons dit que nous ne pouvons pas avoir une police nationale où nous avons plus de commissaires, plus d’inspecteurs que de sous-officiers. Nous avons pris nos responsabilités, et nous avons dit que nous allons revenir au concours professionnel», a-t-il martelé.

Le ministre a rappelé que son département a eu des négociations très avancées avec le syndicat. Ces négociations ont permis, au dernier concours professionnel, de faire un Arrêté consensuel qui a satisfait tout le monde.
«Au vu de la loi de programmation de la sécurité, votée par l’Assemblée nationale, nous sommes contraints de recruter chaque année 2.000 personnes. Je crois que le gouvernement fait des efforts, et ce sont ces efforts qui jouent contre nous, car chaque agent que l’on prend, ça a un coût (formation, salaire etc)», a conclu le général Traoré.

Massa SIDIBÉ

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