Infos ou intox : Où sont passés les amis ?

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On dit que c’est dans le malheur qu’on reconnaît ses vrais amis. Ceux-ci se manifestent sans hypocrisie et sans fioritures, ne donnent pas des conseils bidons, ne font pas la morale vaine, ne se mêlent pas des affaires des autres. Un de ses vrais et rares amis, c’est la Suisse qui, dans le cadre de la coopération technique, vient de promettre 41 milliards de FCFA pour la période 2012-2015 (L’Indépendant, 06 février). Le représentant du Gouvernement a affirmé avoir confiance en la Confédération helvétique.
Mais pendant ce même temps, prenant part à la cinquantième session de la Commission du développement social des Nations unies à New York, le ministre malien en charge de la question, selon Le Progrès du 09 février, invite les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement.
Le ministre Harouna Cissé, à l’instar de l’ensemble des membres du Gouvernement et des populations, se rappelle les 23 et 24 mars 2007 à Kidal. Ce jour, plusieurs partenaires techniques et financiers, avec en tête l’ancien colonisateur et actuel pyromane, avaient promis, lors d’un Forum, d’aider le Mali à boucler le financement du Programme décennal de développement des régions du nord (PDDRN). Les participants avaient même cru qu’après leurs discours mielleux, les PTF allaient dès le lendemain décaisser les fonds nécessaires à la mise en œuvre du plan d’action prioritaire prévoyant 39 projets et programmes pour un coût global de 560 660 milliards FCFA. Les fonds se font toujours désirer. Les actions sont restées au stade de papiers. Et les autorités font les frais de la vindicte populaire.
L’une des causes des crises récurrentes dans le Nord-Mali est justement liée à l’incapacité de tenir les promesses faites aux populations. Celles-ci ne peuvent pas comprendre que le président de la République en personne promet des puits pastoraux à grand diamètre, l’adduction à l’eau potable, des centres de santé communautaire, des écoles, des équipements marchands, des parcs de vaccination, et qu’il ne puisse pas honorer ses engagements dans des délais raisonnables. Elles ont raison, ces populations, parole de président parole d’oracle.
Seulement, les présidents non plus ne comprennent pas que de «grands» pays fassent des promesses et que cela soit des paroles en l’air, de la fumée d’écran, des déclarations d’intention. De sorte que quand ils entendent la bonne parole, ils s’empressent de la vulgariser et d’aiguiser l’appétit d’une population qui attend toujours qu’on lui vienne à l’aide pour le moindre de ses petits besoins.
Le gouvernement sera bien et mieux inspiré de dire à la population de ne pas croire à tout ce qu’elle voit à la télévision. Une promesse de coopération technique et de subvention ne veut pas dire que les fonds sont disponibles immédiatement et que tout le monde aura à boire et à manger dès le lendemain de la signature. Le décaissement, dans bien de cas, n’a lieu que des mois, voire des années plus tard. Et encore, il n’a lieu qu’avec parcimonie, surtout si le «généreux» donateur est un pays comme la France dont les «irresponsables» sont sans cesse détrempés ou mouillés par des «affaires», et qui peine à juguler une crise financière et économique qui a déjà coulé quelques pays européens.  En plus, le décaissement prendra d’autant plus de retard que le pétrole tardera à jaillir du sous-sol. Bien sûr, on a de l’or, mais ça ne fait pas tourner les turbines et les centrales. On a également du coton, mais cela n’intéresse plus grand-monde depuis que les Asiatiques en promettent à peu de frais. Et la mangue? Elle n’est pas bio et donc ne coûtera pas cher, surtout qu’elle sera produite maintenant en usine et traitée industriellement. Sa production est destinée exclusivement à l’exportation, et l’usine est exonérée de toute taxe et de tout impôt pendant trente ans.
Autant donc que les populations comprennent que tout n’est pas acquis d’emblée. Certains décaissements prennent des lustres. Pas ceux qui viennent des efforts locaux, heureusement. Comme ce député qui, ému des souffrances et brimades de nos bidasses englués dans le nord pendant longtemps, a décidé de leur venir en aide. A lire La Nouvelle République (jeudi 9), Belco Ba a offert à l’Armée nationale, le 3 février, trois tonnes de riz et la somme de 500 000 FCFA.
On attend des autres députés qu’ils rendent ainsi à l’Armée ce que le peuple leur consent en faramineuses indemnités.
Cheick Tandina

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1 commentaire

  1. Sur la question ATT n’est plus central,les intitutions du Mali et les hommes charges de leur application ont failli…Ces gens n’ont absoluement rien a dire,seul le NORD beneficie du favoritisme flagrant des gouverments successessifs…..Enough is enough…!!! 😐

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