Le livre : ‘’les rebellions au nord du Mali, Des origines à nos jours’’ : Les causes réelles des rébellions répétitives en 452 pages !

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Dr Choguel Kokala Maïga, président du Mouvement patriotique pour le Renouveau (MPR)
Dr Choguel Kokala Maïga, président du Mouvement patriotique pour le Renouveau (MPR)

Co-écrit par Choguel Kokalla Maïga et Issiaka Ahmadou Singaré, le livre ‘’LES REBELLIONS AU NORD DU MALI, Des origines à nos jours’’ a été  officiellement lancé et dédicacé, le jeudi 28 juin à la Maison de la Presse.  L’ouvrage fait un diagnostic objectif  des rébellions  répétitives que le Mali a été confronté de son indépendance à nos  jours. L’éclat de cette cérémonie a été rehaussée par la présence de nombreuses personnalités, dont le président du Haut Conseil des Collectivités Térritoriales, Mamadou Satigui Diakité, l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, Pr Alioune Nouhoun Diallo et du représentant de la CEDEAO au Mali, S.E Cheaka Aboudou Touré, ainsi que d’un grand public composé des cadres et militants du MPR et universitaires.

« Il ne s’agit pas d’un traité d’histoire, mais une réflexion nourrie par les données de l’histoire » c’est en ces termes que le Pr Issiaka Ahmadou Singaré a corroboré son propos liminaire pour faire le résumé de ce   livre de 452  pages, Co-écrit par lui et   Dr Choguel Kokalla Maïga.

Selon  le Pr Singaré, pour écrire cet ouvrage, ils ont travaillé en liant deux hypothèses : la première est que le Soudan français devenu par la suite République du Mali, contrairement à ce que l’on essaye à faire croire n’est pas une conception artificielle. Il est la reconstitution pré partielle de reste, d’une entité politique qui a eu à exister par le passé.

La deuxième hypothèse relève du fait que leur documentation les ont permis de comprendre qu’en réalité, de 1960 à nos jours, il y a eu des rébellions Touareg. Mais des rébellions de quelques éléments appartenant à une tribu touareg férocement attachée à des intérêts féodaux.

Parlant des rébellions Touaregs, le Pr Singaré dira qu’il en a rien eu.

Par rapport à la première, celle 1963, que les Touareg de la région appellent le banditisme d’honneur, a été menée par un jeune homme qui voulait laver l’honneur de son père dans le sang. Lequel commis des infractions contre lesquelles l’armée a été utilisée.

« En 1990, la rébellion qui sait passée était des Touareg, mais par quelques jeunes gens à l’extérieur du pays, qui sont venus commettre des actes terroristes dont l’armée a été mobilisée pour reconstruire » a-t-il fait savoir. Et de préciser que ceux qui ont voté en 1989  pour l’indépendance de l’Azawad, n’étaient que 8 personnes   à Paris. Ces derniers, selon le Prof Singaré se sont penchés sur trois options: autonomie, fédération ou indépendance.

« Cinq votent pour l’indépendance et les trois se rallient » révèle-t-il.

L’erreur de rejeter les concessions des accords de Tamarasset !

Toujours selon lui après une mauvaise gestion des accords de Tamarasset,  les rébellions sont devenues récurrentes : « parce que après 1991 qu’est ce qui s’est passé, c’est la déliquescence de l’Etat qui a commencé, l’Etat s’est affaibli, l’Etat s’est débarrassé de son Armée » a-t-il dit. Et d’ajouter que la conséquence a été que le premier adversaire qui est venu, il a mis à bas l’Etat. Ce  qui a obligé d’aller à des négociations à valise ouverte jusqu’à ce que le pays a été mis sous tutelle de la communauté internationale.

Quant à Dr Choguel Kokalla Maïga, après avoir remercié les uns et les autres pour l’importance qu’ils accordent à cet événement et l’enthousiasme que ce livre a suscité chez eux, est revenu sur les circonstances qui les ont poussés  d’écrire ce livre. «  L’idée d’écrire ce livre s’est installée dans nos esprits à la suite de l’effondrement de l’Etat dans le premier semestre de 2012 » a déclaré Dr Maïga. Il dira que la dédicace de ce livre est d’abord pour tous ceux qui sont tombés pour la patrie.

En introduction, selon toujours Dr Maïga, leur  première analyse a été le fait de concevoir que si la rébellion perdure, c’est par ce qu’on a fait un mauvais diagnostic de la maladie. Pour ce faire, afin de faire un diagnostic pédagogique, dira-t-il, leur première option a été de prendre l’essentiel des arguments et des développements des théoriciens du séparatisme. C’est-à-dire ceux qui prônent que le Nord du Mali c’est la terre des Touaregs et la France est venue trouver qu’ils commandaient cette terre, au moment que les français partaient, les Touareg ont demandé de ne pas être rattachés au reste du Mali. « Cela comme si la France a commis une erreur à ne pas leur  donner leur Etat, donc  c’est cette faute que la France corrigerait c’est pourquoi, elle les soutiendrait » a explique le Dr Choguel.

Un diagnostic contre une lecture erronée des causes des rebellions

Le deuxième argument souligné par Dr Choguel développé dans le livre, va à l’encontre de la théorie que le nord était délaissé, sans développement. Et délibérément les populations du nord notamment les Arabo-berbères ont été soumises à une répression sauvage pour exercer le génocide contre eux. Marginaliser, c’est pourquoi ils ont pris les armes.

Il a fait une brève lecture des rébellions depuis l’indépendance du Mali en 1960 à nos jours,  et la gestion de ces rébellions par la première et la deuxième République jusqu’à 1991 avec la troisième République.

« Les présidents à partir de 1991 ont eu une lecture erronée des causes  de la rébellion. Mauvais diagnostic, mauvaise prescription, les conséquences le malade au lieu de guérir est tombé dans le comma » a déclaré Dr Choguel Kokalla Maïga. Et de dire qu’avec cette situation le pays a perdu sa souveraineté, pour se retrouver dans les mains de la communauté internationale.

A noter que lors de cette cérémonie de lancement et dédicace du livre ‘’LES R2BELLIONS AU NORD DU MALI’’, le public a eu droit à des témoignages et contributions d’éminentes personnalités, dont le Pr Alioune Nouhoun Diallo, qui a expliqué pourquoi à son temps l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré a dit que la « rébellion est d’essence démocratique ». Selon lui cela s’explique par le simple fait que tout le monde était insurgé contre la dictature de la 2ème République.

Quant à l’ancien Premier Ministre, Ousmane Ioussoufi Maïga, il a remercié le président du MPR pour cette démarche scientifique, avant de promettre après lecture de donner ce qui est de la contribution de son mouvement, Ir GANDA.

Les auteurs ont promis dans les jours à venir de remettre une copie de ce livre à tous les acteurs de la crise malienne, les notabilités, les représentants des mouvements armés et les ambassadeurs des pays qui concourent au retour de la paix au Mali.

Ce livre déjà qui s’arrache comme du petit pain est disponible dans les différentes librairies, dont celle du Grand Hôtel et au siège du pari MPR.

Par Jean Joseph Konaté

‘’Rébellions au Nord du Mali des origines à nos jours’’ :

Ce qu’il faut savoir !

Rébellions au Nord du Mali des origines à nos jours n’est pas un traité d’histoire. Il s’agit d’une réflexion éclairée par les données de l’histoire menée par deux responsables du MPR, Choguel Kokalla Maïga et Issiaka Ahmadou Singaré. Sa source d’inspiration se situe dans les processus ayant conduit à l’effondrement de l’Etat dans le courant du premier semestre de 2012 qui a mené l’Etat malien à signer un « Accord de paix et de réconciliation » avec des rebelles sous l’égide d’une médiation internationale. Le processus fut marqué par la production d’une série de textes. La comparaison entre le contenu de ces documents et ceux produits antérieurement, de 1960 à 1990, sur les rébellions au Nord du Mali, les a convaincus que la voie adoptée pour aboutir à la paix et à la réconciliation peut déboucher sur le contraire de l’effet escompté. Si l’on ne fait pas un bon diagnostic des causes des rebellions récurrentes.

Ils ont donc choisi de revisiter l’histoire  pour cerner les différents contours d’une sédition récurrente. Le texte comporte au total dix-sept chapitres susceptibles d’être répartis entre quatre subdivisions : les données de l’histoire du VIIè au XIXè siècle, le tournant de la décennie 1950, la gestion des rébellions de 1960 à 2014, l’internationalisation de la question du Nord du Mali.

Les données de l’histoire du VIIè au XIXè siècle

A travers les trois premiers chapitres du livre, les auteurs situent le lecteur dans l’espace et dans le temps. Remontrent aux sources de l’histoire, au VIIè  siècle, ils mettent en exergue trois réalités occultées de nos jours : la rencontre et le métissage entre les Sonrhaïs venus du Dendi et des Berbères originaires du Yémen ; la rencontre entre les Oasiens, les Bellahs,  premiers occupants de la terre, et les Touaregs ; la coexistence entre Arabo-Berbères et Négro-Africains au sein des empires du Ghana, du Mali et du Songhoï sous l’autorité des souverains noirs.

Au XVIè siècle, une invasion marocaine met fin à l’existence de l’empire songhoï. Elle est suivie de trois siècles d’anarchie. Les Touaregs, les Arabes et  les Maures se rendent maîtres du Fleuve. Cependant, leur domination est plus de prélèvement que d’administration. Leur hégémonie est contestée, d’abord, par les Peuls de la Dina d’Hamdallaye avec Cheikhou Ahmadou et son fils Ahmadou Cheikhou ; ensuite, par les Toucouleurs sous les ordres d’El Hadj Omar.

A partir de 1893, les Français arrivent aux portes de Tombouctou et entament la conquête de la Boucle du Niger. Celle-ci est réalisée en trois étapes avec, successivement, la prise de Tombouctou, la soumission des Touaregs du Fleuve, la marche vers Gao et la confrontation avec les Oulliminden Kel Attaram. Comme dans le Sud, contre Mamadou Lamine Dramé, Ahmadou Cheikhou Tall, Samory Touré, Babamba Traoré, El Hadj Bougouni Ba, au Nord, les colonialistes se heurtent à une forte résistance, subissent de cuisantes défaites comme celle de Taquinbawt (Tacoubao).

La résistance est, d’abord, celle des seuls Touaregs, Arabes et Maures avec des chefs comme Cheibboun Ag Fondagomo, Mohamed Ahmed Ansari (Ingonna ou N’Gouna), Abidine-al-Kounti. Elle sera, par la suite, celle des Touaregs appuyés par les Sonrhaïs dont bon nombre connaîtront des exécutions sommaires, des massacres de masses à la mitraillette, des déportations. La dernière figure de la résistance touarègue est celle de Firhoun Ag Allinser. Fidèle à sa politique du « diviser pour régner », le colonialiste arme et monte les fils du pays, les uns contre les autres : Ingonna et Firhoun sont trahis avant d’être assassinés, Abidine-al-Kounti est contraint à l’exil et à l’errance.

La France met sa présence à profit pour semer les germes de la marginalisation des Arabo-Berbères et de la discorde entre eux et les populations négro-africaines. Les premiers sont soumis au régime de l’administration indirecte, incités à ne pas inscrire leurs enfants à  l’école, dispensés du service militaire. Pire, il leur est enseigné, par le colonisateur, qu’ils sont supérieurs aux populations noires.

Poussant plus loin, la France, avec la Convention de Bourem du 15 septembre 1907, affranchit les Kel Adagh de la vassalité vis-à-vis des Oulliminden et des Kountas, les autorise à se constituer en confédération et leur reconnaît un statut particulier sur l’Adrar des Ifoghas qu’elle leur octroie pour les récompenser des services rendus à la colonisation. Les causes des rébellions récurrentes venaient d’être créées.

Le tournant des années 1950

Ces causes seront amplifiées par la suite. Dans le chapitre quatre, les auteurs centrent la réflexion sur trois événements majeurs de la seconde décennie des années 1950. En effet, le 23 juin 1956, le 10 janvier 1957 et le 24 novembre 1958 peuvent être considérées comme des dates charnières dans l’évolution du Soudan Français vers l’émancipation et l’indépendance.

La première est celle de la promulgation de la Loi Cadre grâce à laquelle la colonie acquiert une semi-autonome. La seconde est celle de l’adoption de la loi portant création de l’Organisation des Régions Sahariennes (OCRS) elle se voit confrontée à une tentative d’amputation de son territoire. La troisième est celle de l’accession du Soudan Français à l’indépendance dans le cadre de la Communauté Franco-Africaine.

La Loi-Cadre dote le Soudan Français d’une Assemblée Territoire et d’un conseil de gouvernement. Tout en restant citoyens de la République Française, une et indivisible, les Soudans sont appelés à gérer leurs affaires domestiques avec la possibilité d’interpréter les lois votées par l’Assemblée Nationale. Dans le même temps, la France a le souci de rester une grande puissance grâce à l’apport de son outre-mer. Or, elle vient de découvrir dans ces territoires sahariens qui s’acheminent vers l’indépendance, d’énormes ressources énergétiques et minières. Aussi conçoit-elle l’idée de regrouper en une entité politique ce qu’elle nomme, déjà, « le Sahara des derricks » par allusion aux champs de pétrole.

Les responsables soudanais, toutes tendances politiques confondues, du PSP comme de l’US- RDA, se mobilisent contre le projet. Ils se déclarent en faveur d’une OCRS économique ; unanimement, ils rejettent l’idée de la création d’une nouvelle entité étatique. Les responsables de l’US-RDA, à l’époque détenteurs du pouvoir parce que majoritaires à l’Assemblée Territoriale, ne ménageront aucun effort pour maintenir l’unité et l’intégrité du Territoire soudanais. Sur ce point, ils ne se heurtent pas seulement au projet français, ils se heurtent également aux velléités séparatistes de certaines personnalités, des Touaregs, des Maures et des Arabes avec, comme instigateurs, le Kounta Badi Ould Hamoadi, le Bérabiche Mohamed Mahmoud Ould Cheikh, le Kel Antassar Mohamed Aly Ag Attaher Insar. Ces derniers prônent la séparation d’avec le reste du Soudan et le rattachement du Nord du Mali, soit à la Mauritanie, soit au Maroc ou à une entité étatique qui resterait française. Leur influence se fait surtout sentir sur les bords du Fleuve. Et elle est très loin d’être forte car, consultés, neuf chefs de tribu dont ceux de Gao, de Tombouctou et de Kidal, tout comme les chefs de tribu de Ménaka se disent favorables à l’indépendance dans un cadre unitaire.

Le projet français de partition du Soudan Français échoue ainsi. Dès la première session de l’Assemblée Territoire en 1957, il est rejeté par les Conseillers territoriaux. L’accession à l’’indépendance est immédiatement suivie du départ des Français remplacés par des cadres soudanais dont Bakara Diallo, nommé commandant du cercle de Gao, Mohamed Ould Najim, chef de la subdivision de Kidal, Mohamed Mahmoud, chef du poste de Tessalit.

Gestion des rébellions au Nord du Mali de 1963 à 2015

Les chapitres cinq à douze traitent des rébellions sous les différents chefs d’Etat qui se sont succédé au pouvoir de 1960 à 2018.

Modibo Keïta n’a pas eu affaire à une rébellion proprement dite, mais à ce qui, dans l’Adrar des Ifoghas était connu sous le nom de « banditisme d’honneur ». Des moyens appropriés sont utilisés pour le circonscrire. Mais la répression laissera des séquelles encore vécues dans la douleur par des originaires de l’Adagh. Avec l’appui du Maroc et de l’Algérie, les instigateurs du soulèvement, Zeyd Ag Attaher et Mohamed Aly Ag Attaher Insar sont arrêtés. Déclenché dans le courant du mois de mai 1963, la « rébellion » prend fin en septembre 1964.

Sous Moussa Traoré, de jeunes Touaregs exilés en Libye s’organisent en un mouvement politico-militaire, le Mouvement Populaire de Libération de l’Azawad (MPLA) et déclenchent, le 29 juin 1990, ce qui est passé dans l’histoire sous la dénomination « deuxième rébellion touarègue ». En moins de trois mois, l’Armée nationale arrive à bout des rebelles. Le pouvoir accepte de les écouter pour connaître les motivations de leur acte envers la patrie. Il s’ensuit les négociations de Tamanrasset avec la signature d’un « accord de cessez-le-feu », le rejet de l’indépendance et de la fédération, la reconnaissance d’un « statut particulier défini par la loi ».

Sous la Transition, après la chute de la IIè République, Amadou Toumani Touré passe outre les dispositions de l’Accord de Tamanrasset et confie la gestion du problème posé par la rébellion à des étrangers. Profitant de la déliquescence de l’Etat, les rebelles reprennent les armes. Après une série de pourparlers, tantôt sur le territoire national, tantôt hors du territoire national, un document est signé : le Pacte National. Il consacre le statut particulier du Nord du Mali, mais ne parvient pas à restaurer la paix. Les engagements souscrits se révèlent impossibles à satisfaire et le MPLA, devenu entre temps MPA, éclate en plusieurs fractions antagonistes.

Aussi, lorsqu’Alpha Oumar Konaré accède au pouvoir, le Nord du Mali est-il livré au banditisme et à un début de guerre civile, les communautés noires ayant choisi de s’organiser en milices d’auto-défense pour remédier à la carence de l’Etat. Des rencontres intercommunautaires ramènent la paix. Le pouvoir récupère le mouvement et organise la cérémonie de la Flamme de la Paix.

De nouveau, la situation se dégrade en 2006, avec une mutinerie qu’Amadou Toumani Touré n’arrive pas à circonscrire. Il signe avec les rebelles l’Accord d’Alger et se désengage, pratiquement, du Nord du Mali. La région est alors livrée aux trafics de toutes sortes. Des Salafistes chassés d’Algérie en profitent pour s’y installer et e jeunes Touaregs pour créer le MNA. De nouveau, des mercenaires ayant combattu en Libye retournent au Mali. Leur jonction avec le MNA donne naissance au MNLA. La rébellion reprend et, avec l’appui des Salafistes d’AQMI, du MUJAO et d’Ansar Eddine, finira par triompher. Amadou Toumani Touré est renversé. L’unité du peuple malien et l’intégrité de son territoire sont remises en gauche.

A Bamako, avec la caution de la CEDEAO, une Transition est instaurée, un pouvoir militaro-civil se met en place avec Amadou Aya Sanogo, Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra. Dans le Nord, rebelles et salafistes se taillent des fiefs. Le MNLA exerce son autorité sur Tombouctou et Gao où il cohabite avec le MUJAO. Ansar Edddine se rend maître de Kidal. La situation ainsi créée n’est pas pour déplaire à certains milieux français qui, enfin, saisissent l’occasion de provoquer la partition du Mali.

La CEDEAO se substitue à l’Etat malien et parvient à faire signer, avec les rebelles, un « Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix. » Grâce à cette signature, la présidentielle et les législatives sont organisées sur l’ensemble du territoire national.

L’internationalisation de la question du Nord du Mali

Les cinq derniers chapitres sont consacrés au glissement du dossier des mains de la CEDEAO et de l’UA à celles de la communauté internationale.

S’étend placé hors de la dynamique de réconciliation nationale, Ansar Eddine suspend sa participation aux négociations de Ouagadougou et reprend les hostilités. Avec l’appui des groupes salafistes, elle projette, depuis Konna, une percée vers le Sud. L’existence du Mali en tant que nation, comme les intérêts français, tant au Mali qu’en Afrique Occidentale, se trouvent menacés.  A la demande du président de la Transition, avec un mandat du Conseil e sécurité, la France intervient en déclenchant l’opération Serval. Tombouctou et Gao sont libérées, mais les troupes françaises interdisent l’accès de Kidal à l’armée malienne.

Avec cette interdiction, la rébellion au Nord Du Mali devient « la guerre de la France au Mali ». La CEDEAO est écartée de la gestion du conflit, tout comme l’Union Africaine. Le mandat du Conseil de Sécurité est outrepassé. La France débarque des troupes au sol, se fait appuyer par des contingents venus du Tchad, réinstalle les rebelles à Kidal et les réorganise en les regroupant au sein de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et du Haut Conseil Islamique de l’Azawad (HCUA).

Elu président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta commet de la faute de ranger aux oubliettes l’ « Accord préliminaire de Ouagadougou… » pour gérer la crise selon ses humeurs. La conséquence est catastrophique : les avancées obtenues grâce à la CEDEAO sont toutes perdues, le Mali, dessaisi du dossier, est, de facto, placé sous la tutelle de la Communauté internationale.

Le processus d’Alger, avec comme intention, la restauration de la paix, est enclenché. Il débouche sur un « Accord de paix et de réconciliation… » sous l’égide d’une médiation internationale. La mise en œuvre de l’Accord conduit l’Etat à engager une série d’actions. Toutes, se révéleront inopérantes. De leur côté, les rebelles, renforcés dans leur volonté séparatiste, se sont abstenus de toute concession. Aujourd’hui, trois ans après sa signature, le constat est celui de l’échec.

Le blocage est tel est que  les auteurs, à juste titre, se posent les deux questions suivantes : une complicité française n’est-elle pas à la base de l’enlisement ? par-delà la rébellion, un complot international n’est-il pas ourdi contre le Mali ? Le dernier chapitre expose les différentes causes des rebellions au Nord du Mali en distinguant les prétextes des causes, les causes lointaines et les causes récentes des causes immédiates.

Conclusion

Au terme de leur étude, les auteurs en arrivent à une série constats.

Premier constat : la thèse selon laquelle un pays touareg aurait existé pour être, par la suite, au gré de la colonisation et de manière arbitraire, incorporé au Soudan Français ne résiste pas à l’analyse. L’harmonieuse cohabitation des communautés arabo-berbères et négro-africaines au sein des grands empires du Soudan nigérien la conteste. Le Soudan français n’est pas une construction arbitraire mais la reconstitution, très partielle du reste, d’un espace politique unifié avant la conquête marocaine.

Deuxième constat : l’expression « rébellions touarègues » est une expression inappropriée. Il n’y pas eu, de l’indépendance à ce jour, de rébellions touarègues, mais, plutôt, de rébellions d’une infime partie des populations touarègues farouchement attachées à des privilèges féodaux. LA France leur a reconnu un statut particulier. Ils veulent le préserver en se mettant en marge de la République ; ce qu’aucun Etat ne saurait admettre.

Troisième constat : les régimes de parti unique ont saisi les causes profondes des rébellions et se sont donné les moyens de les circonscrire. Les présidents démocratiquement élus, dans leur combat contre la Dictature, en sont arrivés à confondre rébellions et quête de la démocratie. Ils ont poussé la méprise au point de les légitimer. Du coup, ils se sont privés des moyens de les circonscrire, aussi bien matériellement qu’intellectuellement.

Dernier constat : la récurrence des dissidences, depuis 2007, ont eu, comme conséquence, l’effondrement de l’Etat, la partition de fait du Mali, la perte de la souveraineté nationale.

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