Fin de l’histoire, fin de l’espoir ?

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Aujourd’hui, mon cœur de jeune malien est triste et révolté, alors que je découvre des faits qui se sont déroulés il y a quelques jours. Je voudrais donc faire partager mes sentiments, à tous mes frères maliens, et en particulier à la jeunesse qui est la clé de notre avenir commun. Pour qu’un triste événement tel que celui-là ne se reproduise plus … Je vais donc commencer par vous raconter une histoire.

 

« Il était une fois un homme, un peul, né il y a près de 250 ans dans un village près de Mopti. Cet homme, très pieux,  avait suivi un enseignement coranique. Et il avait une vision. Une vision claire, honnête et simple de l’Islam, qu’il souhaitait propager, sur laquelle il souhaitait bâtir une communauté. Face à l’hostilité de certains, il s’exila. Mais guidé par la force de sa foi et de sa vision, il livra de multiples combats. Qu’il gagna. La vision devint alors réalité. Et il fonda un empire conforme à sa vision. Cet homme était un grand homme. Cet homme était un saint musulman. Cet homme était Sékou Amadou Barry, qui fonda l’Empire peul du Macina des temps anciens. »

 

Au-delà du respect que nous devons à la foi, quelle qu’elle soit, et aux anciens, il est une vérité incontournable : en tant que Malien, nous devons tous le respect à Sekou Amadou parce qu’il fait partie de notre histoire commune, de notre tradition, et parce qu’il avait une volonté de construire qui n’était pas guidée par son intérêt personnel. Les méthodes de son siècle ne sont bien sûr plus celles qui doivent avoir cours dans le nôtre (ce que certains ne semblent pas avoir compris !). Mais là n’est pas la question. Que nous soyons Peuls, Touaregs, Arabes, Bambaras, Songhaï ou autres, qu’importe : nous sommes tous maliens ! Tous … sauf les bandits sans foi ni loi qui, il y a quelques jours, ont partiellement détruit le mausolée de Sekou Amadou à Hamdallaye. Un mausolée connu au-delà du Mali car présent dans la liste de l’UNESCO qui classe tous les grands monuments du monde !

 

Nous savons qui sont ces individus qui s’en prennent à nos traditions et notre histoire, ou plutôt nous savons qui est celui qui les dirige : Hamadou Kouffa. Et quelle double hypocrisie que celle de cet individu qui se présente comme l’émir d’un soi-disant nouvel « Empire de Macina » tout en détruisant le mausolée d’un saint fondateur sous prétexte d’empêcher une Ziyara !

 

Au-delà du manque d’intelligence que cela traduit, que doit-on réellement comprendre ? Que ceux qui ont commis ce méfait ne respectent pas l’histoire ? Ni ce qui est sacré ? Ni les saints de leur propre foi ? Qu’ils sont à ce point incapables de vouloir le bonheur de leurs frères maliens, qu’ils souhaitent détruire toute trace de ceux qui, avant eux, avaient une vraie vision (qu’on la partage ou pas) ?

 

Enfin, la destruction de ce monument historique et symbolique nous rappelle douloureusement ce qui s’est passé en Afghanistan il y a des années, et qui se passe actuellement en Iraq et en Syrie. Et nous nous souvenons tous avec horreur qu’Ansar Eddine a ouvert le bal dans notre pays en 2012 en détruisant les mausolées de saints musulmans de Tombouctou … Quand on connait la proximité entre Hamadou Kouffa et Iyad Ag Ghali, et les liens troubles de ce dernier avec DAECH, on peut se demander si l’enfer n’est pas à nos portes. Quelle sera la prochaine étape ? L’amplification des exécutions sommaires ? L’esclavage des femmes ? Toutes ces funestes marques de fabrique de DAECH que Hamadou Kouffa et Iyad Ag Ghali semblent vouloir faire leurs ? Ou tout simplement la marche des djihadistes sur Bamako ? Après tout, Hamdallaye n’est pas si loin …

 

 

Khalilou COULIBALY

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