Le virus du surplace

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Depuis le retour à l’ordre constitutionnel, des tendances se sont dégagées pour entretenir dans notre pays l’immobilisme dans le fonctionnement des institutions et du pays. A quelles fins ? Les adeptes de cette ligne le savent, mais beaucoup d’autres Maliens aussi. Du bout des lèvres, on se décrète démocrate sincère et patriote convaincu alors qu’en réalité, le dessein avéré est de nous faire retourner à l’ordre ancien, un ordre dont le socle était la mauvaise gouvernance et les délinquances de toutes sortes. Sachant que de tels combats ne peuvent être menés à visage découvert, ces hommes et ces femmes d’une autre malianeté continuent de se livrer non seulement à une campagne de déstabilisation tous azimuts, mais également à des actes insidieux pour que la communauté internationale continue de regarder notre pays d’un mauvais œil.

Pendant les neuf mois qui ont suivi les évènements du 22 mars 2012, évènements qui auraient du sonner une voie de salut pour notre pays, des individus érigés en groupe de circonstance continuent d’entretenir une certaine cacophonie à l’effet de paralyser le fonctionnement de la République. Pour ce faire, tous les messages ont passé, tous les comportements se sont entrechoqués, pour nous conduire finalement à un niveau d’avancement non perceptible pour les maliens. Mais comme l’a si bien dit et redit le Président de la République par intérim, il y a un temps pour tout, en particulier pour la politique politicienne.

Ce message est très clair et il revient désormais au Gouvernement reconstitué d’en faire une traduction efficace au bénéfice de la majorité des maliens pour éviter que le doute ne continue de s’installer.

Aucune démocratie ne peut prospérer dans l’anarchie et le climat actuel est tout comme. Il revient aux institutions de la République de nous faire quitter solidairement cette situation. Il revient également à la presse malienne de se dégager une ligne de conduite conforme à la situation du pays. Le citoyen malien a besoin certes d’être informé, mais tout le monde sait ou doit savoir que l’heure n’est ni à la quête de sensation, ni à la divulgation de tous les aspects de la vie et du fonctionnement des coins et recoins de nos institutions. Il revient à chacun de nous, citoyen de ce pays en difficulté, de nous fixer des limites aussi bien au plan de nos discours que de nos comportements pour éviter d’entretenir le discrédit sur notre pays.

Politiquement, nos reflexes doivent changer et il est inopportun de continuer à personnaliser les débats et les actes politico- organisationnels posés par nos Autorités. A elles aussi d’éviter d’aller en cavalier seul, chacun dans son coin. Après neuf mois d’errements et de tirs à vue en donnant le sentiment d’oublier l’essentiel, il est désormais important que la synergie d’action se prévale autour des deux objectifs essentiels de la transition à savoir : la réunification totale du pays et l’organisation d’élections transparentes, crédibles et acceptées auxquelles tous les maliens peuvent participer en leurs lieux de résidence habituelle. C’est uniquement par cette attitude commune que notre pays sera pris prendre au sérieux.

A l’adresse de ceux qui se proposent de marcher sur le nord, nous leurs conseillons de tempérer leurs ardeurs et leurs discours. A priori nous ne mettons pas en doute leurs fibres patriotiques, cependant il est important qu’ils sachent que même ce simple discours est blessant pour notre peuple et en ajoute à la cacophonie. Laissons à chaque Autorité habilitée la chance d’exercer pleinement son rôle parce que marcher sur le nord du Mali n’est pas un jeu d’enfant. Il est plus facile d’organiser et de réussir une marche en un endroit quelconque du Nord du Mali que de marcher sur ce Nord. Ils pourront cependant contribuer efficacement en mettant à la disposition de forces organisées pour ce genre de marche les moyens qu’ils peuvent mobiliser tout en prônant des discours d’encouragement. Alors, ils feront œuvre utile.

A l’adresse des Autorités du Mali, l’heure est désormais à l’action car comme nous l’avons toujours soutenu, la crise que nous vivons est d’abord malienne. Dans sa résolution et comme perçue à travers tous les discours et à tous les niveaux, il leurs revient d’imposer à la situation les conditions d’une trêve républicaine, se convainquant elles-mêmes en premier lieu que la cacophonie a trop duré. A situation exceptionnelle doivent correspondre des mesures exceptionnelles.

Que nous soyons parti politique ou groupe de partis politiques, que nous soyons société civile ou autres regroupements citoyens, une discipline de conduite des affaires doit pouvoir s’imposer à tous pour nous permettre d’avancer plus fortement et plus vite.

Nous ne saurons indéfiniment continuer à espérer sur une communauté internationale à tendances multiples, sans visage et qui donne le sentiment de se perdre dans ses choix. Le Mali a beaucoup d’amis sur lesquels il peut compter à la seule condition qu’une vraie cohérence soit perceptible au niveau de nos discours, de nos stratégies et de nos actes posés au quotidien.

L’appel que nous réitérons à la presse est de se mettre en phase avec les désirs du peuple malien qui a besoin de se sortir rapidement de cette situation invivable pour tous. Pour ce faire, elle doit se munir d’un dispositif d’auto censure. La presse doit pouvoir se convaincre que malgré la liberté d’expression tout n’est ni à écrire, ni à dire.

Quant à nous citoyens ordinaires, continuons à faire confiance à nos institutions, à notre armée et aux capacités de génération de valeurs positives de notre peuple.

Une fois toutes ces conditions remplies pour chacun à son niveau, notre pays se sortira pour longtemps de cette impasse par une réunification rapide de son territoire et l’organisation d’élections, crédibles et ouvertes à tous.

Vive le Mali éternel, un et indivisible.

 

Bamako, le 18 Décembre 2012

Bou TRAORE,

Ingénieur des Constructions civiles à la retraite.

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