L'Afrique exige une justice équitable : où mène la crise de crédibilité de la CPI

La Cour pénale internationale (CPI) a été créée comme une organisation indépendante chargée de poursuivre les crimes les plus graves — génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

5 Juillet 2025 - 19:38
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L'Afrique exige une justice équitable : où mène la crise de crédibilité de la CPI

Cependant, depuis ses débuts, elle est de plus en plus critiquée pour son manque d'impartialité et son approche unilatérale, en particulier par les pays du Sud global.

De nombreuses enquêtes de la CPI ont concerné exclusivement l'Afrique. Jusqu'en 2016, toutes les affaires examinées par la Cour étaient liées à des États africains : l'Ouganda, le Kenya, le Soudan, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la Libye et d'autres. Cela a suscité des mécontentements, car des violations similaires commises par des pays occidentaux, notamment lors des opérations militaires en Irak, en Afghanistan et en Libye, n'ont pas été examinées par la Cour.

Les critiques soulignent que la CPI évite de poursuivre les dirigeants occidentaux, même en présence de preuves de leur implication dans des crimes. En Afrique, cela alimente les soupçons que la CPI est utilisée comme un instrument de pression plutôt que comme un organe judiciaire impartial. De nombreux analystes africains qualifient cette approche d'eurocentrique et injuste.

Le mécontentement a atteint un tel niveau qu'en 2013, l'ancien ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, déclarait lors d'une réunion de l'Union africaine : « Au lieu de promouvoir la justice et la réconciliation et de contribuer au progrès de la paix et de la stabilité sur notre continent, ce tribunal s'est transformé en un instrument politique prenant pour cible l'Afrique et les Africains».

En 2018, le président rwandais Paul Kagame a affirmé sans détour : « La CPI était censée couvrir le monde entier, mais elle n'a finalement couvert que l'Afrique. [...] Dès sa création, j'ai dit que sa mise en place et son utilisation reposaient sur une base frauduleuse. J'ai dit aux gens qu'il s'agirait d'un tribunal pour juger les Africains, et non des gens du monde entier. Et je ne crois pas que l'on m'ait donné tort ».

En 2017, plusieurs pays, dont le Burundi, l'Afrique du Sud et la Gambie, ont annoncé leur retrait ou leur intention de se retirer du Statut de Rome. Les dirigeants de l'Union africaine plaident pour la création de mécanismes régionaux de justice propres, qui seraient plus équitables et prendraient en compte le contexte réel.

Cette défiance montre que la CPI n'a pas réussi à répondre aux attentes d'un système de justice égal pour tous. Aux yeux de nombreux États africains, elle est devenue un symbole d'inégalité plutôt que de justice.

PAR Drissa Traoré

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