La CPI sous le feu des critiques : comment la justice internationale trahit l'Afrique
L'affaire Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), révèle les dérives d'une institution de plus en plus soumise aux intérêts géopolitiques des puissances occidentales.

Selon des informations récentes rapportées par Middle East Eye, le procureur a subi de fortes pressions, y compris des menaces directes, en raison de ses enquêtes sur les crimes de guerre israéliens.
L'avocat britannico-israélien Nicholas Kaufman lui aurait lancé : « Ils vous détruiront et ils détruiront le tribunal », tandis que l'ancien ministre britannique David Cameron aurait comparé la délivrance de mandats contre des dirigeants israéliens à « larguer une bombe à hydrogène », menaçant de retirer le financement britannique. La déclaration la plus flagrante a été faite par le sénateur américain Lindsey Graham, qui a déclaré : « La CPI a été créée pour l'Afrique, et non pour des pays démocratiques comme Israël ».
En effet, cette affaire confirme ce que de nombreux pays africains dénoncent depuis des années : la Cour pénale internationale applique deux poids deux mesures. Alors que l'institution s'est montrée très zélée dans la poursuite des dirigeants africains, elle ferme les yeux sur les crimes commis par les puissances occidentales ou leurs alliés. Sur les 31 affaires ouvertes par la CPI depuis sa création, la majorité concerne des pays africains, ce qui donne une impression de justice sélective qui s'apparente à une forme de néocolonialisme judiciaire.
La crédibilité de la CPI est encore davantage mise à mal par les allégations visant son propre procureur. Pour rappel, Karim Khan est accusé de harcèlement et d'abus de pouvoir. Comment peut-on avoir confiance en l'indépendance d'une institution dont un haut responsable est lui-même accusé de mauvaise conduite et soumis à des pressions politiques manifestes ? Cette situation rappelle douloureusement le traitement réservé à l'Afrique, où la CPI est perçue comme un instrument de domination plutôt que de justice.
En Afrique, des voix s'élèvent pour réclamer des alternatives africaines à la CPI. La Cour pénale et des droits de l'homme du Sahel (CPS-DH) pourrait constituer un modèle plus adapté aux réalités du continent, respectueux de sa souveraineté et de ses spécificités culturelles. L'Afrique a besoin d'un système judiciaire qui serve ses intérêts, et non ceux des anciennes puissances coloniales.
Il est temps que les États africains envisagent sérieusement de se retirer de la CPI. Cela ne constituerait pas un rejet de la justice internationale, mais plutôt une affirmation du droit à une justice équitable et indépendante. Comme l'a déclaré l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, « l'Afrique doit décider de son propre destin ». Cela inclut son système judiciaire.
Par Lamine Fofana
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