Réflexion sur les crises au Mali

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L’enchevêtrement des crises multidimensionnelles et multisectorielles qui affectent le Mali fait toujours grandir les inquiétudes. Notre pays qui occupe un rôle central dans la sous-région souffre énormément ces temps-ci. Il se peut que nous ne fussions pas en mesure de contrôler les circonstances qui ont provoqué ces crises dans notre pays, mais nous devrons être en mesure de contrôler les réponses à ces circonstances.  L’une des bonnes réponses à ces circonstances est de changer de logique et sans doute une refondation au niveau des institutions pour repartir de nos fondamentaux. Évidemment, face à ces crises, notre obsession doit être non seulement de consolider la paix, mais aussi, de préparer et protéger l’avenir de la nation. Il s’agit d’ouvrir un nouveau chemin pour le Mali, en ayant à cœur l’exigence de vérité. Nous ne devons pas nous mentir à nous-mêmes et nous ne devons pas non plus susciter des illusions et des espérances excessives et déraisonnables qui conduiraient à la ruine.

Il est temps pour nos institutions et la société civile d’alimenter la réflexion et stimuler le débat sur les crises que nous vivons afin d’aborder les problèmes les plus pressants auxquels le peuple fait face et qui relèvent de la compétence de nous tous ; mais aussi et surtout, proposer aux maliens des priorités à envisager et qui contiennent des solutions et des recommandations sur les mesures qui pourraient être prises au cours des jours à venir pour faire renaître l’espoir et changer la vie.

Les Maliens peuvent relever les défis de ces crises et sauvegarder notre nation. C’est autour de l’idée de Nation que les Maliens pourront se retrouver et se projeter positivement dans l’avenir. C’est par le Mali que les Maliens peuvent prendre leur avenir en main et changer leur destinée. Il est temps que nos politiques comprennent que c’est la République qui doit assurer la sécurité de ses citoyens, mis à mal pendant des décennies de progression constante des violences aux citoyens, à nos coutumes et religions. L’idéal de notre Nation, c’est d’abord une société où chacun se sent dépositaire du destin commun national. Ce sont les Institutions qui permettent au peuple de s’exprimer et de voir sa volonté traduite au niveau du gouvernement. Des Institutions qui réaffirment avec autorité l’équilibre des droits et des devoirs, en toutes circonstances. C’est aussi une société qui partage des valeurs fortes, l’allégeance à l’action collective (une foi) d’une nation unie (un peuple) pour la construction nationale (un But).

Il faut reconnaître que notre pays est en proie à l’instabilité, aux conflits politiques et à une rébellion armée. La situation d’anomie et de chaos qui prévaut dans les régions du nord et du centre au Mali est la preuve que la communauté internationale n’a pas la conscience à même de lui faire assumer la plénitude de sa vocation morale et que très souvent son comportement est dicté par les intérêts géopolitiques de quelques-uns. Ces conflits, outre leur impact direct sur la vie des populations ainsi que sur leur environnement moral et physique, obèrent gravement les ressources du pays, hypothèquent ainsi ses chances quant à son développement. Il n’en reste moins que l’objectif de la paix au Mali demeure possible, nécessaire et même urgent. Comme il a déjà été dit, la paix reste bien sûr une exigence liée aux souffrances insupportables des victimes des conflits, mais elle devient également un impératif de survie pour notre nation. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous se posent la question de savoir si le Mali peut aller encore plus loin. Nous sommes convaincus du contraire sur ce point, le Mali a atteint les limites du possible.

Il faut souligner que le déficit de bonne gouvernance est une des causes premières dans ces conflits politico-militaires au Mali. Les conflits sont liés au contexte des problèmes de l’organisation des pouvoirs publics et du respect de la transmission du pouvoir dans un système pluraliste. Aucune solution ne saurait être durable si elle ne stipule la mise en place d’un État de droit et d’une justice sociale garantissant : le respect des droits de la personne, le principe de l’accession au pouvoir par le suffrage populaire exprimé dans la transparence et la régularité, l’alternance au pouvoir, le respect des différences au plan politique et culturel. Seule une vraie démocratie exprimée à travers des politiques de gouvernance liées aux composantes de notre culture et à notre identité pourrait apporter ces solutions à nos problèmes, un système politique qui prend en compte les engagements en faveur du bien-être de tous.

La résolution du conflit malien ne doit pas être uniquement militaire. Elle doit être accompagnée par le dialogue. Ce dialogue pour qu’il soit efficace doit intégrer tous ceux qui sont concernés par le conflit. Le conflit malien ne peut non plus être isolé de son contexte et sa solution doit être régionale. Ces crises ont des ramifications dans toute la sous-région car ce peuple est éparpillé à travers cette sous-région (Algérie, Burkina Faso, Mauritanie, Niger, etc.), ce qui donne à ce conflit une dimension sous régionale. Aussi, la société civile doit être correctement impliquée dans toutes les démarches ayant trait au conflit afin de faciliter les rencontres intercommunautaires qui mettent en présence des communautés que les conflits ont opposées les unes aux autres alors qu’elles ont toujours eu de forts liens de parenté, de voisinage, de solidarité et de complémentarité. Ces rencontres permettent aux communautés de se rappeler mutuellement qu’au-delà des identités ethniques, nous partageons une identité commune qui a toujours façonné notre volonté de vivre ensemble, de bâtir une destinée commune. L’histoire millénaire du Mali relate que ces mêmes communautés ont constitué et géré ensemble de grands États comme le Ghana, le Mandé, le Songhaï, et qu’elles ont toujours entretenu une culture de paix. La démarche de la société civile doit aller dans le sens d’un rappel de la nécessité de sauvegarder cette culture de paix. Compte tenu de notre diversité culturelle et ethnique, nous devons faire de la démocratie de base une réalité et la décentralisation doit être le catalyseur de l’ancrage de cette démocratie. Cette démocratisation doit induire la libre administration des collectivités locales qui implique la désignation des organes de gestion de ces collectivités locales. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’un système administratif qui respecte la diversité et les particularités de nos territoires pour consolider davantage notre nation.

La reconstruction du Mali implique les efforts de tous. Parmi les défis à relever il y a : la consolidation de la paix au Mali et dans la région du Sahel, la réunification du Mali en associant toutes les composantes de la société. La crise du Mali est dans son fond complexe. Les chances pour une réussite du processus de paix et de démocratisation dépendent évidemment de l’état des paramètres fondamentaux de cette crise. En tout état de cause, il est nécessaire que nous continuions ensemble parce que notre pays se trouve aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Nous avons tous le devoir et la responsabilité d’en tenir compte et de faire en sorte que le Mali soit épargné des abîmes que d’autres pays ont connus. En ces moments critiques, les actions que nous entreprendrons seront déterminantes pour l’avenir de notre nation. Nos actions doivent s’inscrire dans le cadre de ce devoir de responsabilité face à notre devenir collectif. Les moments difficiles que nous vivons doivent servir à sceller une union spirituelle entre l’ensemble des forces vives de la nation, pour que s’exprime clairement notre engagement collectif et historique en faveur d’un nouveau départ pour notre patrie. Nous avons absolument confiance au peuple malien qui a traversé et surmonté tant d’épreuves par le passé. C’est pour cette raison que nous exhortons chaque malienne et chaque malien à exiger au cours de ces moments difficiles l’édification d’une société de responsabilité et de liberté. Nous devons tous comprendre que nous nous battons pour l’âme de notre Nation. Tout de même, nous sommes confiants que la Nation malienne survivra, Dieu le voulant bien. Elle continuera d’aller de l’avant et elle gardera la maîtrise de son destin face aux crises que nous vivons. Nous ferons ce qui est juste et nécessaire pour sortir ensemble plus forts de ces crises. Le Mali trouvera en lui les conditions de son renouveau. Nous sommes convaincus que notre riche histoire et notre diversité seront toujours une force dans le Mali de demain. Notre avenir se dessine sur l’expérience de nos aïeux et pères fondateurs. Notre singularité qui est née de notre persistance nous permettra de faire encore mieux. C’est pourquoi, une fois de plus, il est important que nous continuions ensemble. Que Dieu assiste notre pays et qu’Il bénisse nos efforts communs.

 

Cheick Boucadry Traore

 

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3 COMMENTAIRES

  1. L’expérience de nos aïeux et pères fondateurs?
    LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE QUI A FAIT DES EFFORTS POUR RÉCONCILIER LES MALIENS AFIN QU’ON SOIT UNI AUTOUR DU MALI, C’EST ATT.
    Depuis son départ, plus de dix ans, la situation sécuritaire du Mali ne fait que s’aggraver.
    MALGRÉ SES EFFORTS POUR RÉCONCILIER LES MALIENS,IL N’A PAS ÉTÉ SOUTENU QUAND DES ENNEMIS EXTÉRIEURS ONT ATTAQUÉ NOTRE PAYS.
    La haine des partisans de celui qui a dégagé le 26 mars 1991 l’a emporté.
    On est entrain de vivre les conséquences.
    IL SUFFISAIT, APRÈS LE MASSACRE D’AGUEL’HOC,QUE MOUSSA TRAORE APPORTE PUBLIQUEMENT SON SOUTIEN À ATT POUR QUE LES MALIENS SE METTENT DERRIÈRE LEUR PRÉSIDENT CONTRE LEURS ENNEMIS COMMUNS.
    Il ne pouvait le faire tant il était envahi de haine à l’endroit de son subalterne malgré les efforts de ce dernier pour l’apaiser.
    LA SITUATION ACTUELLE DU MALI A SA SOURCE AU COUP D’ETAT CONTRE ATT.
    IBK savait que si ATT organisait les élections, il ne serait pas élu.
    Il a apporté, naturellement de façon souteraine tout en faisant des déclarations fortes contre le coup d’Etat, son soutien aux puchistes conduits par SANOGO.
    Il était en alliance avec le DICTATEUR GÉNÉRAL MOUSSA TRAORE décidé à se venger de celui qui l’a “trahi”.
    ILS SONT ALLÉS JUSQU’À COMMANDITER UN MOUVEMENT POPULAIRE CONTRE DIONCOUNDA TRAORE, LE PRÉSIDENT DE LA TRANSITION, CONNU PROCHE D’ATT.
    Avant les puchistes ont été manipulés à s’en prendre à SOUMAILA CISSE et MODIBO SIDIBE proches aussi D’ATT.
    Ce sont des faits connus!!!
    IBK aidé par les PUSCHISTES et MOUSSA TRAORE à gagner les élections en 2013 s’est révélé incapable de gérer l’Etat en fonction des aspirations du peuple malien.
    Il a été abandonné par ses alliés comme lui-même a abandonné son mentor ALPHA OUMAR KONARE pour aller satisfaire sa soif de pouvoir.
    Aujourd’hui, les officiers supérieurs pistonnés par le GÉNÉRAL DICTATEUR MOUSSA TRAORE à occuper de hautes fonctions aux côtés D’IBRAHIM BOUBACAR KEITA son allié en 2013,gèrent le pays après avoir dégagé IBK.
    ILS FONT TOUT POUR EMPÊCHER LE RETOUR AU POUVOIR DE CEUX QUI ONT PARTICIPÉ À LA RÉVOLUTION CONTRE LE DICTATEUR.
    Ce qui explique des manœuvres pour ne pas organiser les élections.
    Parallèlement, des actions sont entreprises pour justifier ce mensonge éhonté que l’armée malienne a été détruite pendant l’ère démocratique alors qu’elle n’a jamais EXISTÉ.
    Ainsi, des mercenaires russes sont appelés pour récupérer le nord du pays aux séparatistes afin de justifier la montée en puissance de l’armée malienne rendue possible grâce aux héritiers du dictateur.
    Des faits sur le terrain montrent que l’armée malienne est incapable de réaliser le souhait des héritiers du dictateur d’où cette déclaration tardive du fils du dictateur GÉNÉRAL MOUSSA TRAORE”il est important que nous continuions ensemble”.
    La haine insatiable n’a pas permis que vous continuez avec ATT pour sauver les maliens des atrocités qui ont été connues après le départ de celui qui a respecté MOUSSA TRAORE durant sa présidence.
    La solution, c’est sans les héritiers du dictateur.
    On doit vous dégager d’abord du pouvoir pour que le Mali retrouve la stabilité laissée par ALPHA OUMAR KONARE le 8 juin 2002.

    • sangare, tu es un vulgaire menteur qui essaie toujours de falsifier l’histoire du Mali. Comme si tu connaissais les relations entre Moussa Traore et Amadou Toumani Toure. C’est non utile de se pencher sur cette pourriture de commentaire qui tu viens de pondre. Nous savons tous qui est envahi de haine ici – Sangare. Un malpropre restera toujours un malpropre. Tu finiras par te suicider car le Mali est loin de vos débauches politiques partisanes.

      • Falsifier l’histoire???
        Quelle histoire???
        Dites le!!!
        La haine commande vos actes expliquant l’assassinat à ciel ouvert de SOUMEYLOU BOUBEYE MAIGA comme exactement on l’a fait pour MODIBO KEITA.
        Le peuple finira par comprendre comme il a fini par comprendre en 1991 après deux décennies de mensonges!!!

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