Gouvernance du Conseil Malien des transports routiers (CMTR): Impossible alternance avec Youssouf Traoré à la tête

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Le Mali un pays qui n’a pas de débouché sur la mer. Pourtant le Mali arrive à faire
des meilleures performances économiques notamment en matière de transport routier dans
la sous-région avec quelques deux millions de voyages par an.
Le Mali a adopté la loi n° 04-040 du 13 aout 2004 portant création du Conseil Malien des
Transporteurs Routiers (CMTR). Le CMTR est un Etablissement Public National à caractère
Professionnel, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière.
Le Conseil Malien des Transporteurs Routiers a pour mission, l’organisation et la
représentation professionnelle des transporteurs routiers maliens. A ce titre, il est chargé,
entre autres, de : donner son avis, à la demande des pouvoirs publics, ou formuler des
suggestions, de sa propre initiative, sur toutes questions relatives au transport routier ; de
défendre les intérêts des transporteurs routiers ; d’assurer la formation et l’information des
transporteurs routiers. Il ressort de nos enquêtes qu’il y’a aujourd’hui de sérieux problèmes au sein du CMTR. Il s’agit ici de ceux liés à l’organisation et à l’alternance à la tête de la structure. Toutes choses qui ont fait apparaître des difficultés relationnelles entre les membres du CMTR. Or, une structure ne vaut que par sa légitimité. Toute la question est aujourd’hui de savoir si tous les transporteurs du Mali se reconnaissent comme membres du CMTR actuel que dirige M Youssouf Traoré dit Bani depuis sa création.

Selon les termes de la loi de création du CMTR, les organes d’administration et de gestion du
Conseil malien des Transporteurs Routiers sont : l’Assemblée Consulaire, le Bureau et le
Secrétariat Général. L’Article 12 de ladite loi stipule qu’un décret pris en Conseil des
Ministres fixe l’organisation et les modalités de fonctionnement du Conseil Malien des Transporteurs Routiers. Monsieur Youssouf Traoré a été élu premier président du CMTR le 17 avril 2007. Il dirige un bureau de  15 membres pour un mandat de 5 ans qui devrait donc prendre fin en 2012. Pour, dit-on, des raisons sécuritaires et de troubles institutionnels, son mandat sera plusieurs fois prorogé.
Youssouf Traoré, seul maitre à bord a organisé sa propre réélection en violation des textes.

Et comme le disait l’autre, doit-on organiser une élection et la perdre ? Tout compte fait, le 27 avril 2015, le même Youssouf Traoré dit Bani est réélu pour un second mandat. Une réélection très vite contestée par nombre d’associations des transporteurs routiers du Mali qui ont estimé que les textes ont été violés par M Traoré et ce, estiment-ils, en complicité avec les membres du cabinet du ministère des Transports. C’est du moins ce que pensent nos interlocuteurs de Bamako, Ségou, Koutiala en passant par Sikasso. Aux termes de l’article 13 du décret 359 P-RM du 8 septembre 2004, seul le ministère de tutelle est habilité à convoquer le collègue électoral. Ainsi donc, en décembre 2014, le département des transports a pris l’arrêté 34-80 pour l’élection des membres de l’Assemblé consulaire, chose qui ne verra pas le jour. C’est monsieur Youssouf Traoré lui-même, de manière délibérée, qui a organisé d’abord les élections des membres consulaires et ensuite celles du bureau national. Or, selon les textes, un bureau sortant ne peut nullement convoquer le collègue électoral et l’organiser. Il ressort de nos investigations que le président sortant, M. Youssouf Traoré a convoqué plusieurs fois mais sans succès les membres consulaires à Bamako en vue de l’élection du bureau national, et, c’est à la quatrième convocation que sa réélection a eu lieu, suivie de l’adoption du règlement intérieur et du budget 2018 sous les yeux du ministère de tutelle. Il s’en est également suivi des menaces à l’endroit des membres consulaires et ceux qui ont voulu s’opposer se sont vus expulser et intimider par les loubards recrutés pour la circonstance. Depuis, les transporteurs routiers ont commencé à étaler sur la place publique ce qu’ils appellent la gestion opaque du président du CMTR. Ils disent ne pas reconnaître la légitimité de l’actuel bureau issu des élections du 27 avril 2015. «C’est une élection de clan, sans opposants, c’est l’ancien bureau qui a été reconduit… », Nous a confié un membre consulaire, lui-même candidat. Le CMTR actuel ne se caractérise pas seulement par son illégitimité/illégalité, mais également par ses pratiques illicites sur les corridors routiers et aux points de chargement des marchandises (usines de la CMDT, ports…). Comme pour signifier qu’il entend arrêter les dérives du bureau, le ministère en charge des Transports a émis une correspondance n°2018 N°00934 MT-SG en date du 30 Novembre et une autre lettre n°0060 MT-SG du 22 janvier 2019 appelant à sursoir à la vente de tickets illégaux par le CMTR ; mais jusqu’à présent cette activité illégale continue. Ainsi donc la fronde contre le bureau CMTR actuel est monté d’un cran pour aboutir enfin à
la création de la Confédération Générale des Transporteurs Terrestres et Fluviaux du Mali
(CGTTFM) qui regroupe désormais plus 80% des transporteurs du Mali et  avec leurs propres ressources pour réorganiser le secteur du transport. Quand nous avons voulu rencontrer le président M Youssouf Traore pour en savoir davantage sur ce qui nous avait été présenté comme un départ massif des transporteurs routiers vers la nouvelle structure (CGTTFM), ceci nous a valu de longues attentes dans son bureau ; pour enfin nous faire recevoir, pas par le président, mais par un groupe de trois personnes, qui se sont présentées à nous comme membres du bureau. Il s’agit en l’occurrence de MM. Ousmane Kamissoko, Mohamed Fatogoma Camara et Dramane Traore qui ont été commis comme pour nous divertir. En effet, tous parlant d’une même voix, ils ont passé tout leur temps à nous faire les éloges du Président Youssouf Traoré avant d’affirmer que leurs détracteurs ne sont en vérité pas de vrais transporteurs et que tous les vrais sont restés au sein du CMTR.

Bokoum Abdoul Momini/Maliweb.net

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