Les soliloques d’Angèle : Ces fuites d'argent qui vident notre portefeuille sans bruit !
Une scène m’a interpellée le Week-end dernier : un homme au supermarché comptait minutieusement ses pièces pour éviter de payer avec une grosse coupure et ainsi ne pas laisser la monnaie à la caisse. Qui n’a jamais vécu cela ?

Ce geste simple nous rappelle une vérité trop souvent négligée : nous perdons de l’argent, parfois quotidiennement, sans même nous en rendre compte.
Ces pertes sont comparables à des fuites d’eau : elles semblent insignifiantes sur le moment, mais lorsqu’on les additionne, elles deviennent de véritables gouffres financiers. Il suffit d’un peu d’attention pour les repérer.
Prenons l’exemple du transport : combien de fois effectuons-nous des allers-retours en véhicule ou à moto pour des courses que nous aurions pu regrouper par zone ou mutualiser ? Autre exemple courant : les recharges téléphoniques, 200 F CFA au quotidien, au lieu d’opter pour un forfait hebdomadaire plus avantageux, comme le « Nè taa » à 1 000 F CFA. Il y a aussi la mauvaise gestion de l’électricité. Saviez-vous que les appareils laissés branchés, même éteints ou en veille, consomment toujours de l’énergie. C’est ce qu’on appelle la consommation fantôme, et elle pèse sur nos factures.
Acheter au détail au lieu du gros nous coûte plus cher. En période de chaleur, acheter en quantité des produits fragiles comme les pommes de terre ou les oignons, sans bon stockage, finit souvent par du gaspillage. N’oublions pas ces repas dont les restes finissent à la poubelle ? Le numérique n’est pas en reste. Les multiples transferts ou paiements, souvent fractionnés et mal planifiés, génèrent des frais répétitifs. Il suffit pourtant de les regrouper pour en limiter les coûts.
Mais la plus grande fuite d’argent dans notre contexte demeure les dépenses sociales. Sous la pression familiale ou communautaire, nous donnons, participons à tout : mariages, baptêmes, funérailles... sans toujours définir un budget précis ni nous demander si nous en avons vraiment les moyens. La vérité, c’est que perdre de l’argent sans s’en rendre compte est une réalité quotidienne, surtout dans des contextes où les revenus sont modestes et irréguliers. Ce ne sont pas les grandes dépenses qui nous ruinent, mais ces petites fuites invisibles, discrètes et répétées.
La bonne nouvelle, c’est qu’avec un peu plus de vigilance, de planification et d’éducation financière, chacun peut reprendre le contrôle de ses finances. Il ne s’agit pas de se priver, mais de consommer intelligemment, de prioriser et d’anticiper. Changer ses habitudes, c’est déjà commencer à s’enrichir - ou du moins à ne plus s’appauvrir sans s’en rendre compte. Et en ces temps difficiles, c’est un acte de survie, de dignité, et d’intelligence collective.
Parce que c’est notre Mali.
Muriel Jules
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