Doute sur la tenue de la présidentielle 2018 : Des raisons de redouter l’impasse

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Billet : Vive le Président ! Mais, à moi le fauteuil

Comme un cirque qui ne dit pas son nom, les pouvoirs publics et la classe politique font croire à la tenue de l’élection présidentielle le 29 juillet prochain. Alors que tout semble montrer des signaux de l’impossibilité matérielle de tenir ce scrutin et certaines chancelleries occidentales commencent déjà à évoquer discrètement le schéma d’une transition politique au Mali.

 -Maliweb.net- Pour être valablement candidat à l’élection présidentielle, le prétendant doit recueillir la  signature de dix députés au plan national ou celle de cinq élus communaux dans chaque région. Il s’agit des huit régions préexistantes (Taoudéni et Ménaka n’étant pas des régions au moment de l’adoption de cette loi et n’ayant pas encore d’élus communaux), sauf que dans de nombreux cercles de ces régions, il n’y a juridiquement d’élus communaux, leur mandat ayant expiré depuis plusieurs années, les élections communales du 20 novembre 2016 n’ayant pu s’y tenir du fait de l’insécurité aggravée.

Aux termes de la loi, l’élu communal n’est pas une autorité intérimaire, concept conçu par l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Et plusieurs potentiels candidats optent pour la chasse aux élus communaux, dont le parrainage est onéreux que celui des députés, en fin de mandat et désirant des pactoles pour leur campagne législative. Il s’ensuit que dans des régions de Kidal, Tombouctou, Gao et Mopti, les prétendants aux charges présidentielles à la quête de la signature des élus communaux auront d’énormes difficultés à se faire ainsi parrainer… Si une vingtaine d’aspirants au fauteuil présidentiel d’IBK voulaient recueillir ce parrainage des élus communaux, l’on verra l’offre disponible largement insuffisante. Puisque qu’un élu communal ne peut parrainer deux candidats. Or, c’est un principe constitutionnel qui impose que la loi trouve des conditions de son applicabilité et tout potentiel candidat peut invoquer cet argument (insuffisance d’élus communaux) dans une région pour son parrainage… Ne sera-ce pas là de la matière  pour contester l’invalidation d’une candidature ? Rien n’est moins sûr.

Des partenaires hostiles à un scrutin bâclé

Pour plusieurs experts de la MINUSMA bien introduits dans les questions électorales, le Mali n’est pas en mesure d’organiser dans moins de quatre petits mois, l’élection présidentielle régulière acceptable et acceptée par tous les bords politiques. «Et nous ne voulons pas cautionner une quelconque mascarade électorale », insiste-t-il. Comme pour dire que la mission onusienne n’est pas prête à s’impliquer davantage dans le cautionnement d’une élection qui sera bruyamment contestée susceptible de faire basculer le pays dans la violence… Ce qui explique les appréhensions des partenaires du Mali dans la tenue des réunions en vue d’accélérer un processus électoral, «qui devrait se préparer sereinement depuis plusieurs années ». A titre d’exemple, l’on déplore que la loi modificative de la loi électorale est actuellement à l’Assemblée Nationale et l’on n’est pas sûre de la voir votée avant la deuxième quinzaine de ce mois d’avril. Et, en même temps des cadres du ministère de l’Administration territoriale sont envoyés en mission pour la conception et la commande de nouvelles cartes d’électeurs, dont le contenu est pris en charge par la loi (attendue).  Un amateurisme qui surprend. Surtout que le délai est trop court pour la commande, la réception de ces cartes, la vulgarisation de leur présentation et fiabilité pour un scrutin dont la campagne s’ouvre dans moins de trois mois.

Hypocrisie politique ?

En outre, du côté des états-majors politiques, l’on fait semblant d’être dans les préparatifs de l’élection présidentielle. Il y a plus de démarches individuelles des prétendants au fauteuil présidentiel que de manœuvres collectives des partis politiques. A titre d’exemple, pour des rencontres devant préparer des stratégies électorales, les cadres et militants brillent par leur absence, leur retard ou leur manque d’engouement. Ce constat est signalé tant du côté du parti au pouvoir que dans les rangs des partis d’opposition.

En plus de cela, l’atmosphère politique ne donne aucunement l’impression de celle des veilles d’élections. Aucune fièvre électorale dans le pays à trois mois du scrutin. Ce qui dénote d’un dégoût des populations vis-à-vis des enjeux électoraux de cette présidentielle, qui sera, du reste suivie des élections législatives d’octobre novembre prochain.

Certains observateurs expliquent d’ailleurs que si IBK n’a pas encore annoncé sa candidature à la présidentielle c’est parce qu’il est convaincu que le scrutin ne peut pas se tenir. Au risque d’ouvrir une véritable boîte à pandore de tous les dangers. Le chef de l’Etat sait qu’il pourrait, dans ce cas de figure, essuyer de houleuses contestations, plus menaçantes que celles du rejet du projet de révision constitutionnelle (avec la plateforme Antè a banna), finalement avortée…

Par ailleurs, les leaders politiques eux-mêmes semblent démotivés et circonspects par rapport à la tenue de ce scrutin. C’est ainsi que plusieurs potentiels candidats confient en aparté leur scepticisme et appellent même le pouvoir à mettre sur pied un cadre de discussions pouvant se pencher sur l’éventualité de la non tenue du scrutin le 29 juillet.

Le président sortant lui-même a récemment eu avec son prédécesseur, le président intérimaire, Pr Dioncounda Traoré, une entrevue sur le schéma d’une transition politique.

Lors d’une conférence de presse, le 4 avril dernier, le président du parti SADI, candidat déclaré à la présidentielle, Dr Oumar Mariko, déclarait que ce serait un scandale d’organiser les élections dans les conditions d’insécurité actuelles. « Je demande au président IBK et à son gouvernement d’arrêter de duper les Maliens. Il est impossible de tenir l’élection présidentielle dans la condition actuelle du pays encore moins dans trois mois. Si on organise l’élection dans ces conditions, on risque une nouvelle crise et cela n’est pas bon pour le Mali. Mais une chose est sûre, le parti SADI ne laissera personne voler les élections comme par le passé“, a-t-il martelé.

L’histoire donne raison à Ousmane Sy et Seydou Badian Kouyaté

Cet appel peut-il être banalisé dans le contexte actuel de crise rampante ? L’histoire ne semble-t-elle pas donner raison à l’ex-ministre Ousmane Sy et au Doyen Seydou Badian Kouyaté qui alertaient très tôt sur l’éventualité d’une impasse en cas de non tenue de la présidentielle à date échue ?

Ces questions méritent aujourd’hui un débat national patriotique dans la mesure où la Constitution n’a rien prévu comme scénario de non tenue à date échue de l’élection présidentielle. Comment gérer ce vide constitutionnel ou cette impasse sujette à bien d’appréhensions ?

La question n’est plus taboue. Le chef de l’Etat doit s’en approprier et convoquer des assises spéciales pour ainsi sauver les meubles. Surtout que le contexte sécuritaire ne s’améliore visiblement pas comme on est en droit de l’espérer. Et dire que plusieurs localités du nord et centre, des centaines d’élus locaux, craignant pour leur vie, se sont déplacés ou réfugiés ailleurs. Comment recueillir des appuis électoraux de ces cadres ? On peut en conclure qu’une transition consensuelle vaut mieux qu’une élection présidentielle bâclée ouvrant une boîte de pandore aux conséquences incalculables. C’est le constat qui s’impose au Mali aujourd’hui et que les plus hautes autorités ne semblent pas appréhender.

Ce contexte est plutôt porteur de bien d’appréhensions des plus funestes, même si chaque jour que Dieu fait, de potentiels aspirants à la charge présidentielle sortent leur tête de l’eau boueuse du Djoliba. Comme si le peuple est conduit vers… un grand bluff!

Boubou SIDIBE/Maliweb.net

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4 COMMENTAIRES

  1. Les hommes politiques maliens sont très dangereux. Ils sont pires que les « jihadistes ». On peut ne pas aimer ces derniers, mais on ne peut pas nier que eux ne cachent pas leurs intentions. Quant à nos politiques, leurs intentions sont inavouées. Preuve : eux tous se ruent pour se proclamer candidats à l’élection présidentielle qui est pratiquement et techniquement impossible en 2018. Selon eux (et certains intellectuels se disant constitutionnalistes) ,IBK n’est plus président à l’expiration de son mandat. Or tout près de nous, son ami Gbagbo est resté au pouvoir 10 ans parce que les élections ne pouvaient pas être organisées. Nos politiques savent très bien que légalement IBK ne remettra le pouvoir qu’à un président élu. Je me demande alors quel tour sont-ils entrain de préparer ? Wait and see (attendre et voir).

  2. On ne parle pas trop. Rendez-vous est pris pour le 29 juillet prochain. J’ai l’impression que le tenue des élections a surpris les opposants maliens qui ne savent pas comment aller à ces élections car n’ayant fait que parler du président IBK pendant 5 ans. Ils n’ont donc rien à proposer maliens. Cette élection aura lieu et le président IBK va l’emporter. Le premier ministre SBM le succédera en 2023. Voilà le schéma. Certains vont fuir ce pays pour des destinations inconnues.

  3. ASSISE NATIONALE, Où LES SANS VOIX SERONT ENFIN CONSULTES.
    LE MALI PIETINE LA POPULATION D’EN BAS, LES SOIT DISANT ELITENT IGNORENT ET REPUGNET LES PAUVRES.

    QUELS MALHEURS LORQUE LES FAIBLES SONT OPPRIMES DANS TOUTES LES ACTIONS PUBLIQUES.

    QUE L’ON SOIT ATHEE OU RELIGIEUX DIEU EST UN ET TOUJOURS LE MËME POUR TOUS, DES INTELLIGENCES “dolosives” ONT ENGLOUTIS LES CHANCES DES SANS VOIX: LE DIEU IL DORT PAS, IL JUGE ET IL JUGERA sans corruption

    LE NORD SOUFFRE DEPUIS 40 ANS, ENCORE APRES LE DELUGE DE 2012 LES PRATIQUES DE BRIGANDAGES PAR LES ELITES SE POURSUIT DE PLUS BELLE

    ON NOUS PARLE DE MILLIARD ET APRES ON NE VOIT QUE DES PLAQUES D’ONG ET CE DESERT QUI AVANCE ET AVANCE……………………………………..

  4. CONTINUEZ A PRENDRE VOS DÉSIRS COMME DE LA RÉALITÉ.

    CEPENDANT ÉVITEZ DE RACONTER DES HISTOIRES NOTAMMENT EN CE QUI CONCERNE LES CHANCELLERIES OCCIDENTALES ET LES CADRES DE LA MINUSMA.

    AUCUNE CHANCELLERIE NI AFRICAINE, NI OCCIDENTALE NE VOIT UNE AUTRE ALTERNATIVE À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE CAR IL N’ Y A EN PAS.

    AUCUN CADRE DE LA MINUSMA N’A MANDAT POUR SE MÊLER OU PARLER D’ELECTION AU MALI

    QUANT A SEYDOU BADIAN OU OUSMANE SY LAISSEZ LE PROFITER DU REPOS BIEN MÉRITÉ APRÈS DE BONS ET LOYAUX SERVICES RENDUS A LA NATION. CEPENDANT EUX ET LES AUTRES MALIENS NE VIVENT PAS DANS LE MÊME PAYS PEUT ÊTRE PAS SUR LA MÊME PLANÈTE.

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