Élection des conseillers communaux : Le pari du 20 novembre est-il tenable ?

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Sur le rapport du ministre de l’Administration territoriale, le Conseil des ministres a adopté, en sa séance du mercredi 10 août, un projet de décret portant convocation du collège électoral. Ainsi, la tenue de l’élection des conseillers communaux a été fixée  au  dimanche 20 novembre 2016 sur toute l’étendue du territoire national.

Après plus de trois reports successifs de la tenue de l’élection des conseillers communaux, le gouvernement vient de se doter d’un  nouveau  calendrier  lors du Conseil des ministres tenu le  mercredi 10 août dernier. «Le collège électoral est convoqué le dimanche 20 novembre 2016 sur toute l’étendue du territoire national à l’effet de procéder à l’élection des conseillers communaux. La campagne électorale à l’occasion de l’élection des conseillers communaux est ouverte le vendredi 04 novembre 2016 à zéro heure. Elle est close le vendredi 18 novembre 2016 à minuit», ainsi en a décidé le Conseil des ministres.

En attendant l’échéance fixée, les supputations  vont bon train dans les  états-majors des partis politiques  sur l’éventuel respect de ce calendrier électoral tant attendu.

Faut-il le rappeler, la situation sécuritaire, le retour des refugiés, entre autres,  ont   été les arguments ayant pesé lourdement  dans la balance  pour les  différents reports de cette élection de proximité. A jeter un regard sur la situation  sécuritaire du pays,  on constate aisément que l’accalmie tant recherchée  n’est pas encore au rendez-vous. Car, la tension tribale demeure toujours  très vive au  septentrion du Mali. Et par intermittence, l’insécurité s’exporte  dans les régions du Sud. En tout cas,  sans l’implication  de tous les acteurs concernés, le processus   risque d’être plombé par les velléités des uns et des autres. Par ailleurs, il y a une préoccupation qui mérite d’être répondue, surtout qu’il s’agit d’une élection de proximité. Il s’agit  du cas des réfugiés. Surtout quand on sait que  la plupart de nos compatriotes ayant trouvé refuge dans les paysans  voisins, du fait de la crise ne sont pas encore retournés au bercail à cause de l’instabilité. Et pourtant, leur retour faisait partie des raisons invoquées pour  le report répétitif  de cette élection. Lors de la journée mondiale des refugiés, tenue le 20 juin dernier à la Cité des enfants, Amadou Billy Soussoko, président de la commission nationale chargée des réfugiés,  a affirmé  qu’il y a  165 000 maliens qui demeurent en exil dans les pays voisins.

Pour l’heure, les observateurs de la scène politique malienne se demandent si  des dispositions pourront être prises pour le retour  des réfugiés avant l’échéance  fixée  ou si ceux-ci vont voter dans les  camps de refugiés; les préparatifs de cette élection ne vont –ils pas  compromettre  le calendrier de la mise en place des autorités intérimaires ? L’insécurité ambiante pourra-t-elle être jugulée pour que l’élection se tienne sur toute l’étendue du territoire ? A tout point de vue, ce  pari  s’avère difficile, mais pas impossible. Les dés sont ainsi jetés, il revient maintenant à l’Etat de mettre le paquet pour  des élections saines, transparences et inclusives.

Les enjeux

Les enjeux de cette élection de proximité  sont énormes sur bien des plans. Ce rendez-vous  électoral tant attendu constitue,  à n’en pas douter,  un pas important dans le processus de stabilisation du Mali. Elle permettra aux conseillers communaux de se refaire une virginité sur la scène politique. Car, ils ont perdu depuis belles lurettes toute légitimité, leur mandat étant expirés il y a deux ans. Si pour le ministère de l’Administration territoriale, l’organisation de cette élection devra permettre de tourner la page des autorités intérimaires  dont la mise en place suscite  beaucoup de controverses tant dans la sphère politique  qu’au sein de la société civile.   Mais pour les partis politiques,  ces élections semblent être l’occasion toute rêvée de prendre conscience de leurs forces et leurs  faiblesses avant les élections présidentielles de 2018. Il n’est un secret pour personne que depuis quelques temps, les leaders politiques se tapent la poitrine pour vanter la forte implantation de leur parti à travers le pays.

A quand les élections régionales et celles du district de Bamako ?

Après  la fixation du calendrier de la tenue de l’élection des conseilleurs communaux, le plus grand rendez-vous électoral est celui des élections régionales et celles du district de Bamako. Pour l’heure, aucune date n’est encore fixée.

En attendant une décision du Gouvernement  sur la question, la course pour la succession au Maire Adama Sangaré a  visiblement commencé, du moins  avec la prétention  plus ou moins révélée de certains.

D’ores et déjà, le parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali (RPM), a désigné son porte-étendard. Il s’agit de Issa Guindo, ancien deuxième conseiller en charge des affaires domaniales à la  maire de la commune IV du district,  ancien maire de la même commune et non moins président de la commission d’attribution des derniers logements sociaux.

L’autre  personnalité en lice  est le président du parti  Yelema,  Moussa Mara,  non moins  ex-Premier ministre  du Mali et  ancien maire de la commune IV, ancien ministre de l’Habitat et de la Politique de la Ville.

De toute évidence,  avant d’autres déclarations de candidature, tout semble indiquer pour l’heure que  la course à la Mairie du District s’avère une bataille ardue.

Boubacar SIDIBE

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