A force de cultiver une sorte de fétichisme du respect du délai constitutionnel de la tenue de la prochaine présidentielle, le gouvernement et la classe politique préparent les conditions d’un scrutin approximatif dont les résultats seront fortement contestés.
- Maliweb.net - Le vendredi dernier des acteurs politiques de la majorité et de l’opposition ont échangé avec une délégation de l’Union Européenne sur les préparatifs de la prochaine élection présidentielle. Beaucoup d’appréhensions et de récriminations de cadre préparatoire de l’élection présidentielle annoncée et réitérée à loisir pour le 29 juillet y ont été détaillées.
La veille de ces rencontres, les opposants ont produit un mémorandum assez critique pour le gouvernement sur les conditions d’organisation de la prochaine élection présidentielle. Et les opposants vont jusqu’à demander une réforme de la procédure de travail de la Cour constitutionnelle et une certification des résultats qui sortiront des urnes.
Sans oublier les nouvelles mesures d’amélioration du système électorale avec la présence d’assesseurs de la majorité et de l’opposition dans chaque bureau de vote, les hésitations entre les cartes NINA à conserver ou les nouvelles cartes d’électeur avec photos à adopter, etc. Il y a une panoplie d’innovations à intégrer à la loi électorale pour une électorale qu’on jure d’organisation le 29 juillet prochain, c’est-à-dire dans quatre petits mois.
Le pire dans tout cela, c’est le terrain sécuritaire où l’on signale la présence de mines dans plusieurs localités du centre et du nord du pays, la présence de hordes de jihadistes et de groupes de bandits par endroits menaçant la tenue d’un scrutin mais surtout une campagne électorale.
Comme si cela ne suffisait pas, les 8 cercles de la région de Mopti (centre du pays) sont quasiment en déflagrations avec des affrontements interethniques, des tueries et règlements de compte qui font froid dans le dos.
Et un expert de l’ONU récemment dépêché dans notre pays a, après analyse de la situation et des visites sur le terrain, a clairement signalé qu’aucune élection présidentielle crédible ne peut se tenir dans ces condition en juillet prochain.
Pendant ce temps, les gouvernants et les acteurs politiques semblent pratiquer la politique de l’autruche en rabattant les oreilles sur la tenue à date du scrutin présidentiel. Et les potentiels candidats s’engouffrent dans la brèche des rodomontades gouvernementale pour pomper l’air de l’agitation politiques. Comme si le sort du Mali dans son entièreté ne les préoccupe pas. C’est seulement l’air conditionné et douillet du palais de Koulouba qui les intéresse alors que le pays est en train de s’effondrer. Du côté de la majorité comme de l’opposition, l’on semble obnubilé par la conservation ou la conquête des privilèges du pouvoir au détriment de ces millions de Maliens, qui broient du noir quotidiennement victimes des attaques terroristes ou intercommunautaires. Comment sensibiliser de telles populations à aller voter ? Comment mener une campagne électorale dans un tel environnement ?
Tout est fin prêt ou tout se met en place pour une mascarade électorale aux résultats violemment contestés. Et quand on sait que le pays vit déjà une crise dans plusieurs domaines et que les nerfs des Maliens sont déjà à fleur de peau, il urge de désamorcer cette bombe sociale (risque insurrectionnel certain, selon des observateurs)qu’on est en train de préparer. Peut-être sans s’en rendre compte.
IBK et son Premier ministre doivent ouvrir les yeux et se rendre à l’évidence pour, avec humilité et responsabilité lancer une grande consultation de toutes les forces vives du pays pour un…schéma (national et concerté) de sortie de crise, avant qu’il ne soit trop tard. Cela nous évitera de sombrer sans possibilité de sauvetage cette fois-ci.
Boubou SIDIBE/Maliweb.net