Avion présidentiel et des équipements militaires : Des condamnés interjettent appel

13 Juillet 2025 - 01:43
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Avion présidentiel et des équipements militaires : Des condamnés interjettent appel

 La Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers, présidée par le magistrat Bamassa Sissoko assisté de ses quatre conseillers : Bandiougou Fofana, Amadou Touré, Zakaria Kanté et Hassana Dolo, a rendu son verdict ce mardi 8 juillet 2025 dans le procès très médiatisé relatif à l’acquisition de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Après six semaines de débats intenses, la Cour a condamné Mme Bouaré Fily Sissoko à 10 ans de réclusion criminelle et une amende de 500 000 F CFA, et Nouhoum Dabitao à 7 ans de réclusion criminelle assorti d’une amende de 300 000 F CFA.

En revanche, Mahamadou Camara et Moustapha Drabo ont été purement et simplement acquittés.

Lors de l’audience du lundi 7 juillet, dédiée aux plaidoiries de la défense, les avocats ont pris la parole après les réquisitoires du parquet général et du contentieux de l’État. Tous ont salué la tenue des débats, parfois houleux, et la rigueur de la Cour dans sa gestion de la police des débats.

Dans une plaidoirie de 90 minutes, Me Dianguina Tounkara, conseil de Mme Bouaré, a rejeté en bloc les accusations de « faux, usage de faux et atteinte aux biens publics ». Il a dénoncé l’absence de preuve matérielle, malgré six semaines d’auditions, et plaidé en faveur d’un acquittement pur et simple.

Bien que le ministère public ait lui-même requis l’acquittement de Mahamadou Camara, ses trois avocats ont démonté point par point le réquisitoire du procureur Koké Coulibaly.

Me Robert Takoré a qualifié ce réquisitoire de "campagne électorale", suggérant qu’il visait des objectifs extra-judiciaires. Il a réfuté fermement l'idée que l’expression des besoins militaires ne provenait pas de l’armée, affirmant :

"Lors de la campagne présidentielle, IBK avait fait de l’armée son cheval de bataille. C’est dans ce contexte qu’il a chargé Mahamadou Camara de délivrer un mandat à Sidi Mohamed Kagnassy pour négocier avec ses partenaires".

Me Mamadou Bobo Diallo a, quant à lui, dénoncé un procès politique ciblant le régime IBK, qualifiant les charges du parquet de "vides et sans fondement".

Me Harouna Keita est allé plus loin, évoquant une forfaiture dans la réouverture de ce dossier initialement classé sans suite à deux reprises. Il a pointé du doigt un abus de pouvoir de l’ancien garde des Sceaux et exhorté la Cour à "entrer du bon côté de l’histoire" en prononçant un acquittement général.

Le procès de l’avion présidentiel et des équipements militaires a entamé, ce mardi 8 juillet 2025, sa dernière ligne droite devant la Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers.

Conformément à la procédure pénale, la parole a été donnée aux accusés pour qu’ils expriment leur ultime déclaration. Mme Bouaré Fily Sissoko fut la première à s’exprimer. Elle a salué la conduite des débats par le président Bamassa Sissoko et ses conseillers, malgré quelques tensions avec le parquet. Elle a insisté sur son respect pour la justice et a justifié son refus de verser une caution.

"Ma dignité, mon honneur et mon éducation ne me permettent pas de payer une caution après avoir été placée sous mandat de dépôt. Je n’ai d’ailleurs pas cette somme, et j’ai demandé qu’aucune personne ne la paie pour moi. Je préfère être jugée", a-t-elle déclaré avec émotion.

Ses coaccusés, Nouhoum Dabitao, Moustapha Drabo et Mahamadou Camara, ont eux aussi exprimé leur reconnaissance à la Cour pour sa patience et son sens de l’écoute.

Verdict et réquisitions finales

Après lecture des questions issues de l’arrêt de renvoi et des débats, seuls Mme Bouaré Fily Sissoko et Nouhoum Dabitao ont été retenus dans le lien de l’accusation. Le parquet général a ensuite proposé des sanctions fermes : 20 ans de réclusion criminelle, une amende de 500 000 F CFA et l’inéligibilité à vie pour Mme Bouaré et 10 ans de réclusion criminelle, une amende de 500 000 F CFA, confiscation de biens et interdiction d’exercer une fonction publique pendant 10 ans pour Nouhoum Dabitao.

En réponse, la défense a plaidé pour des peines clémentes. Me Tounkara a exprimé son regret de n’avoir pu obtenir l’acquittement de sa cliente, âgée de 70 ans, et a demandé sa libération en tenant compte de ses années de détention. La défense de Dabitao a souligné son parcours militaire et sollicité un sursis.

Leur mise en liberté immédiate a été ordonnée, et les dépens mis à la charge du Trésor public.

Par contumace, la Cour a également condamné à perpétuité les prestataires et Moustapha Ben Barka, régulièrement cités dans l’arrêt de renvoi et les débats.

Intérêts civils : une facture salée

Concernant les intérêts civils, le représentant du contentieux de l’État, Issa Aliou Maïga, a présenté une série de demandes de remboursement et dommages atteignant près de 50 milliards F CFA. La Cour, dans son arrêt civil, a statué comme suit :

Mme Bouaré Fily Sissoko et Moustapha Ben Barka 3 320 189 000 F CFA frais liés à l’achat de l’avion présidentiel.

Guo Star : 15 000 000 000 F CFA prix d’achat d’armes létales non livrées, 3 071 952 400 F CFA pour redevances et impôts indus.

Nouhoum Dabitao 2 657 170 F CFA        matériels non représentés.

Nouhoum Kouma et Moustapha Diaby 500 000 000 F CFA chacun frais de transit.

Accusés susnommés (solidairement)     10 000 000 000 F CFA dommages et intérêts à l’État du Mali. La Cour a rejeté la demande du parquet concernant la restitution des biens auprès des ayants droit de feu Soumeylou Boubèye Maïga.

L’annonce du verdict, ce mardi 8 juillet 2025, a plongé la salle d’audience dans une atmosphère aussi grave que poignante. Les condamnations de Mme Bouaré Fily Sissoko et de Nouhoum Dabitao, ainsi que les peines prononcées par contumace contre plusieurs figures majeures, ont provoqué une véritable onde de choc.

Les bancs du public, garnis de journalistes, proches des accusés, et curieux anonymes, ont cessé de murmurer chacun mesurant l'ampleur d’une justice qui vient de frapper fort. Certains proches des condamnés ont détourné le regard, d'autres ont discrètement versé des larmes.

Du côté des avocats, les visages sont restés dignes mais tendus. Me Dianguina Tounkara, défenseur de Mme Bouaré, semblait abattu : le verdict qu’il redoutait s’était matérialisé malgré une plaidoirie passionnée.

Hier, jeudi, 10 juillet 2025, deux jours après le verdict retentissant rendu par la Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers, Me Dianguina Tounkara, avocat de Mme Bouaré Fily Sissoko, a officiellement déposé un pourvoi en cassation devant la Cour suprême du Mali. Cette démarche marque l’ouverture d’une nouvelle séquence judiciaire, dans l’espoir de faire annuler ou réviser les condamnations prononcées.

Ousmane Mahamane

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