Drame familial à Niamakoro : Le frère « assassin » condamné à cinq ans de prison !

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    La Cour d’Assises de Bamako, avant la clôture de sa première session, a traité une affaire non moins importante, il s’agit de celle qui avait défrayée la chronique il y’a deux ans de cela à Niamakoro. Autrement appelée « le drame de la famille Traoré » dont le principal accusé est  Adama Traoré, qui a écourté la vie de son propre frère au sujet d’un malentendu sur la transformation du bâtiment familial.Il a écopé de cinq ans d’emprisonnement ferme.

     L’audience du jour était présidée par Moussa Sada Diallo, assisté des conseillers Kamafily Dembélé et El hadj Amadou Bah  et le ministère public représenté par Moussa Fadama Bagayoko.

    Cette affaire, renvoyée aux assises par la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako en Avril dernier, a été instruit par le juge d’instruction du tribunal de la première instance de la commune VI du district de Bamako.

     Au rôle, ce mercredi, 22juin 2011, a comparu Adama Traoré, technicien de froid, marié et père d’un enfant, pour avoir assassiné son grand frère de lait, Sinaly Traoré, réparateur de véhicules.

    Du côté de la défense, les avocats, Me Moussa Synayoko et Me Robert Sanogo avaient du pain sur la planche pour convaincre le juge Diallo et ses assistés de l’intention non meurtrière de l’accusé et chercher une circonstance atténuante pour lui, en comptant sur l’apport des témoins dont Kadiatou Fofana (femme du défunt), Yaya Traoré et Harouna Traoré (tous oncles du défunt).

    En effet, les faits remontent au 19 avril 2009, quand une bagarre a opposé à Niamakoro(Bamako) Sinaly Traoré à ses frères, dont Adama Traoré. Lequel a menacé toute la famille de mort, ainsi, Sinaly s’est d’abord attaqué au frère ainé avec un coupe-coupe, celui ci  a eu la vie sauve grâce à l’habilité de ses jambes. Ensuite Sinaly se dirigea vers Adama qui, au lieu de s’enfuir comme son grand frère a opté lui tenir tête, du coup Adama n’a pas hésité à décharger sur lui les balles de son fusil.

    Un cas de mort ou d’assassinat ?

    Après la lecture partielle des dépositions et l’audition de l’accusé qui a répondu aux questions posées par les juges, l’intervention du représentant du ministère public, Moussa Fadama Bakayoko, a été un temps fort de cette audience. En effet, selon le magistrat debout, l’acte commis par l’accusé a été effectué avec préméditation d’où qualifiable d’assassinat et non d’une légitime défense.

    En réplique les avocats de la défense ont riposté en se référant aux dires de leur client  qui a dépeint le caractère dangereux du défunt.

     A la barre l’accusé Adama Traoré s’est exprimé en ces termes : «cette affaire ne date pas d’aujourd’hui, nous vivons depuis longtemps ensemble dans la même cour, à Niamakoro, qui appartient à notre grand père paternel. Après la mort de notre Père, des malentendus ne cessaient de s’enliser entre Sinaly et toute la famille y compris notre mère sur beaucoup de points dont à travers lesquels Sinaly décida de vivre seul en allant s’installer avec sa femme et ses deux enfants dans notre deuxième cour qui est à un carré de la grande famille. De ce fait, toute la famille lui parla, ses frères et sœurs et oncles cela  ne résout rien. Un jour, par décision familiale, on a décidé de construire  une chambre pour le cadet, de notre famille Alou Traoré, dans la cour où Sinaly se trouve et celui-ci refusa. Moi Adama en personne, alla lui voir pour le faire comprendre et cela termina sous une  menace de mort ». C’est ainsi selon ses propos, qu’il est retourné  dans la grande famille et après Sinaly est venu les trouver là-bas avec l’intention de le tuer. Leur maman entra entre eux et il retourna chez lui en brandissant des mots horribles : ‘’si je te trouve je te tue’’. En conséquence, Adama fait plus d’une semaine chez un de ses amis pour échapper à ce sort et décida d’alerter la police et  la gendarmerie qui ont prévenu  Sinaly de l’enfermer, au cas où il ne tempérera pas ses ardeurs.

    « Après tout cela, le Samedi qui a précédé le jour du meurtre, sous la décision de mes ainés, on était entrain de transformer l’ancien bâtiment de la famille en endure et sine die, il entra dans la cour  pour affirmer qu’il n’acceptera pas que quel qu’un construise dans cette cour. Ce jour là aussi, la maman a intervenu pour le renvoyer. Le lendemain, dimanche jour du meurtre, Sinaly est venu nous trouver à la maison entrain de travailler et répète les mêmes propos, la maman intervient encore et elle, en partant au marché nous dit tous de sortir car elle avait l’intuition qu’à son absence Sinaly pouvait revenir menacer. Chose faite, après le départ de la maman pour le marché, Sinaly revient dans la cour avec un coupe-coupe en main et dès la porte annonça qu’il va me tuer aujourd’hui, c’est après quoi qu’il fonça vers moi  et mon grand frère Seydou qui était devant lui a fui pour se mettre derrière. C’est en ce moment que j’ai tiré sur Sinaly à la poitrine après lui avoir dit  de ne pas s’approcher et s’en est suivi la mort » a  affirmé Adama à la barre.

    Ces propos d’Adama ont été réaffirmés et soutenus par les témoins de la partie civile, dont kadiatou Fofana, Yaya et Harouna Traoré.

    Toute chose qui a irrité M. Bakayoko qui martèle que le coup a été prémédité que Adama l’a fait et qu’il doit l’assumer. A l’encontre des  parents du défunt, le représentant du ministère public estime que dans leurs témoignages, ils se servent d’une caricature de buveur, agresseur de la victime pour blanchir Adama.

    Les juges, après concertation avec les assesseurs, ont déclaré enfin Adama coupable de la mort de son grand frère et cela lui a valu une sentence  d’une réclusion ferme de cinq ans.

    Boubacar Yalkoué 

     

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