Bande sahelo-saharienne : La crise malienne résonne en Algérie, les autres pays de l’Afrique sont en sursis

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C’est formel : la  situation au Nord-Mali aura de sérieuses répercussions sur les pays voisins. Et pendant que les rideaux tombent sur le Forum mondial antiterrorisme en Algérie, des combattants d’Ansar al-Din y ont été arrêtés le samedi 14 avril  alors qu’ils tentaient de s’infiltrer dans le Sud du pays.

Ce samedi-là, il faisait nuit le long de la frontière avec le Mali lorsque les services de sécurité algériens ont repéré un véhicule suspect. Après avoir fouillé  le pick-up, ils y ont découvert une importante quantité d’explosifs.

Il est fréquent que les forces de l’ordre présentes dans la région frontalière de Tamanrasset interceptent régulièrement des trafiquants et des combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Mais cette fois-ci, les trois Algériens et le ressortissant malien appréhendés ce 14 avril près de Tinzawaten appartiennent au groupe islamiste Ansar al-Din  dirigé par Iyad Ag Ghaly dans le Nord-Mali. En fait, la crise malienne vient de franchir les frontières de l’Algérie. Et le pays d’Abdel Aziz Bouteflika est désormais conscient de ce que signifie, pour la stabilité dans la région, la prise de pouvoir, dans le nord du Mali, par des islamistes armés et des terroristes. Au lendemain du coup d’Etat militaire, Ansar al-Din a mis la main sur la plus grande partie du nord du Mali, conjointement avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Le lendemain de ces arrestations à Tamanrasset,  les services de renseignement français parlaient de la crise malienne lors de la Conférence internationale sur la sécurité au Sahel organisée à Alger. Ils y ont souligné que l’Algérie est le seul pays d’Afrique du Nord à disposer d’une armée bien équipée et bien entraînée, avant de reconnaître qu’il est important, pour le pays de « Boutef » (Bouteflika), d’affirmer de manière déterminée sa position de puissance dominante dans la région car selon  eux, il  y va de l’intérêt de la sécurité de l’Algérie. Toutefois, les autorités algériennes sont conscientes que leur pays se trouve directement confronté à la situation qui prévaut dans le Nord du Mali : « Nous ne sommes pas à l’abri des prolongements négatifs induits par cette dégradation de la situation ».   Depuis que le MUJAO (Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest), affilié à Al-Qaïda, a enlevé sept diplomates algériens du Consulat à Gao, l’Algérie se trouve directement impliquée dans la crise malienne.

Le problème du Mali n’est pas seulement celui de l’Algérie

Pour l’Etat algérien, c’est une pression supplémentaire qui devra être supportée par les armées des pays de la région car  les pays du Sahel auront aussi à faire face aux conséquences humanitaires de cette crise, notamment avec les flux de réfugiés maliens. Désormais, la situation au Mali contraint l’Algérie à réserver un budget supplémentaire pour la préservation de sa sécurité et pour répondre à l’arrivée de dizaines de milliers de Maliens sur son sol. En effet, les combattants touaregs du MNLA ont mené la lutte pour obliger les forces maliennes à quitter le Nord du pays, créant ainsi une vacance de pouvoir qui est aujourd’hui exploitée par les islamistes de la région. Les autorités algériennes ont fait une autre évaluation inquiétante de la situation au Nord : elles  avertissent que du Cameroun au Kenya, les nouveaux acteurs terroristes au Mali (le MUJAO) et les liens croissants entre les réseaux terroristes au Sahel et ceux présents au Nigeria et en Somalie représentent une menace pour le continent. Aussi, l’Etat algérien affirme : « A notre sens, ce qui se passe au Mali est bien plus sérieux qu’un simple remous sur le théâtre politique. Cela entraîne la déstabilisation d’un Etat et d’une région et l’ouverture d’une véritable boîte à pandore de l’insécurité ». Mais il envisage deux scénarii possibles pour l’Azawad : une « afghanisation » avec l’émergence d’un nouveau front terroriste international, ou une « somalisation »  avec la prolifération du crime organisé et des trafics de drogue. L’instabilité dans le Nord du Niger pourrait également représenter un nouveau casse-tête pour l’Algérie. Les prévisions  du pays de Bouteflika sont moins dramatiques : « Des groupes terroristes extrémistes veulent déstabiliser la région, mais avec ses partenaires, l’Algérie saura trouver les moyens adéquats pour faire face à cette menace », déclare-t-il tout en ajoutant que l’Algérie considère ses frontières non pas comme des lignes de séparation, mais comme des espaces de partage et d’échange : « La stabilité à nos frontières est importante, et nous devons y participer avec les Etats de la région ». Pour l’instant au moins, les Algériens vivant dans le Sud du pays se sentent relativement à l’abri du danger. Selon  des chefs de tribu touaregs de Tamanrasset, « les rebelles maliens n’ont pas l’intention de déstabiliser l’Algérie ». Ils indiquent : « Nous n’avons pas les mêmes objectifs ni les mêmes revendications que les Touaregs maliens ».  Néanmoins, ces leaders font part de leur inquiétude concernant les groupes terroristes qui circulent librement dans la région, en particulier dans la ville de Tamanrasset.

Durant les années 1990, la ville était restée à l’écart des conflits. Mais le mois dernier, un attentat suicide à Tamanrasset, perpétré par le MUJAO, a blessé quinze policiers et huit civils devant le siège de la Gendarmerie nationale. Ce qui paraît « très étrange ! » pour les habitants de la ville qui précisent cependant qu’ils ne peuvent  plus maîtriser la situation car  des étrangers envahissent la cité : « Nous voulons nettoyer notre ville. Nous sommes devenus un carrefour de maladies et de contrebande ». Au vu des différentes menaces que connaît  cette ville de Tamanrasset, les autorités algériennes sont obligées de riposter. L’une de ces ripostes consiste à améliorer les conditions de vie dans la région. Bien que les autorités algériennes n’excluent pas la possibilité de fermer la frontière avec le Mali, l’attention se tourne désormais vers un nouveau programme de développement pour les villes et villages de l’extrême-Sud. Récemment, le Premier ministre algérien a annoncé que dix grandes entreprises publiques seront créées pour assurer la relance de l’économie locale. Selon lui, les programmes de développement pour Tamanrasset reflètent l’intérêt grandissant et les efforts colossaux de l’Etat visant l’édification de la nation. Déjà, il y a une réflexion extrêmement importante sur le grand Sud algérien, tous créneaux confondus, pour qu’il y ait une véritable transformation.  Et les experts des trente pays qui ont participé au Forum antiterroriste mondial à Alger tirent la sonnette d’alarme : la déclaration de l’indépendance de l’Azawad, qui fait que le Mali sera coupé en deux, ne fera que profiter à AQMI et à d’autres groupes terroristes. Par ailleurs, le Rassemblement africain pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) appelle la communauté internationale à empêcher le Mali de devenir  « l’Afghanistan de l’Afrique ». Cette organisation de défense des droits de l’homme basée à Dakar rappelle que les insurgés islamistes qui se sont emparés du Nord du Mali, dans le contexte du chaos consécutif au récent coup d’Etat, cherchent à imposer la charia à l’ensemble du pays, comme l’avaient fait les Talibans en Afghanistan. En attendant, la crise malienne doit être perçue comme une « bombe à retardement » pour l’Afrique. Ce qui doit contraindre les pays voisins et la communauté internationale de répondre à cette crise pour éviter la déstabilisation de la région par des puissances terroristes occultes.

A bon entendeur, salut !

Jean Pierre James

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4 COMMENTAIRES

  1. L’Algerie veut le “MNLA”. Tout comme la France, Algerie est victime du mirage que ce groupe fantome qui depend entierement de deserteurs traitres de l’armee malienne et de terroristes est “laique”. L’Algerie s’hasarde meme a soutenir le “MNLA” secretement par la logistique. Mais aujourd’hui la situation depasse tout le monde. On ne peut jamais de groupes armes illegaux et pouvoir predire les consequence meme en Libye les islmistes vont gagner le terrain. L’Algrie a trahi l’Etat malien parce que la politique laxiste de ATT l’agacait… mais ce n’etait sage comme decision. Il temps qu’elle revinnent vite vers le nouveau regime au Mali afin de trouver une solution definitive.

  2. Ca ne fait que commencer. Depuis 6 ans ATT vous a demande de reunir les effort pour combattre ce fleau. Vous avez ignore le probleme. Maintenant ATT n’est plus la. Vous allez voir de vos yeux

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