Dans les coulisses de l’accord de Niono au Mali [1/4]

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RFI vous propose cette semaine une série de quatre reportages sur l’accord de cessez-le-feu inédit conclu le 14 mars pour une durée d’un mois entre les jihadistes de la katiba Macina, liés à al-Qaïda au Maghreb islamique, et les chasseurs Dozos qui les affrontaient pour tenter de protéger certains villages, notamment celui de Farabougou, dans le cercle de Niono (région de Ségou). L’État malien, qui a mandaté les négociateurs, doit encore se prononcer d’ici la fin de la semaine sur un point précis de cet accord.

De notre envoyé spécial, 

Des centaines d’habitants tués, des milliers d’hectares de cultures brûlées et de têtes de bétail volés. Sans parler du cas emblématique de Farabougou, village placé sous blocus jihadiste pendant plus de six mois… Depuis début octobre, le cercle de Niono vit au rythme des affrontements entre jihadistes de la katiba Macina – affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, lui-même allié à al- Qaïda au Maghreb islamique – et chasseurs traditionnels Dozos.

Début décembre, mandatée par les autorités de Transition, une équipe du Haut Conseil islamique, conduite par Moufa Haidara, entame discrètement des négociations directes avec les jihadistes. « Leur premier responsable était Amadou Koufa, ils ont été très clairs là-dessus. Ensuite il y a eu Iyad Ag Ghali. Il était présent et a dirigé tous les débats. Puis à Niono, c’était des natifs de Niono, pas des étrangers », selon Moufa Haidara.

De manière exceptionnelle, ce ne sont pas des représentants communautaires qui participent aux discussions, mais les combattants de la katiba Macina eux-mêmes grâce à Oumar Bouaré. Cet habitant de Ndebougouba a servi d’intermédiaire, car son village est le premier, dans le cercle, à avoir subi la loi des jihadistes et à avoir établi le contact avec eux.

Il recevait régulièrement des appels des jihadistes avec des numéros différents pour ouvrir la voie au Conseil islamique dans les régions de brousse. « Le premier jour, je ne croyais pas revenir. Je n’imaginais pas croiser un jihadiste en brousse et revenir saint et sauf à la maison. Une fois dans la brousse, il s’assoit en plein air et échange avec toi directement », raconte Oumar Bouaré.

Le porteur de messages obtient le feu vert des jihadistes et organise neuf rencontres avec les médiateurs du Haut Conseil islamique, toujours en brousse et toujours à des endroits différents. En face, chez les chasseurs traditionnels Dozos, pas moins de 31 rencontres seront nécessaires, pour que toutes les confréries – parmi les douze qui existent – du cercle de Niono acceptent de négocier et parlent d’une même voix.

« Il y a eu beaucoup de problèmes, car avant de pouvoir rencontrer les jihadistes, nous avons dû nous regrouper au sein de notre communauté, explique Nama Traoré, le président des chasseurs de la région de Ségou. Il y a eu beaucoup de pertes humaines et il est arrivé un moment où, en tant que chef, j’ai dû choisir le chemin de la paix. »

Après trois mois et demi de discussions, le 14 mars dernier, une ultime réunion de plus de sept heures a rassemblé 115 chasseurs Dozos et plus de 200 jihadistes, tous armés. Ce soir-là, un accord de cessez-le-feu a enfin été conclu.

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7 COMMENTAIRES

  1. Sangare, tu ne connais pas la mentalite djihadiste.Plus tu negocie avec eux plus ils te croyent faible.
    Ils sont arrogants.
    Une autorite faible autant profiter.
    Et puis quel est l’objectif final du djihadiste? Un califat mondial?
    Ceux qui sont a Farabougou obeissent aux ordres de iyad et koufa.Eux memes prennent leurs ordres au proche et moyen orient. Faraboubougou n’est que leurre.L’objectif c’est tout le sahel.Les etats qui n’arrivent pas a se defendre.

  2. Aucune action terroriste n’a été solutionnée par la guerre.
    L’ARMÉE ROUGE a fui les premiers jihadistes en AFGHANISTAN (on est éclairé par la contribution de DR KAMARA).
    Les américains sont entrain de fuir ce pays.
    Les français l’ont fait depuis longtemps.
    L’Irak n’arrive pas à se stabiliser depuis l’intervention américaine en 2003 car les jihadistes en ont fait leur guerre.
    Au Mali on ne peut abréger la souffrance de la population qu’en discutant avec les jihadistes.
    Ils ne sont pas étrangers,mais des maliens.
    Depuis qu’on a signé un accord avec leurs alliés séparatistes,on a collaboré avec les jihadistes.
    Il n’y a pas de différences entre les séparatistes et les jihadistes.
    ILS SONT TOUS DES TERRORISTES CAR ILS ONT LA MÊME MÉTHODE DE LUTTE.
    L’un collabore avec le colon français,l’autre est souverainiste conduit par IYAD AG GHALY.
    Si on pense malsain de discuter avec un terroriste,on ne devrait pas négocier avec les séparatistes.
    On est allé à les intégrer dans le gouvernement alors qu’ils sont responsables des assassinats des soldats maliens à AGUEL’HOC en 2012 et des HAUTS FONCTIONNAIRES en 2014.
    Nos villages ont besoin de paix.
    IYAD AG GHALY peut l’assurer.
    En huit ans de présence la France a montré son incompétence.
    Elle doit partir.
    OSER LUTTER,C’EST OSER VAINCRE!
    La lutte continue.

  3. MISSIDENI TE WARABADON A BAMOSSO DEBE ADON. Ceux qui ont négocier sont à la place de BAMOSSO et autres MISSIDENI

  4. D’ailleurs l’etat a fait une tres grosse erreur depuis le debut.
    Nos autorites ignorent que seul l’etat a la force.Seules les forces de defense et de securite doivent porter les armes.
    En presence de l’armee et des autorites legales aucune personne ne doit avoir une arme sur lui.Lors des rencontres.Accepter cela c’est traiter les terroristes, djihadistes and bandits sur le meme pied d’egalite que l’armee.Voila la plus grosse erreur.
    Cela devait etre la premiere condition pour rencontrer dozos et djihadistes.Pas d’armes devant l’etat.
    Une honte pour tout le Mali.
    Au BFA ou RCI les autorites n’accepteront jamais cela.

  5. Avec cette armée de hauts gradés pédé, bientôt l’état quittera d’autres circonscriptions la queue basse. Ils sont venus tuer 13 personnes, enlever 9 autres et quand la légale de l’État venue, ce n’etait pour les neutraliser mais plutôt pour gratter la tête et le derrière auprès des voyous pour quémander leur pardon.

  6. Je ne comprends rien.Qui a imposé cette guerre?
    Qui a commencé à saccager nos villages, tuer les gens et brûler leurs cases?
    Les dozos n’ont-ils pas le droit de defendre leurs villages parce que l’état ne fait rien?
    Logiquement l’état devait être derrière les dozos et reste ferme face au djihadisme, au terrorisme
    Par cet acte et ces accords j’ai l’impresion que l’état cautionne le djihadisme, le légalise en quelque sorte.
    Les accords qui vont pas tenir.

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