Ces groupes armés qui étaient encore « fréquentables » (Ansar Dine et MNLA) se préparent à faire la guerre. Trop de temps perdu à penser que la négociation était encore possible ou qu’elle pouvait être menée parallèlement à une préparation militaire. Ansar Dine est toujours lié aux groupes terroristes AQMI et Boko Haram. Quant au MNLA, il a perdu le peu de crédibilité qu’il avait.
Depuis la réunion du groupe de soutien et de suivi qui s’est tenue le vendredi 19 Octobre à Bamako, les groupes rebelles, pris de panique, procèdent à une remobilisation de leurs troupes. En plus du recrutement en masse d’enfants soldats à coup de Dollars et le positionnement par le MUJAO, d’armes lanceurs de missiles dans la périphérie de la ville de Gao, les habitants de cette dernière ville et de Tombouctou assistent à l’arrivée de djihadistes étrangers.
« Nous sommes venus soutenir nos frères musulmans contre les mécréants » disent-ils. Ils sont principalement originaires du Soudan et de la région du Sahel, mais aussi des pays maghrébins comme la Tunisie et l’Algérie.
Une réunion de trois jours s’est ainsi tenue il y a quelques jours à quelques kilomètres de kidal entre les groupes rebelles Ansar Dine et MNLA. Elle manifeste une volonté d’union entre les chefs des deux mouvements rebelles qui sont Iyad ag Ghali et Bilal Ag Chérif qui réside actuellement à Ouagadougou.
Il ne s’agit pas de réconciliation, mais plutôt d’une alliance de circonstances puisque les divergences politiques entre les deux groupes demeurent toujours.
Ansar Dine veut instaurer la Charia dans tout le Mali pendant que le MNLA est obsédé à disposer d’une partie du territoire malien pour lui seul.
Le MNLA ne parle pas (de nos jours) de sécession mais plutôt d’autodétermination. Il est évident que cette déclaration ne tient pas la route. Pourquoi envisagent-ils donc de mener la guerre aux côtés de ceux qui les ont chassés des régions occupées ? Ils auraient dûs se retournés vers Bamako, ne serait-ce que par orgueil. En tenant cette réunion avec Ansar Dine, le MNLA a clairement affiché sa préférence : Il a tourné le dos à l’Etat malien. Sa trahison envers sa mère patrie a été confirmée. La négociation tombe dans les sables du désert. Le terme d’autodétermination n’était que de la poudre aux yeux. Il perd le peu de crédibilité qui lui restait. Il n’est ni digne ni crédible.
Concernant Ansar Dine, la situation est similaire. Le fait d’accueillir des combattants djihadistes prouve qu’il n’est pas prêt pour le dialogue. Bien au contraire, sa position radicale sur ses ambitions politique n’a pas changé d’un iota. Leur double jeu ne prend plus. Il est grand temps que les pays du champ encore réticents quant au choix entre l’intervention ou la négociation observe très bien ce qui se déroule au Nord-Mali. L’option de la solution du juste milieu n’est plus envisageable.
L’Algérie, le Burkina Faso et la Mauritanie doivent comprendre que c’est le moment où jamais d’en finir avec cette nébuleuse terroriste islamiste qui ne cesse de croitre. Le monde entier est prêt à nous soutenir, nous sahéliens, alors profitons-en. A comportement radical, position radicale.
Une question importante est cependant à poser : comment ces djihadistes font ils pour se retrouver chez nous, sachant bien que le Mali se situe au beau milieu de l’Afrique de l’ouest ? Ils y sont arrivés avec des armes lourdes. Ils n’ont donc pas pu passer inaperçus au niveau des différents point de contrôle des services frontaliers.
Les pays voisins du Mali doivent se montrer responsables. Il faut désormais que les différents pays frontaliers au Mali renforcent les dispositions sécuritaires au niveau de leurs frontières avec le Mali. Les frontières poreuses de la sous-région favorisent la libre circulation des armes et des terroristes. Dans la perspective d’une longue guerre, il est essentiel que ces pays renforcent la sécurité au niveau de leurs frontières avec le Mali.
La CEDEAO, dos au mur
Par deux fois, la CEDEAO a présenté un document décrivant le plan d’une future intervention au Mali et par deux fois, il fut rejeté par le Conseil de sécurité de l’ONU. Il l’invite à revoir sa copie avant la fin du mois de Novembre (en précisant les contours de cette intervention, en établissant un processus de réconciliation crédible entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs et en proposant un budget raisonnable). C’est un lamentable échec de l’organisation sous-régionale qui, il faut le dire, n’est pas une organisation à vocation militaire. A la longue, elle risque de se voir écartée de tout l’ensemble du processus. Passé le délai accordé, faute de ne pas établir un plan militaire précis et détaillé, l’ONU prendrait unilatéralement la décision de faire son propre plan d’intervention militaire sans la CEDEAO.
Le volet réconciliation entre le gouvernement malien et les rebelles touaregs peut très vite être abandonné. Si, dans les jours à venir, l’option militaire prend le pas sur celui de la négociation, Ansar Dine et le MNLA pourraient ne plus jouir du peu de crédibilité qu’ils avaient. Si cela se produit, des mesures fermes s’imposent. Les hauts responsables rebelles qui résident à Ouagadougou et en Europe doivent y être expulsés. Des sanctions individuelles doivent les frappés. Toute liaison étatique avec le chef de ces deux mouvements rebelles doit être annulée.
Le Mali et les pays de la CEDEAO doivent prendre conscience de la dimension qu’est en train de prendre la crise malienne. La passivité n’est pas une conduite à tenir face à des terroristes déterminés et radical. L’heure est à la fermeté.
Ahmed M.THIAM