Lutte contre l’insécurité : Bamako, une surveillance ratée ?

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Bamako, l’immense capitale du Mali, est parsemée de caméras de surveillance qui ont surgi de nulle part. C’est à l’insu de la population que ces caméras ont été installées entre 2012 et 2013, dans la plus grande discrétion. Mais ces « yeux » de la ville semblent ne rien voir, notamment en ce qui concerne les crimes et attaquées armées qui se produisent dans la ville en plein jour. Ailleurs, ces genres de caméras ont envoyé les voleurs au « chômage » et rendu les villes plus sûres en matière de sécurité.

Les habitants de Bamako souhaitent que les caméras de surveillance soient plus utiles à la population, surtout que l’opinion nationale n’est pas contre la surveillance des voies publiques par les caméras. Les mois de décembre et de novembre derniers ont particulièrement été violents dans la ville à cause des braquages de banques et de personnes dans la rue en plein jour. On n’imaginait pas que ces genres de scènes violentes pouvaient se produire au Mali.

Ce qui est étonnant, c’est que la vidéosurveillance n’a servi à rien alors que les images des vidéos installées par le ministère de la Sécurité peuvent être complétées par les images des caméras installées par les individus. Mais tout s’est passé comme si les voleurs armés qui terrorisaient la population en plein jour étaient protégés. Certains estiment que les caméras publiques sont installées pour autres choses, notamment la sécurisation des déplacements des officiels.

Les seules fois où on a vu les images des caméras de surveillance, c’était lors des rassemblements d’opposants. En 2018, les gigantesques manifestations sur le Boulevard de l’indépendance ont été filmées par ces caméras, et des arrêts sur image étaient diffusés pour montrer les manifestants. Le plus souvent on voyait que les manifestants étaient moins nombreux que sur d’autres images illustrant les mêmes évènements.

Le Mali semble pourtant suivre un phénomène en vogue. Entre la fin de l’année 2013 et le début de l’année 2020, le nombre de caméras de surveillance dans les 50 villes les plus peuplées de France a été multiplié par 2,4, passant de près de 4 800 caméras à plus de 11 400, selon un classement réalisé par «la Gazette des communes ». C’est à peine si on connait le nombre de caméras installées par l’Etat dans la ville de Bamako.

Toujours en France, en 2013, la Gazette avait réalisé un palmarès de la vidéosurveillance pour les villes les plus peuplées. Mais six ans plus tard, en 2019, le classement a été remis à jour. On comptait ainsi en 2013 environ 4 760 caméras dans 35 communes parmi les 50 les plus peuplées, les villes de plus de 90 000 habitants.  En 2019, le total atteignait 11 470 et quelques caméras dans 47 communes, selon un décompte réalisé par la Gazette à partir d’informations recueillies dans les médias et auprès des mairies.

Selon les spécialistes, dans le monde, les caméras de surveillance n’en finissent pas d’envahir l’espace public. A en croire un classement, la Chine est championne en la matière: pas moins de 8 des 10 villes les plus surveillées du globe s’y trouvent. Ce qui peut intéresser les habitants de Bamako dans l’exemple chinois, c’est la sureté apportée dans les villes par les caméras de surveillance qui aident les autorités policières.

La ville chinoise de Chongqing se trouve en tête du classement avec 2,6 millions de caméras recensées, soit une caméra pour six habitants. Londres est en sixième position avec 630 000 systèmes de vidéosurveillance. A Chongqing comme dans toute la Chine, les caméras sont souvent équipées d’un système de reconnaissance faciale, censé permettre d’identifier les criminels. L’étude ne voit cependant qu’une faible corrélation entre hausse de la surveillance et baisse de la criminalité.

Nampaga KONE

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