(Multimédia) La diplomatie de la menace des Etats-Unis finit par les placer eux-mêmes dans l'impasse (PAPIER GENERAL)

A mesure que les Etats-Unis s'enferment dans cette "diplomatie de la menace", l'Amérique d'abord semble devenir l'Amérique isolée.

3 Août 2025 - 10:42
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Photo prise le 22 mai 2024 montrant la Maison Blanche à Washington, aux Etats-Unis. (Xinhua/Liu Jie)

BEIJING, 3 août (Xinhua) -- "Pas d'extension, pas de délai supplémentaire. Le 1er août, les droits de douane seront fixés". Le ministre américain du Commerce Howard Lutnick a confirmé le 27 juillet dernier sur la chaîne Fox News la date butoir du 1er août pour l'application des droits de douane américains.

Des dizaines de pays sont concernés par cette hausse de ces taxes douanières américaines, considérée comme principal levier de négociation de l'administration Trump. Sous cette pression de l'ultimatum, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) ont conclu dimanche dernier un accord commercial "déséquilibré". "Un jour sombre" pour l'Europe qui "se résout à la soumission" en signant l'accord, selon le Premier ministre français François Bayrou.

Des taxes douanières jusqu'aux menaces militaires, en passant par les sanctions secondaires ou les restrictions commerciales, même envers ses alliés traditionnels comme le Canada, l'UE ou le Mexique, l'administration Trump s'est montrée friande de la carte de "la diplomatie de la menace" dans la gestion des dossiers internationaux.

Selon certains analystes, le recours habituel à "la diplomatie de la menace" expose les Etats-Unis à des impasses multiples, tant sur le plan économique que diplomatique et stratégique.

Dans un commentaire de Tej Parikh intitulé "La mondialisation triomphera de Donald Trump" paru le 30 mars dans le Financial Times, contrairement aux idées reçues, l'importance des Etats-Unis dans le commerce mondial est en déclin. Certes, ils demeurent un acteur de poids, mais leur part dans les importations mondiales est passée de près de 20% il y a vingt ans à seulement 13% aujourd'hui.

Il cite Simon Evenett, professeur à l'IMD Business School, selon qui même si les Etats-Unis cessaient totalement d'importer des biens, 70 de leurs partenaires commerciaux compenseraient entièrement leurs pertes à l'export vers le marché américain en l'espace d'un an et 115 d'entre eux y parviendraient en cinq ans, à condition de maintenir leur rythme actuel de croissance des exportations vers d'autres marchés.

Les Etats-Unis ne sont plus le principal moteur de la croissance du commerce mondial. L'Europe, et plus récemment la Chine, jouent un rôle bien plus important, selon une analyse récente de Mallika Sachdeva, stratégiste à Deutsche Bank Research.

UNE POSITION FRAGILISEE

Le désengagement du commerce mondial se traduit par une position fragilisée des Etats-Unis. En avril, les importations américaines de biens et services ont diminué de 16,3% pour atteindre 351 milliards de dollars, leur plus forte baisse mensuelle jamais enregistrée. Les analystes estiment que si cette tendance s'accélère, les Etats-Unis perdront leur statut de premier pays importateur au monde.

Sur le plan diplomatique, les Etats-Unis affichent une posture perçue comme unilatérale et dominatrice avec leur "diplomatie de la menace", en privilégiant la pression unilatérale et les rapports de force au détriment du dialogue et des négociations.

Le recours systématique aux sanctions, aux menaces de guerre commerciale et aux gestes provocateurs - y compris envers ses alliés - alimente une défiance généralisée. Des propos sur l'annexion potentielle du Groenland, sur le rattachement du Canada comme "51e Etat", ou encore sur le changement de nom du golfe du Mexique en "golfe d'Amérique" ont été perçus comme autant de signaux d'un retour à un impérialisme, et ont suscité de vives critiques et contestations à l'échelle mondiale.

Des sondages témoignent d'une image ternie de Washington. Une récente enquête du Pew Research Center montre que, dans 19 pays sur 24 étudiés, une majorité de personnes interrogés manquent de confiance dans la capacité des Etats-Unis à gérer les affaires internationales.

Selon un sondage YouGov publié en mars dernier, la popularité des Etats-Unis a chuté d'au moins 20 points de pourcentage au Danemark, en Suède et en Allemagne par rapport au août 2024. Par ailleurs, au Royaume-Uni, au Danemark, en Suède, en Espagne et en Italie, il s'agit des taux de popularité les plus bas envers les Etats-Unis depuis le début de ce suivi par l'Institut.

Comme l'a indiqué Jason Furman, professeur à l'université de Harvard et ancien président du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche, "les Etats-Unis sont actuellement un partenaire extrêmement peu fiable pour quiconque dans le monde et je ne sais pas comment nous pourrons redevenir fiables".

L'AMERIQUE D'ABORD OU L'AMERIQUE ISOLEE

A mesure que les Etats-Unis s'enferment dans cette "diplomatie de la menace", l'Amérique d'abord semble devenir l'Amérique isolée.

Le magazine américain The Atlantic a publié en avril un article intitulé "Le commerce mondial continuera sans les Etats-Unis", qui note que dans sa quête pour "rendre sa grandeur à l'Amérique", le président Donald Trump retire les Etats-Unis du commerce mondial.

Comme l'ont souligné de nombreux commentateurs, les familles, les entreprises et les investisseurs américains en paieront le prix. Mais les répercussions ne s'arrêtent pas là. Ce régime tarifaire détruit également un pilier du pouvoir mondial américain et isolera davantage le pays à un moment où d'autres sont prêts à combler le vide laissé, ajoute l'article.

Stephen Walt, professeur à l'université de Harvard, a mis en doute cette diplomatie de la menace dans une tribune publiée en 2024 dans la revue Foreign Policy. Selon lui, "plutôt que de convaincre par le dialogue et la négociation, mission première de toute diplomatie, les Etats-Unis semblent parier sur leur capacité à imposer leur volonté sans compromis, par la seule force de leur puissance coercitive".

"Pourtant, cette approche porte rarement ses fruits. Les demandes américaines impliquent souvent des concessions majeures et les pressions exercées ne font que renforcer la résistance des Etats visés".

"Si les Américains souhaitent que leurs responsables agissent avec discernement, il est temps de leur poser davantage de questions et d'exiger des réponses à la hauteur des enjeux", a-t-il conclu.

Source: https://french.news.cn/

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