Quelques éléments de réflexion sur Kidal

27 Mai 2014 - 14:32
27 Mai 2014 - 14:32
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[caption id="attachment_295492" align="alignleft" width="300"]Sournoiserie au sommet de l’Etat Le premier ministre Moussa MARA[/caption] Comme chacun le sait, la situation s’est quelque peu tendue au Mali, notamment dans la ville de Kidal. Lors de sa visite le Premier ministre a essuyé, lui et sa délégation, les multiples tirs des différents groupes armés.     La ville de Kidal est organisée en différentes zones partagées entre un petit détachement malien de 400 hommes environ, les forces de la Minusma (40 soldats français) et les groupes armés. Le gouvernorat de Kidal est sous protection de la Minusma. Après avoir tenté de faire annuler la visite du Premier ministre en envoyant femmes et enfants au charbon, face à la détermination des forces de sécurité maliennes et du Premier ministre, les rebelles ont décidé de quitter leur zone pour attaquer le gouvernorat ; ce qui est une violation flagrante des accords de Ouagadougou.     Après le départ du Premier ministre du gouvernorat ainsi qu’un retrait des troupes, ces derniers ont pris possession du bâtiment et froidement exécuté 5 préfets d’une balle dans le cœur. Face à l’horreur, les Maliens crient vengeance et critiquent ouvertement la Minusma et Serval, ainsi que son propre gouvernement. Sur la Minusma, il faut bien voir que cette force n’a pas atteint 50% des capacités escomptées et ce, plus d’un an après sa mise en place. Elle devait comporter 12000 hommes, mais elle en compte à peine 7000. Elle est mal équipée et ne peut donc convenablement atteindre ses objectifs ; bref du grand classique dans le domaine «force de maintien de la paix».     Concernant Serval, la mission a «failli» au moment où la France a décidé d’offrir un traitement particulier au cas Kidal, un traitement différent de celui de Gao et Tombouctou ou les FAMA étaient arrivés dans le sillage des Français. On se rappelle tous du moment où les forces du Mnla ont été «autorisées» à revenir à Kidal ; on se rappelle du moment où Ansar Dine, en changeant de nom, fut réhabilité et on se souvient que les hommes de Gamou, après avoir fait sauter le verrou d’Anefis alors aux mains du Mnla, furent stoppés net dans leur avancée, aux portes de la ville de Kidal. En réalité, il a fallu batailler dur pour qu’un petit détachement de l’armée soit autorisé à entrer à Kidal…Ne me parler pas de souveraineté !     Au regard de ces différents éléments, les Maliens sont en droit de se poser certaines questions et les plus élémentaires, mais certains nous refusent le droit à la critique. En effet, sous prétexte que la France a libéré le nord du pays -ce qui est vrai- les Maliens ne devraient pas critiquer les actions de cette dernière : on devrait tout accepter et se taire, sous peine d’être taxés d’ingrats. Ce genre de comportement porte un nom : le paternalisme ! Il n’est pas question pour nous de passer sous silence des dysfonctionnements malgré la reconnaissance légitime que l’on doit à l’action de Serval. La situation à Kidal et les tragiques événements survenus sont le fruit de mauvaises décisions prises par les dirigeants français. Et nous le dirons haut et fort, nous avons été assez humiliés pour ne pas rester silencieux face à la tragédie en cours.     Il est par contre navrant de penser que les réflexes paternalistes demeurent, et que dans le même temps, on se permet de dire que l’on traite d’égal à égal. Il semblerait plus que l’on demande aux Maliens de s’écraser, de se taire, de subir en silence, car selon les mêmes autorités, sans Serval où serait le Mali aujourd’hui ? C’est assez stupéfiant. Une chose est certaine, la donne a changé ces derniers temps. Une fois de plus, à la face du monde, le Mali a été victime d’une agression, des hommes ont été abattus par les rebelles et la ville interdite autrefois à l’armée malienne voit aujourd’hui s’y concentrer plusieurs contingents. Le nombre de soldats est passé de 400 à plus de 2000, hors de question de partir. Le monde entier a vu que les groupes rebelles, islamistes et jihadistes, étaient en collusion totale sur le terrain. Ceux qui tuent les journalistes, enlèvent les Occidentaux et font des trafics de drogue, se sont liés pour attaquer le gouvernorat.     Le Mali a réaffirmé sa volonté de dialogue, tout en sachant aujourd’hui qu’il aura la capacité à l’avenir de faire face numériquement à son adversaire en cas de nouvelles échauffourées. Le Mali a besoin de Serval et de la Minusma, mais nous avons besoin d’un partenariat sincère et non pas de faux semblants. On nous demande d’être en première ligne, très bien à partir de maintenant. Je pense que nous le serons. Reste à savoir si notre volonté ne sera pas bridée par la frilosité de la Communauté internationale.     Les événements de Kidal sonnent comme un réveil pour nous. C’est la preuve que rien ne changera dans l’attentisme. Preuve qu’il faut prendre des décisions courageuses, prendre son destin en main, ne pas être derrière nos partenaires, mais devant eux. Nous devons avoir le leadership, seule condition pour retrouver une souveraineté pleine.     Aboubacrine Assadek Ag Hamahady 

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