CNRDRE : Il n’y a pas deux capitaines dans un bateau

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S’il y a une opinion aujourd’hui très répandue et partagée par la majorité des Maliens, c’est bien celle-ci : le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) ressemble à un bateau qui ne parvient pas encore à garder son équilibre et dont certains occupants veulent devenir capitaines à la place ou au même titre que le vrai Capitaine : le genre du calife à la place du calife.

Le Capitaine Amadou Haya Sanogo

Il semble que certains membres du CNRDRE n’arrivent pas, sinon difficilement, à respecter l’ordre, la discipline et la hiérarchie au sein du Comité. Pourtant, dans l’armée, ces trois principes sont considérés comme sacro-saints, et le fait qu’un soldat ne les respecte pas paraît incompréhensible pour tout citoyen. En effet, ne dit-on pas que dans l’armée, le respect, voire même la dévotion due à la hiérarchie, est sacrée ? Quand est-il alors lorsque, selon nos sources, certains membres du CNRDRE, pourtant moins âgés que le Capitaine Sanogo, ne se résolvent toujours pas à se ranger sous la bannière  du Capitaine, bien qu’aujourd’hui, tous les membres du Comité, qu’ils le veuillent ou non, soient désormais « embarqués dans le même bateau » ? Aussi, ils doivent désormais tout mettre en œuvre  pour démontrer aux Maliens que l’union et l’entente règnent  au sein du Comité, même si ce n’est réellement pas le cas. Autant dire que les éventuels « linges sales » de la junte  doivent « se laver en famille » (entendez au sein du Comité) et en secret. C’est dire qu’aucune information concernant une quelconque mésentente entre membres du Comité ne doit parvenir aux oreilles « indiscrètes » d’une personne « étrangère au service » (qui ne fait pas partie du Comité).

Un analyste de l’actuelle situation politique malienne déclare que si le CNRDRE est intelligent, réaliste, honnête et sincère dans ses engagements qui ont motivé sa décision d’intervenir dans les affaires du pays, il sortira « haut la main » (comme dirait l’autre) de la gestion du pouvoir. Il semble d’ailleurs que c’est ce qui avait poussé le Capitaine Sanogo à se ressaisir rapidement après avoir dissout  la Constitution et les institutions du pays dès sa prise du pouvoir : un geste « automatique » (dirait-on), certainement du à la peur et l’angoisse d’un éventuel contre coup.  Mais comme le Capitaine s’était rendu compte que tout allait relativement bien et qu’il n’y avait pas vraiment de velléités de riposte à sa prise du pouvoir, il avait  finalement décidé de restaurer la Constitution et les institutions. En fait, le Capitaine devait tout mettre en œuvre pour respecter ses engagements du tout début où il promettait que le CNRDRE quittera le pouvoir après l’élection présidentielle et la nomination d’un nouveau Chef de l’Etat. Ensuite, le Comité discuterait  avec les nouveaux dirigeants de ses conditions de retrait du pouvoir et de la vie socio politique. Il semble que depuis lors, « beaucoup d’eau a coulé sous les ponts », autrement dit, bien des événements se sont passés qui ont obligé le Comité à revoir et ses copies, et ses engagements du début.

Les sanctions infligées au Mali par la CEDEAO et leur levée, l’arrivée ratée à Bamako des Chefs d’Etat de la CEDEAO, du due à l’incident provoqué à l’aéroport Bamako-Sénou par des jeunes qu’on disait avoir été « galvanisés » par des éléments et associations hostiles au CNRDRE, l’Accord-cadre « conclu » à Ouagadougou (Burkina Faso) et qui a fait couler beaucoup  d’encre et de salive pour avoir été (jusque-là encore) flou et incompris par la majorité des Maliens et dont les termes demandent toujours à être éclaircis, la nomination d’un Président de la République intérimaire, d’un Premier ministre et d’un Gouvernement ces derniers jours, l’arrestation de hauts cadres civils, politiques et militaires, la rencontre (une de plus) des Chefs d’Etat de la CEDEAO à Abidjan et à laquelle devra participer notre Chef d’Etat de la Transition…Voilà autant d’événements qui ont peut-être contraint le Capitaine Sanogo et ses hommes à « changer de fusil d’épaule », revoir leurs stratégies et envisager d’autres « armes de combat » (pourrait-on dire) pour leur implication plus appréciée dans la gestion des affaires de l’Etat. Selon une source proche de la Junte, c’est effectivement à tout cela que le Capitaine s’attèle actuellement. Il semble que pour lui, le CNRDRE doit tout mettre en œuvre pour « sortir par la grande porte » (c’est-à-dire « grandi  et honoré par le peuple »),  de cette « galère » (la gestion du pouvoir) dans laquelle il s’est  aventuré, contraint et forcé (?).

Compte tenu de tout cela, le Capitaine doit rester ferme sur le respect de l’ordre, de la discipline et de la hiérarchie au sein du CNRDRE. Ces principes (entre autres) sont forcément indispensables, surtout pour une Junte qui tient à être suffisamment dotée en armes, munitions et matériels adéquats pour aller « régler leur compte » aux bandits rebelles, djihadistes, islamistes et terroristes de tout acabit. Cette intention et la gestion qualifiée de « désastreuse » d’ATT faisaient partie des raisons qui, selon le capitaine Sanogo, avaient incité a Junte à faire le coup d’Etat. Ce respect desdits principes est d’autant plus nécessaire au sein du CNRDRE que certains de ses membres n’obéiraient pas au Capitaine « au doigt et à l’œil », comme on dit. Les Maliens en veulent comme seul exemple l’incident qui s’était déroulé à l’aéroport lors du départ d’ATT au Sénégal. Selon nos sources, le chargé de l’aéroport au compte du Comité avait catégoriquement refusé l’accès d’ATT à l’avion. Pire, il aurait même décidé de l’arrêter sur place ! Il avait donc fallu l’intervention directe du Capitaine Sanogo pour que le « subalterne » consentît à obéir aux ordres. En d’autres temps, au sein de l’Armée, un tel irrespect de la hiérarchie pouvait mener le coupable très loin, voire à la radiation pure et simple. On comprend alors mieux pourquoi de chaudes rumeurs circulaient ces derniers temps à propos d’un certain coup d’Etat au sein même…du CNRDRE : un coup d’Etat aussitôt démenti par la Junte, mais qui illustre quand même une certaine mésentente qui ne dit  pas son nom au sein du Comité, même si ledit coup ne tenait sur aucun argument valable et solide.

En fait, le Capitaine ne doit plus « se laisser conter fleurette » ou « bercer par le chant des sirènes ». Il doit plutôt imposer son autorité (souplement, mais fermement) au sein du Comité pour mener ses engagements à bon port, car si cette entreprise échoue, c’est lui seul qui en récoltera les pots cassés. Mais s’il réussit, c’est au contraire toute la Junte qui en sera louée : c’est ainsi…En conclusion, le bateau CNRDRE peut « tanguer », au risque même de « chavirer ». Mais seul le Capitaine doit tenir fermement le gouvernail pour l’empêcher de couler. En tout cas, comme le dit si bien l’autre, « il n’y a pas deux capitaines dans un bateau ! ».

Oumar Diawara « Le VIATOR »

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3 COMMENTAIRES

  1. MON CAPITAINE OU EN EST TU AVEC LA PREPARATION DE L’ARMEE????

    ATTENTION N’oublions pas nos braves soldats EGORGER a angel hoc (Paix a Leurs Ames)cela ne doit pas etre impinus.

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