Collectivités territoriales : La décentralisation de la santé est bien possible

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Une recherche a été menée de janvier 2005 à mars 2010 par Sergio Giani, Rokia Sanogo et Mamoutou Diarra dans le cercle de Kadiolo en 3e région, visant l’élaboration de politiques de santé communautaires équitables, accessibles et efficaces, valorisant les ressources de la médecine traditionnelle. Aux termes d’une étude riche en enseignements, les auteurs ont conclu que la décentralisation de la santé est bien possible et constitue même une opportunité rêvée pour les collectivités.

Il s’agissait d’assurer un apport aux réflexions et aux actions en cours dans le contexte de l’opérationnalisation du décret n°02-314/P-RM du 14 juin 2002. L’ambition était de participer à la définition et à l’expérimentation de nouvelles politiques, normes et procédures pour le transfert effectif des compétences et ressources en matière de santé aux collectivités territoriales.

Le travail a été mené selon la méthodologie de la recherche-action, en s’appuyant sur des groupes de réflexion aux différents niveaux, incluant tous les acteurs locaux de la santé. Les activités se sont déroulées en plusieurs phases : une première de décembre 2004 à janvier 2006 ; une phase intermédiaire d’octobre 2005 à janvier 2006 ; une deuxième phase de juillet 2007 à décembre 2008 ; une dernière phase de novembre 2009 à  mars 2010. Le focus a été mis sur l’expérimentation de planification décentralisée participative et inclusive des activités de santé et du financement décentralisé des activités programmées.

D’autres activités ont été menées, avec la même méthodologie, à Zégoua, grâce à un financement de l’Agence française de développement, de septembre 2007 à mars 2009. Elles ont concerné, entre autres, l’adaptation du système local d’information sanitaire au contexte de la décentralisation.

A la fin d’un parcours long et parfois difficile, les expériences menées ont démontré que la décentralisation effective de la santé est bien possible, nécessaire et utile… Cependant, elle ne peut pas se faire sans que chacun accepte de renoncer à une partie de son pouvoir et de ses habitudes. La décentralisation doit commencer dans les têtes et les esprits de tous les acteurs aux différents niveaux et doit être accompagnée par la bonne gouvernance, par la transparence de gestion et par l’engagement positif et la mobilisation citoyenne des populations.

Toutefois, expliquent les auteurs de la recherche, nous restons convaincus que les procédures de la comptabilité publique en vigueur, d’une part, et les mécanismes de décaissement des principaux bailleurs de fonds, d’une part, sont difficilement compatibles avec le financement décentralisé des activités de santé. Une reforme en profondeur reste nécessaire, pensent-ils.

La décentralisation effective de la programmation sanitaire, accompagnée par le financement décentralisé des activités de santé, pourrait être une opportunité pour la construction de systèmes locaux de santé plus équitables, accessibles et culturellement adaptés et, pour cela, plus efficientes et plus efficaces.

Les auteurs de cette recherche-action disent partager l’opinion de ceux qui pensent que la décentralisation deviendra, dans les années à venir, une arène politique réelle de confrontation, mais aussi de participation et de cohésion, des acteurs locaux et de leurs diverses ambitions citoyennes. C’est ainsi qu’elle permettra l’enracinement de la démocratie participative dans le vécu quotidien des communautés de bases.

A. D.

 

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