Qu’est qui fait courir Moussa Mara ? Que projette Karim Keïta ? Deux questions au sujet de deux hommes qui focalisent actuellement les regards et sont au centre de nombreuses questions, tant l’un (Mara) est visiblement pressé d’assouvir son ambition présidentielle, tant l’autre (Karim Keïta) a du mal à cacher son but d’accéder, un jour, au trône. Visiblement, les deux hommes ont des agendas, certes différents, mais dont l’objectif est le même : monter à Koulouba.
Le cas de Moussa Mara est le plus intrigant. Le commun des mortels est convaincu que l’ancien Premier ministre est déjà en campagne pour l’élection présidentielle de 2018. En effet, depuis qu’il a quitté la Primature en janvier 2015, le président du parti Yelema-Le changement a investi le terrain. Après avoir sillonné les communes du District de Bamako, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2013 a pris son bâton de pèlerin pour parcourir l’intérieur du pays, avant d’attaquer l’extérieur. Tantôt à Lafiabougou, Médina-Coura ou Koro, tantôt à Bla ou Tominian, Mara a mis les pieds dans au moins une cinquantaine de localités où il a laissé des traces. Dans plusieurs endroits, il a offert des infrastructures sociales de base. Des cadeaux désintéressés ?
De la France aux Etats-Unis, de la Côte d’Ivoire au Gabon et au Congo-Brazzaville, et même en Chine, Mara est allé à la rencontre de ses compatriotes de la diaspora « pour parler » du Mali et de lui-même. Au Mali ou ailleurs, partout où il passe, il en profite pour susciter la mise en place de structures de son parti. Nouveauté : depuis quelques temps, Mara tâte le terrain religieux, sa sphère de prédilection. Les mosquées et les églises n’ont plus aucun secret pour El hadj Moussa Mara. Ici et là, il est au contact de cette couche sociale. Il revendique même être le seul homme politique malien à avoir des contacts soutenus, à la fois, avec les musulmans et les chrétiens. L’homme est donc sur tous les fronts, avec grand renfort de tapage sur les réseaux sociaux.
S’il confie vouloir briguer la Mairie du District de Bamako, aujourd’hui, les Maliens pensent, sans le moindre doute, que Moussa Mara est déjà en train de préparer l’élection présidentielle de 2018.
Quant à Karim Kéïta, bien moins connu que Mara et ayant un « Palmarès » moins fourni, son modus operandi est différent, mais les stratégies évoluent. Bébé doc a commencé par susciter la création et l’implantation d’associations de soutien à Karim Kéïta à Bamako et environnants. Ensuite, des gadgets et des cahiers à son effigie sont confectionnés à gogo et distribués dans les lieux publics. L’homme enchaîne ses actions avec des dons à des écoles et à des services publics comme la justice, notamment en commune II de Bamako.
Dernièrement, Bébé Doc a innové dans ses ambitions cachées d’accéder au pouvoir. En effet, sa dernière tournée dans les garnisons du nord (en tant que président de la Commission Défense-Sécurité-Protection civile de l’Assemblée nationale du Mali), sentait fortement une opération de charme en direction de l’armée. Beaucoup de choses ont été dites au sujet de cette tournée où il a fait beaucoup plus qu’un (simple) député. Confirmation que le fiston semble pressé de brûler les étapes.
CH Sylla