Depuis plusieurs semaines, une campagne d’intoxication et de dénigrement a été lancée contre le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, parce que simplement il a décrété l’année 2014 comme celle de la lutte contre la corruption et, surtout, pour avoir osé annuler le marché d’un opérateur économique, un certain Kouma, à qui le pouvoir défunt d’ATT avait octroyé un marché juteux de plusieurs milliards de nos francs pour l’achat d’armes, d’équipements, de véhicules et de pièces de rechange au profit de l’armée malienne.
La première livraison, faite après le putsch, a consisté à livrer des vieilleries qui ne fonctionnent même pas. Le commerçant, qui a obtenu le marché dans des conditions plus que douteuses, a même failli être emprisonné par Dioncounda Traoré, alors Président par Intérim. Il s’était exilé au Canada lointain pour échapper à la grande prison de Bamako.
Aujourd’hui, avec l’élection d’IBK, il est retourné au bercail pour exécuter totalement son contrat, alors qu’il n’a rien respecté: ni le délai ni la qualité des armes et équipement demandés.
Malgré tout, il se présente pour le paiement d’une première tranche de ce montant colossal. Le dossier a donc été étudié à la fois par le ministère en charge de la Défense et la Présidence de la République. Au niveau de cette première institution de la République, le dossier a été répercuté sur Sidy Mohamed Kagnassy, Conseiller spécial.
Les conclusions des deux études ont abouti à l’annulation dudit marché. Ce que Kouma refuse de comprendre. Alors commencent les grandes manœuvres. Des politiques ont été mis en mission, des hommes de médias ont été mis à contribution, des documents ont été fabriqués, sur la base de faux et usages de faux, pour nuire à IBK et ternir sa belle image, qui illumine l’opinion nationale et internationale.
Le faux fabriqué a consisté à présenter un prétendu contrat que le très discret ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, aurait octroyé au conseiller spécial d’IBK, en l’occurrence Sidi Mohamed Kagnassy. Et, chose extraordinaire, le faux document attribue à ce dernier le lot N°1 pour le matériel, d’une valeur de plus de 34 milliards et le lot N°2 concernant les véhicules et pièces de rechange, pour plus de 35 milliards de nos francs. Ce qui fait un total de plus de 69 milliards de nos francs. Le planning de paiement annoncé par le faux document prévoit 50% au 31 mai 2015 et 50% au 31 mai 2016.
Tout le monde sait que, dans le Mali démocratique, aucun chef ne peut donner un marché de gré à gré d’un montant aussi élevé. Ni Boubèye, ni IBK ne peuvent agir de la sorte. Si peu que l’on suive les procédures des marchés publics, on doit savoir que c’est bien le ministre des Finances, Ordonnateur du Budget, qui s’occupe des marchés publics, surtout quand cela atteint le seuil d’un milliard de francs. Après toutes les procédures au niveau des marchés publics, le dossier est soumis au Conseil des ministres, qui, en dernier ressort, attribue le marché.
Alors, qu’on ne nous dise pas que Boubèye a octroyé à un Conseiller spécial un marché de 69 milliards de gré à gré. C’est trop grossier pour être une vérité. La main ne peut pas cacher le soleil et comme disent les vieux du PSP, la vérité finira toujours par triompher. La vérité, c’est que les documents distillés ça et là sont faux. La vérité c’est également l’annulation du marché de Kouma. La vérité c’est aussi qu’après son annulation, le marché n’a été attribué, pour l’instant, à personne.
Selon Jésus, qui cherche trouve, malheureusement, à bras raccourcis, les uns et les autres sont tombés sur IBK, lequel continue de garder le silence. Comme pour faire sienne la citation de Vigny: «seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse».
A suivre.
Chahana Takiou