À l'heure du Mali : Les fortes espérances du PAG
«Monsieur le Premier ministre, permettez-moi de vous féliciter avant de proclamer solennellement le résultat du vote.» Cette phrase, prononcée par le Président du Conseil national de Transition (CNT), résume parfaitement l'issue de deux jours d'exercice républicain réunissant les deux institutions que sont le Gouvernement et l'organe législatif.

La déclaration du Général de corps d'armée Malick Diaw, à l'issue d'un débat télévisé suivi par l'ensemble des Maliens, traduisait également l'atmosphère de détente et de cordialité qui a marqué les échanges autour du Plan d'action du gouvernement (PAG) présenté par le Premier ministre. Conscient des attentes des membres du CNT, et à la lumière de nombreuses questions posées tout au long de la journée de lundi, consacrées au débat général, les spectateurs maliens, ainsi que des observateurs étrangers, ont pu mesurer la portée démocratique de cet exercice, à une période où certains considèrent que la démocratie est reléguée au second plan dans notre pays.
La diversité, la richesse et la profondeur des questions posées ont démontré que les membres de l'organe législatif de la Transition avaient à cœur de jouer pleinement leur rôle, refusant d'être de simples figurants chargés d'approuver le PAG sans discussion. Le Premier ministre lui-même l'a reconnu en quittant les législateurs : « Je m'engage à associer le CNT à chaque étape essentielle de la mise en œuvre de ce programme. Car c'est ensemble, dans le respect de nos rôles respectifs, que nous réussirons. Enfin, je veux rendre hommage à la vitalité démocratique de notre pays. Cette séance d'aujourd'hui est le reflet d'une démocratie vivante, exigeante, mais profondément ancrée dans le dialogue et le respect de nos institutions.»
L'approbation du PAG à l'unanimité, avec 128 voix pour et zéro contre, contraste avec la nature pointue, parfois audacieuse, des questions posées par les honorables membres du CNT. Les interrogations d'Aïssata Bocoum sur la correction des erreurs biométriques, l'audit des universités, celles de Moussa AG Acharatoumane sur la route Gao-Sévaré et l'intervention du génie militaire, ou encore les préoccupations de Minkoro Kané concernant l'ouverture des écoles toujours fermées pour des raisons sécuritaires, témoignent de la diversité des attentes. Toutes ces questions, bien que sensibles, ont été abordées sans détour, prouvant que les liens entre le Gouvernement et la CNT, en cette période de Transition, sont fondés sur un dialogue franc et constructif. Le Premier ministre, fidèle à son calme habituel, a pris soin de répondre à chaque question avec l'appui de ses ministres et experts.
Tel était le Plan d'action gouvernemental attendu depuis la nomination, en novembre dernier, du troisième gouvernement de la Transition depuis le 18 août 2020. Abdoulaye Maïga savait qu'au-delà des membres du CNT, cet exercice observé était avec attention par l'ensemble des Maliens, soucieux d'obtenir des réponses à leurs préoccupations quotidiennes, et dans l'optique de voir appliquer la lettre de cadrage dictée par le Président de la Transition.
Une fois le débat terminé, les axes directeurs de cette lettre, enrichis par les questions des membres du CNT, se sont imposés comme des priorités, ainsi résumées par le président Diaw : « Le débat que nous venons de tenir, révèle la diversité des préoccupations légitimes de nos compatriotes, notamment : la sécurité et la défense du territoire national, les réformes politiques et institutionnelles, la dotation de nos FAMa en équipements de dernière génération, les questions de réconciliation et de vivre-ensemble, la justice, les services sociaux de base, la lutte contre l'impunité, la Confédération des États du Sahel, ainsi que l'organisation d'élections transparentes et crédibles dont les résultats seront acceptés par tous.»
Après ce débat au CNT, le Premier ministre dit les espérances que le PAG engendre chez nos compatriotes. Aussi devra-t-il rapidement endosser son rôle de chef de chantier, entraînant derrière lui l'administration publique, le secteur privé et l'ensemble des forces vives du pays afin de concrétiser les engagements pris dans le Plan d'action du gouvernement. Parmi les priorités figurent notamment le recrutement de 15.000 militaires et 9.000 agents des forces de défense et de sécurité, la garantie d'une desserte de 19 heures d'électricité par jour, la reconstitution des réserves alimentaires stratégiques à hauteur de 84.000 tonnes, l'équipement de 380 exploitants agricoles, la fourniture de 261.406 tonnes d'intrants et 28.400 tonnes de semences améliorées. En matière de soutien social, la distribution gratuite de 17.666 tonnes de céréales à 1.115.000 personnes vulnérables est également prévue.
Le Premier ministre prendra aussi son bâton de pèlerin pour recoudre le tissu social, redonner l'espoir aux Maliens sur le chemin de la paix et de la souveraineté. Et poursuivre la partition du Mali dans la construction de la Confédération AES. Le tout se fera sous l'égide des trois principes constitutionnels fondamentaux : le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et des partenaires retenus par le Mali et la prise en compte des intérêts vitaux du peuple malien dans toutes les décisions prises. Après le vote du PAG, place à l'action pour concrétiser les attentes et garantir le bien-être des Maliens.
Alassane Souleymane
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