Tentative de coup d’État déjouée au Mali : Entre manipulations étrangères et complicités internes
Le Mali vient de traverser une nouvelle zone de turbulences politiques. Alors que le pays se mobilise autour de la consolidation de sa souveraineté et de la lutte implacable contre le terrorisme, une tentative de coup d’État a été déjouée par les services de renseignements maliens.

L’affaire, révélée le 1er août 2025 par le Gouvernement de la Transition à travers un communiqué diffusé sur l’ORTM, secoue l’opinion publique par ses zones d’ombre et les révélations qui continuent de tomber.
Selon le communiqué officiel, il s’agit d’un groupuscule d’éléments des Forces Armées et de Sécurité maliennes, épaulés par des civils, qui projetaient de déstabiliser les institutions républicaines. « Grâce au professionnalisme et à la vigilance des services spécialisés, la conspiration a été mise en échec, suivie de l’arrestation des acteurs dès le 1er août 2025 », précise le gouvernement. Le plan aurait consisté à créer les conditions d’un effondrement de la Transition afin de renouer avec l’ancien partenaire, la France, dont les relations avec Bamako se sont gravement détériorées depuis 2021.
Le cas Yann Christian Bernard Vezilier, diplomate sur papier mais militaire en réalité
Parmi les interpellés figure un ressortissant français, le Lieutenant-Colonel Yann Christian Bernard Vezilier. Officiellement présenté comme « deuxième secrétaire » à l’ambassade de France au Mali, il s’avère, selon les enquêtes, qu’il s’agit en réalité d’un agent de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE). « Diplomate sur le papier mais militaire dans le fond », confient les responsables du Centre d’Informations Gouvernementales du Mali (CIGMA), qui assurent qu’il préparait minutieusement une mission de déstabilisation. Les investigations indiquent que Vezilier entretenait des contacts étroits avec des officiers maliens de haut rang, notamment les généraux de brigade Abass Dembélé et Néma Sagara, ainsi qu’avec des responsables politiques et des acteurs de la société civile. Le CIGMA révèle également que l’intéressé fréquentait discrètement plusieurs « grains » de Bamako, sondant l’opinion publique sur la marche de la Transition et multipliant les rencontres clandestines. « Il tentait de créer une chaîne de relais, incluant des militaires radiés, afin de fédérer une contestation organisée », expliquent les sources sécuritaires.
Un plan soutenu par des relais médiatiques étrangers
Les autorités maliennes accusent certains médias étrangers, en particulier français, d’avoir joué un rôle dans ce complot. L’exemple le plus marquant est celui du journaliste Radio France Internationale Serge Daniel, qui aurait annoncé l’arrestation du Général Abass Dembélé avant même que celle-ci n’ait eu lieu, preuve, selon Bamako, que l’opération était orchestrée et relayée à l’international. « La désinformation et les informations tendancieuses diffusées par certains médias étrangers visaient à diviser l’armée et semer la confusion au sein de l’opinion nationale », a insisté le CIGMA.
Les arrestations et la suite judiciaire
Les interpellations ont commencé début août, touchant aussi bien des militaires que des civils. Le gouvernement affirme que les enquêtes judiciaires se poursuivent afin d’identifier tous les complices, tant internes qu’externes. Pour l’instant, aucune saisine diplomatique officielle n’a été communiquée, signe que Bamako entend garder la main sur le dossier. Toutefois, les autorités rassurent néanmoins que « la situation est totalement sous contrôle » et appellent la population à rester vigilante face à des tentatives de déstabilisation « qui échoueront toujours, plaise à Dieu ».
Cette tentative de coup d’État n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une série d’actions visant à fragiliser la Transition malienne. Des sources proches du dossier affirment que certains officiers impliqués « ne sont pas à leur première tentative ». Cette récurrence traduit la persistance de poches de résistance à la refondation engagée par Bamako depuis la rupture avec ses anciens alliés militaires et politiques. Dans le même temps, d’autres menaces continuent de peser sur la sécurité nationale. La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a exprimé, le 12 août 2025, sa vive préoccupation face à la recrudescence des attaques contre des unités industrielles dans les régions de Kayes et de Ségou, ainsi que les enlèvements de bétail à Gao. La CNDH rappelle à l’État sa responsabilité première de protéger les populations et appelle à renforcer la sécurisation des infrastructures économiques stratégiques. Le complot déjoué et l’arrestation du lieutenant-colonel Vezilier rappellent que le Mali reste au cœur d’enjeux géopolitiques. Mais pour le gouvernement de la Transition, cette tentative manquée prouve surtout la résilience des Forces Armées et de Sécurité. « Notre mission de lutte contre le terrorisme et de refondation du Mali continue », martèlent les autorités, qui appellent la population à rester mobilisée et unie.
Adama Coulibaly
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