Le député agresseur abandonne par les siens ?

2 Déc 2014 - 12:27
2 Déc 2014 - 12:27
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Dans le conflit qui oppose le juge de Ouélessébougou au député Bourama Tidiane Traoré (photo), les magistrats sont restés mobilisés derrière leur collègue. On ne peut en dire autant des députés. En effet, après son interpellation, le député a envoyé un message à certains élus, dont Mamadou HawaGassama de l'URD. Ce dernier prend alors la route de Ouélessébougou. Il croise le cortège transportant le détenu au poste de police de Senou. Gassama fait tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la libération de son collègue. Les gendarmes refusent; Gassama accompagne le cortège jusqu'au camp I de la gendarmerie de Bamako. Il y restera, durant toute la soirée, aux côtés du détenu Traoré. Pendant ce temps, aucun député du RPM ni de la majorité ne pointe le nez à la gendarmerie du camp I. Ce n'est que le lendemain que les députés votent une résolution exigeant la libération du détenu, menaçant de surseoir à tout travail parlementaire et même d'initier une motion de censure contre le gouvernement.   Au moment où les élus votaient leur résolution, jeudi 27 novembre, le détenu était conduit au tribunal de la commune 6 pour être entendu par le procureur. Celui-ci décide de le mettre sous mandat de dépôt. L'infraction étant poursuivie en fragrant délit, le procès est immédiatement programmé. La salle d'audience sera prise d'assaut par les magistrats venus soutenir leur collègue qui, lui, n'était pas présent. Quant aux élus, ils ont brillé par leur absence dans la salle. Le juge était défendu par une pléthore d'avocat, notamment…Quant au député poursuivi, il était défendu par Me TiècoroSamaké, originaire comme lui de Ouélessébougou. L'audience était présidée par le président du tribunal lui-même: TaichaMaiga, qui est connu pour se promener dans la cour du tribunal muni d'un pistolet. A la barre, le prévenu et son conseil sollicitent le renvoi du dossier et la mise en liberté provisoire du député. L'avocat souhaitait mieux connaître le dossier et mieux préparer la défense de son client. Le président du tribunal accepte le renvoi de l'affaire mais rejette la demande de mise en liberté. Les magistrats sautent de joie de voir le député maintenu en prison. Ils sont encore plus joyeux d'entendre le président traduire en bambara sa décision: "Vous avez compris, monsieur le député ? Vous serez jugé le 3 décembre 2014 mais entre-temps, vous gardez prison!".   Abdoulaye Guindo

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