Jamais dans l’histoire politique de notre pays, le décalage n’a été aussi grand entre l’importance donnée à ces sujets de second ordre et la triste réalité, que vivent nos concitoyens. D’un coté les petites phrases, les débats de salon, la politicaillerie .De l’autre la peur du chômage, la hantise de l’insécurité, surtout dans les quartiers populaires et sensibles, l’inquiétude face à une rébellion ou plutôt d’un jihadisme international aux ramifications diverses.
« En politique, il n’ya pas d’homme providentiel, il n’y a que des occasions historiques » dit-on souvent. Si cette boutade se confirmait encore dans notre pays, qui sera donc l’heureux élu, parmi ces braves présidentiables qui pourrait bien saisir sa chance en 2013 (année butoir annoncée par les nouvelles autorités pour l’élection d’un nouveau président). Et résister du coup à cet emballement médiatique qui se produit au quotidien avec sa série d’articles en cascade , ces tombereaux de rumeurs et d’anathèmes balancées sur la toile mondiale ne laissant hélas aucune chance à celui qui se trouve dans l’œil du cyclone, si ce n’est d’attendre le prochain mot , la prochaine rumeur , la prochaine vague et donc la prochaine victime. Jamais dans l’histoire politique de notre pays, le décalage n’a été aussi grand entre l’importance donnée à ces sujets de second ordre et la triste réalité que vivent nos concitoyens. D’un coté les petites phrases, les débats de salon, la politicaillerie .De l’autre la peur du chômage, la hantise de l’insécurité surtout dans les quartiers populaires et sensibles, l’inquiétude face à une rébellion ou plutôt d’un jihadisme international aux ramifications diverses.
Notre beau pays ressemble désormais à un bateau ivre où coté V.I.P., on se demande « que peut-on dire ? » pendant que dans les soutes, on crie « que peut-on faire pour nous ? ». Ce ressenti social, ce cri de détresse ne trouve aucun débouché politique, car personne aujourd’hui ne l’incarne .Ce malaise se double d’une fracture territoriale, témoin la situation toute aussi désastreuse que connait l’ensemble des collectivités territoriales de notre pays. En effet, comment peut –on continuer à brandir avec fierté le mot « décentralisation » lorsque selon les résultats d’une récente étude publiée par la direction nationale des collectivités ( DNCT), une des plus grandes menaces pour le processus de décentralisation est la prépondérance de ressources financières extérieures dans le financement des collectivités décentralisées .En 2008 et 2009, 93,21% des subventions allouées aux collectivités territoriales provenaient des partenaires techniques et financiers(PTF) tandis que la part du financement national ne s’élevait qu’à 6,79%.Un vrai scandale !
Face à une démocratie devenue claudicante, nos concitoyens se refugient forcément là où ils le peuvent, dans l’abstention et le vote protestataires les jours d’élection (les politologues sont formels : le taux de participation n’a jamais dépassé-toutes élections confondues-plus de 40% ces dix dernières années). Et pourtant, il n’ya pas une main dans l’ombre qui tient fermement le couvercle sur cette nation qui étouffe et sanglote sans fin , car la vérité est surtout basique. Ceux qui décrètent savoir –les politiques, les medias , les décideurs bref les élites ont seuls accès à la parole .C’est ce petit groupe , cette apparente caste d’intouchables qui s’autorise et monopolise l’explication sur le sens des choses , d’où une pensée hors sol et un circuit fermé. Le drame dans tout çà : l’individualisme érigé, comme la dernière des libertés et qui met à mal aujourd’hui tout nouveau projet collectif rendant presque désuets les trois mots fondateurs ( un peuple ,un but ,une foi)inscrits au fronton de notre constitution en panne depuis le coup de force militaire du 22 mars dernier. Une chose est sûre, on ne guérit pas des maux notamment ceux d’une société par des mots d’autant que la disqualification permanente de la parole politique à l’œuvre de nos jours entame aujourd’hui le crédit même de l’action politique.
B.Camara