Gouvernance du pays en crise : Les erreurs de lecture d’IBK

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Face à la crise et à la tension sociopolitique, un gouvernement d’union ou de large ouverture s’impose, sans aucune perte de temps ? Ce qui calmerait les ardeurs…protestataires avant qu’il ne soit trop tard !

Depuis son élection de 2013, le président de la République devrait se considérer comme le président d’un pays en transition. Ce ne fut point le cas ? Ce qui l’a affaibli et plombé un tant soit peu son bilan de premier mandat. Réélu en 2018 dans des conditions de contestation, le chef de l’Etat avait plus que jamais l’occasion de rectifier le tir en adoptant la posture du président d’une transition qui ne dit pas son nom. IBK semble se refuser à cette lecture pourtant évidente.

Le locataire du palais de Koulouba a tenu le discours du rassembleur sans parvenir véritablement à rassembler. Pour quelle raison ? Nulle ne saurait le dire avec exactitude. IBK n’est pas élu dans des conditions paisibles. Il ne peut donc aucunement composer son équipe gouvernementale avec des personnalités sans aucune base sociologique ou sociopolitique aussi large que souhaitable.

Erreurs de casting

En effet, le gouvernement étant considéré comme la vitrine du pouvoir d’Etat, il n’y a pas de raison pour que le président de tous les Maliens fassent appel au moins aux chapelles politico-religieuses et de la société civile les plus représentatifs. Quelle est la base sociale et politique des ministres comme Safia Bolly, Mme Traoré Zeinabou Diop, la «petite» Kamissa Camara, Kané Rokiatou Maguiraga, Sambou Wagué, Me Jean-Claude Sidibé etc ? Comment comprendre surtout que l’on puisse éjecter un Tiéman Hubert Coulibaly, un chef de parti politique et l’un des plus loyaux de la majorité présidentielle pour le remplacer par une jeune dame à peine connue au Mali ? Comment comprendre que l’on puisse remercier le ministre Abdel Karim Konaré, le 1 er vice-président de l’ADEMA-PASJ et le remplacer non pas par un leader d’envergure mais par un ministre qui ne draine aucun monde derrière lui ?

Loin de nous l’idée d’avoir un quelconque compte à régler à ces ministres sans aucune assise populaire faisant office de base de légitimité. Mais dans le contexte actuel du pays où les frustrations sont fortes, le ministre doit être comme un porte-voix, un potentiel représentant de milliers de militants/électeurs et personnes acquis à sa cause. Les ministres en France, en Allemagne en Suisse et dans d’autres démocraties en Europe ne sont-ils pas presque tous des élus (députés, maires et membres des conseils régionaux ou départementaux) ? Ainsi, sa présence au gouvernement dissuade des velléités de contestations de ceux qui, politiquement ou idéologiquement, se sentent proches de lui.

C’est cette analyse de la situation qui impose donc à IBK d’opter pour un gouvernement d’union ou de large ouverture dès les lendemains de son élection. Il y gagnerait en degré de pacification et d’animosité amoindrie. Les bastions électoraux étant souvent liés aux couches socioprofessionnelles ou des bases religieuses comme Nioro, Banamba, Ségou, Bandiagara, Kita, etc, les grèves intempestives seraient ainsi évitées ou amoindries. Idem pour les récriminations de certains leaders religieux contre le pouvoir… Ce qui peut permettre au pays de tendre plus facilement vers « l’union sacrée » des cœurs et des esprits, pour faire face aux défis sécuritaires et sociaux.

Baba Djilla SOW

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