Le Collectif « Touche pas ma constitution » / En ordre de bataille
Au Mali, la tenue prochaine d’un référendum sur la révision constitutionnelle divise. Pour les uns, le projet est « caduc, inopportun, hasardé, mal réfléchi et trop coûteux ». Pour les autres, ce projet doit être adopté. La situation est confuse. Avec une seule certitude : un collectif fort de 80 organisations et associations appelé « touche pas à ma constitution » est contre la révision constitutionnelle.
Le Secrétaire Général de l’UNTM donne le ton : « Nous avons débuté quelques M. Chaka Diakité échanges sur l’avenir politique de notre pays et avons soulevé des interrogations sur le projet de révision constitutionnelle. Association à caractère politique, organisation de la société civile, partis politiques, ne peuvent pas manquer de s’interroger sur ce qui va engager notre destin commun, sans dénier aux autorités politiques compétentes le droit que la constitution leur confère, notamment celui reconnu au premier magistrat de la République de consulter l’unique souverain, le peuple. Dans ce contexte chacun doit agir selon sa vocation sans perdre de vue les valeurs qui fondent notre République et l’Etat de démocratie que nous avons mis en place. L’UNTM, ouverte au progrès et au renforcement de la démocratie dans notre pays est une actrice majeure qui n’a jamais fait mystère de son opinion sur la vie de la Nation. Nous avons exprimé notre opinion sur le projet de réforme constitutionnelle sans nuances devant l’Assemblée Nationale. Tout le monde a pu le constater sur la toile mondiale.
Après le vote qui l’a sanctionné par l’Assemblée Nationale (AN), notre curiosité porte maintenant sur le contenu des amendements proposés et sur la qualité des écoutes organisées par elle. Nous sommes à cette étape et pensons que les débats méritent d’être organisés sur la question ».
Toujours selon son patron, la centrale syndicale malienne n’a pas été associée à un débat quelconque autour du projet de révision constitutionnelle. L’UNTM a été saisie seulement quand le projet a été déposé sur la table de l’AN. Sans oublier qu’il a profité de sa dernière tournée à l’intérieur du pays pour informer ses syndiqués sur l’inopportunité du référendum en vue. Surtout à un moment où la flambée des prix de produits de première nécessité malmène le pays.
Dans le même ordre d’idées, Chiaka Diakité est revenu sur la non satisfaction des revendications syndicalistes et soi disant pour faute d’argent.
Visiblement déçu, le secrétaire général de l’UNTM n’est pas passé par quatre chemins p par le comportement du gouvernement. Le projet de réforme constitutionnelle étant, pour lui, une création pure et simple d’une autre constitution. Dans la mesure où la constitution change dès lors que le nombre d’articles. D’ailleurs, s’interroge-t-il, pour qui est faite la révision constitutionnelle ? Pour le peuple ? Ou pour l’Etat ? Et le Secrétaire Général de l’UNTM répond à lui-même : « Si c’est pour nous, nous n’en voulons pas. Et si le gouvernement y persiste, nous allons l’obliger à faire marche arrière. Nous en avons les moyens et les hommes pour ça ». Et, le patron syndical : «Mon organisation est apolitique. Mais, elle est contre toute politique qui menace les idéaux du 26 mars 1991».
Pour sa part, le Pr Ali Nouhoum Diallo précise également que la COMODE n’a pas été associée aux débats sur ce projet. Même si les députés ont invité, lui, Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’AN à se prononcer sur le projet de Révision Constitutionnelle. Et sans ambiguïté, « j’ai dit que ledit projet est inopportun et hasardeux ».
S’agissant des partis politiques, le Professeur dira qu’ils ont fait fausse route en demandant à leurs députés de voter oui à ce projet de révision constitutionnelle. Il explique sa participation à cette conférence par le fait que la démocratie est menacée. Et, ça vaut le coût de se lever pour la défendre.
Dans la même veine, le Dr Téssougué indique qu’il faut tout faire pour que ce référendum bidon ne se tienne. Et pour cause : « si nous partions à ce référendum, le projet passera à 99%. Même si tous les électeurs votent contre. En ce sens que nous vivons dans un Etat où les autorités ont un savoir faire inouï en matière de fraude électorale ».
Le Président du Forum de la Société, Adama Diakité abondera dans le même sens. Il faut, soutient-il, tout faire pour empêcher nos autorités de fouler au sol notre démocratie.
Quand à Maître Mamadou Gaoussou Diarra, il affirme qu’avec cette constitution, nous ne pourrions plus parler de démocratie au Mali. Dans la mesure où le Président de la République sera le seul maître à bord. Un Président qui nomme et démet le Premier Ministre, le Directeur, pardon, le Président de la Cour Constitutionnelle, le 1/3 des membres du Sénat.
A noter que le Collectif « Touche pas à ma Constitution » est composé, entre autres, de :l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), la Coordination Malienne des Associations et des Organisations Démocratiques (COMODE), les partis politiques pourfendeurs du projet (ADJ, SADI...etc.), le Forum des Organisations de la Société civile, de l’Observatoire de l’Etat de Droit…etc.
Abdoulaye Tiémoko
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