M5-RFP: l’implosion

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Depuis quelques jours, ce n’est plus l’attente parfaite entre les responsables du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) parce qu’ils sont divisés désormais sur l’idée d’une transition avec ou sans le président Ibrahim Boubacar Keita.

Face à la mauvaise gestion, à la crise sécuritaire, à la corruption la troïka devenue plus tard le Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) est braquée contre le pouvoir central. Pour les responsables du M5, la seule alternative est la démission du président IBK parce qu’en 7 ans, il peine à satisfaire les attentes de la population. Après deux grandes mobilisations à la place de l’indépendance qui a drainé du monde, la complicité entre les responsables dudit front n’est plus de mise. Conséquences : la naissance de deux tendances. D’une part, il y a ceux qui veulent une transition politique avec à la tête de l’État le président IBK et, d’autre part, ceux qui pensent qu’il faut tout mettre à plat pour un départ.

« Nous pensons que les grandes mobilisations très réussies ont été un signal pour le pouvoir qui sait désormais qu’il y a une force populaire qui peut le déstabiliser. Aujourd’hui, nous avons voulu accepter le dialogue grâce à la médiation de certains partenaires d’accepter le dialogue. Mais ce dialogue se fera sur la base des propositions du M5-RFP », nous a expliqué un membre du mouvement joint par nos soins au téléphone. Pour lui, le départ du président IBK n’est plus à l’ordre du jour.

« Les positions sont en train d’évoluer. Je fais partie de ceux qui estiment qu’il faut maintenir IBK au pouvoir, mais avec des conditions qui seront certainement déterminées après », a indiqué notre source.

Abordant dans le même sens, une autre source du M5 ajoute que la démarche en cours est de réduire la mainmise de la famille présidentielle sur les ressources de l’État, de mettre fin à ses influences sur l’administration publique.

Bref, soutient-elle : « Nous voulons un pouvoir qui travaille pour l’intérêt général ». Pis, il a indiqué qu’en renonçant à la démission d’IBK, une très grande partie du M5 maintient sa position sur l’Assemblée nationale et à la Cour constitutionnelle.

« Nous n’accepterons pas que l’Assemblée nationale soit dirigée par Moussa Timbiné qui a été imposé par Karim Keita. Cela, il n’en est pas question », a déclaré notre source avant de se réjouir que déjà la mobilisation va permettre de remembrer la Cour constitutionnelle dont l’arrêt sur les résultats des législatives ont été fortement contestées. À l’époque, plusieurs communes de Bamako et de l’intérieur du pays ont manifesté pour rejeter ces résultats.

En clair, précise notre interlocuteur, ils veulent une transition politique de trois ans. Pendant cette période, le pouvoir du président IBK sera très diminué.

« Nous allons nous profiter de cette occasion pour faire toutes les réformes nécessaires dans la transparence totale. Et le gouvernement d’union nationale dont il est question, nous l’espérons représenter les forces vives de la nation avec un Premier ministre qui ne sera qu’à la merci du chef de l’État », a-t-il indiqué. Et nous parvenons à obtenir ces résultats, on peut dire que les Maliens se sont mobilisés utilement.

En revanche, une partie du mouvement rejette ces thèses. Selon eux, la lutte doit aller jusqu’au bout. Le mot d’ordre initial de la démission d’IBK ne doit en aucun cas changer. Il faut le départ du président afin que les choses rentrent dans l’ordre. Cette position est défendue par Espoir Mali kura dirigé par Cheick Oumar Sissoko.

« Il faut tout mettre à plat, redistribuer les cartes sans IBK », se défendent-ils.

Cependant, il y a certaines figures de l’opposition à l’image de Nouhoum TOGO, qui pensent qu’il n’y a aucun problème au sein du rassemblement.

« Je vous dis qu’il n’y a pas de division dans le groupe. Il y a des gens qui n’ont pas intérêt à notre solidarité qui manipule l’information en faisant croire que ça ne va pas. En tous cas, il n’y a rien entre nous », a réagi de son côté M. TOGO qui appelle à la mobilisation. Ceux qui affirment que le M5 a renoncé à la démission du président IBK n’ont pas dit la vérité.

Et même le Chérif de Nioro, l’un des sympathisants du M5, a adouci le ton en écartant la démission du président même s’il accepte de faire des concessions en proposant d’éloignant son fils de la gestion du pouvoir, de tenir des élections législatives partielles et de faire partir Manassa, la présidente de la Cour constitutionnelle. Il va même jusqu’à encourager la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Est-ce la position également de Mahmoud DICKO, qui prend fréquemment conseil auprès de Bouyé HAIDARA ?

C’était en tous les positions affichées avant la réunion du comité stratégique d’hier du M5 tenue au siège de la CMAS. Au moment où nous mettions sous presse, la rencontre était en cours. L’objectif était d’harmoniser les positions par rapport au dialogue proposé par le pouvoir, selon une source.

Nous y reviendrons…

 

Par Sikou BAH

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