Mot de la semaine : Rencontre

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Le président Keïta et Soumaïla Cissé à Koulouba
Le président Keïta et Soumaïla Cissé à Koulouba (photo d’archives)

Annoncée lors de leur court mais décrispant échange téléphonique, la rencontre tant attendue a finalement eu lieu entre les deux éléphants de la désertique foret politique malienne, à savoir IBK et Soumaila Cissé.

Le Président de la République et le chef de file de l’opposition se sont rencontrés le mardi 26 février 2019 pour parler du Mali, ce grand malade dont le pronostic vital est plus que jamais engagé. Par cette rencontre, l’horizon, obscurci par plus de sept ans de crise, semble s’éclaircir, et l’espoir d’une paix retrouvée et d’un développement durable, renait. Par cette entrevue et la volonté affichée des deux protagonistes à fumer le calumet de la paix et de la cohésion, tout indique maintenant que la fin de la crise postélectorale semble proche.

Le Mali retrouvera sa cohésion d’antan, renouera véritablement avec son légendaire consensus autour des  questions essentielles et se repositionnera désormais en bonne place sur la liste des pays en Afrique où la démocratie est en marche. Mais, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Si l’acte est un pas de géant vers la décrispation, il est loin d’être suffisant pour sortir le Mali de l’ornière.

Le commandant en chef du Bateau Mali a désormais  le bon bout. Il reste à consolider cet acquis en initiant la même démarche à l’endroit des autres acteurs, en l’occurrence, les regroupements  politiques comme le FSD et la COFOP  et même les associations  de la société civile.  C’est un pas de géant qui vient d’être franchi par  IBK et Soumaila Cissé dans le cadre de la résolution de la crise multidimensionnelle que connait le Mali depuis 2012 et qui a été exacerbé par une crise  postélectorale, consécutive à la dernière présidentielle de 2018.

Les deux rivaux qui se regardaient en chiens de faïence depuis 2014, ont décidé d’enterrer la hache de guerre au grand bonheur du Mali et des maliens.

Pour rappel, la rupture entre IBK et son challenger a commencé en 2014, soit juste un an après l’avènement d’IBK au pouvoir  et surtout après le geste plus que fair-play de Soumaila Cissé,  qui a reconnu sa défaite et s’est déplacé avec toute sa famille pour aller féliciter IBK  jusqu’à domicile. Cette belle image a très vite céder la place au combat politique acharné, aux invectives puériles, aux critiques stériles, reléguant l’essentiel au second plan. Cette guerre fratricide s’est traduite par une  haine viscérale entre deux anciens camarades d’un même parti qu’est l’ADEMA.

Les deux hommes ont travaillé ensemble pendant au moins huit ans sous l’autorité d’Alpha Oumar Konaré. IBK était Premier ministre quand Soumaila Cissé était son ministre des finances. Tous les deux, avides du pouvoir et que le destin les a opposé à deux reprises en 2013 et en 2018, semblent désormais comprendre que ce qui les lie est plus fort que ce qui pourrait les diviser.

En somme, le calumet de la décrispation est allumé maintenant, il revient  à tous les acteurs politiques comme  ceux de la société civile de le fumer pour le Mali.

Youssouf Sissoko

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