Présidentielle de 2012 : Ce que nos compatriotes attendent du futur locataire de Koulouba

22 Sep 2011 - 00:00
22 Sep 2011 - 00:00
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20 ans après l’instauration de la démocratie, les Maliens fondent beaucoup d’espoir sur les élections présidentielles à venir. 51 ans après le départ du colonisateur et 20 ans de démocratie, les maliens sont toujours à la recherche d’un pays où il fait bon vivre car une frange importante de la population continue à vivre en dessous du seuil de pauvreté. Ils rêvent tous d’un pays émergent, un pays modèle en matière de justice, d’éducation, de sécurité, d’autorité et de civisme. Les attentes de nos compatriotes sont nombreuses. Et le futur président n’aura pas la tâche facile. En effet, car l’euphorie qui a accompagné les premiers pas de la démocratie a vite laissé la place à la désolation et à la déception.

Visitons ces nombreuses attentes à travers une incursion alphabétique.

 

A comme autorité !

L’autorité de l’Etat a été mise à rude épreuve au cours de ces dernières années. Un Etat sans autorité est voué à l’échec. Le respect de l’autorité de l’Etat est une exigence de l’Etat de droit. Au Mali comme ailleurs en Afrique, le respect de l’Etat de droit devrait constituer un défi majeur. Il s’agit d’aider à créer un environnement sans lequel aucune bonne gouvernance n’est possible.

 

B comme bien public !

 Il faut noter que la priorité des priorités réside dans l’instauration d’une culture du respect du bien public et de l’esprit civique. L’éducation doit revenir à sa vocation de base : former, certes des compétences techniques, mais d’abord et avant tout des hommes équilibrés, consciencieux, moralement mûrs et motivés par l’amour de la patrie. La boulimie d’une catégorie de personnes peu scrupuleuses ayant accès aux structures de gestion des biens publics est effrayante. La banalisation ou l’accaparement démesurée des biens publics est l’une des causes principales de la paupérisation de notre pays.

Il s’agit donc de revoir dans son intégralité l’organisation de l’administration pour asseoir les conditions de transparence dans la gestion, combattre les différents travers qui gangrènent le fonctionnement de l’Etat tels les trafics d’influence, le favoritisme, les inégalités de toutes sortes. Le clientélisme, le laxisme et l’impunité, doivent être abandonnés au profit de comportements plus dignes, plus responsables et plus compatibles avec l’équité.

 

C comme contrôle

On parle de contrôle citoyen de l’action publique quand les citoyens ordinaires et les organisations de la société civile obligent les détenteurs du pouvoir à rendre compte de leurs actions et à assumer leurs responsabilités.  La notion de contrôle citoyen de l’action publique renvoie à un large éventail de mesures et de mécanismes (autres que le suffrage) auxquels les citoyens, les communautés, les organisations de la société civile et les médias indépendants peuvent recourir pour influencer les tenants du pouvoir dans leurs actions. Ces mesures comprennent, par exemple, la participation des citoyens à l’élaboration des politiques et des plans de développement, la budgétisation participative, le suivi des dépenses publiques, le suivi par les citoyens de la prestation des services publics, etc. La lutte contre la corruption et la délinquance financière doit être le cheval de bataille du nouveau locataire de Koulouba.

 

D comme développement !

 

L’euphorie qui a accompagné les premiers pas de  l’accession de notre pays à l’indépendance a vite laissé la place à la désolation et à la deception, avons-nous dit plus haut. Parce que nous vivons dans une société de consommation plutôt qu’une société de production. Dans un pays où l’Office du Niger existe, c’est une honte de dire que le gouvernement accorde chaque année des milliards aux opérateurs économiques en terme d’exonération pour importer le riz de la Thaïlande ou de la Chine. 

 

 

A la chute de Moussa Traoré, on nous avait promis le développement. Mais ce fait la paupérisation à l’arrivée. Une jeunesse mal formée à la recherche d’un emploi introuvable ou hypothétique dans un pays où le régime militaire et les démocrates ont tout vendu pour ne pas dire tout détruit, en matière de grandes entreprises. Notre pays n’a plus besoin de programmes et projets de développement importés mais de vraies actions  de développement.

 

 

E comme école !

Si à l’indépendance, les cadres soudanais étaient cités parmi les meilleurs en Afrique, tel n’est plus le cas de nos jours. C’est la descente aux enfers. Les différents forums et autres rencontres n’ont rien apporté de potable à un système en pleine déliquescence.

Le pays est en manque criard de cadres valables, car l’école malienne ne forme plus des cadres compétents mais des diplômés non valables. Certains pensent que la chute aux enfers de l’école malienne a commencé à l’avènement de la démocratie. Lors d’une conférence-débat sur le système éducatif, un intervenant disait : « Quant la démocratie  est entrée par la porte, l’école malienne est sortie par la fenêtre. L’école malienne a perdu sa valeur d’antan depuis 1991. Le niveau n’est plus bas mais plutôt  à terre. » L’association des étudiants et élèves s’est détournée de son objectif de la défense des  intérêts des étudiants. Pis, la création désordonnée des écoles privées qui ne répondent pas aux normes éducatives, a contribué à enterrer le système éducatif.

 

J comme justice !

De l’indépendance à nos jours, les Maliens sont à la quête d’une justice indépendante qui aiderait à promouvoir l’Etat de droit.  Le défi  aujourd’hui est l’amélioration des systèmes judiciaires avec des hommes libres et courageux.  Actuellement, l’injustice a atteint le seuil de l’intolérable. Comme l’avait souligné Me Fanta Sylla, bâtonnier de l’Ordre des avocats, les magistrats maliens sont propres de tout sauf de l’argent sale. Les pauvres s’en remettent à Dieu devant les riches très puissants qui graissent les pattes des juges. Ce qui fait dire à certains observateurs qu’il y a une justice exclusivement réservée  aux riches. Face à certaines dérives, les nerfs se surchauffent jour après jour, face à l’injustice qui fabrique des révolutionnaires, des aigris sociaux. Le futur président  doit inscrire l’accès à une injustice équitable au cœur de ses priorités.

 

S comme sécurité !

La circulation des personnes et des biens devient de plus en plus difficile. Et pour cause ! L’insécurité dans les grandes villes du Mali croît à une vitesse exponentielle. Et cela est inquiétant. Des citoyens sont braqués et dépouillés de leurs biens avec un risque énorme de perdre la vie. Le Nord du Mali est devenu une zone de transit de drogue par excellence. Là-bas, les narcotrafiquants dictent leur loi. La recrudescence de ces actes de banditisme est liée au laxisme et à l’irresponsabilité de l’Etat. Des actions vigoureuses doivent être entreprises pour mettre un terme à cette insécurité qui devient de plus en plus une menace pour la paix et la quiétude sociales.

 

Modibo Fofana

 

 


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