Accusés« d’atteinte à la sûreté de l’Etat »« tentative de déstabilisation de la transition », le pool des avocats de l’ancien premier ministre, Boubou Cissé et coaccusés étaient face à la presse ce vendredi à Bamako pour dénoncer un procès politique et la violation de la liberté fondamentale de leurs clients,
dont certains sont écroués et l’un obligé de se cacher pour sa sécurité.
C’est un pool d’avocats qui se sont présentés ce vendredi devant la presse pour donner des éclairages sur cette affaire dite « de tentative de déstabilisation de la transition » qui défraie la chronique au Mali.
Le bâtonnier, Me Kassoum Tapo, est clair, « toutes les personnes arrêtées n’ont jamais tenu une réunion secrète autour du premier ministre Dr Boubou Cissé. D'après lui, après 52 jours de détention dans le camp de Kati suite au coup d’Etat 18 août, l’ancien chef de cabinet SéKou Traoré est allé rendre visite à Boubou Cissé une seule fois parce qu’il fut son collaborateur. On reproche, selon lui, à Sékou Traoré, le secrétaire général de la présidence, d’avoir lui aussi mené des actes de sabotage, d’avoir consulté à Ségou, Lassina Kane, un puissant marabout et introduit au Palais de la viande de sacrifices. «Ce fameux marabout qu’on pense qu’il prépare des coups d’Etat est l’oncle de Sékou Traoré. Est-ce qu’il est interdit d’aller voir son oncle ? », s’interroge Me Kassoum Tapo.
Les autres accusés à savoir : Vital Robert Diop, directeur général de la société PMU-Mali, Aguibou Macky Tall, directeur général adjoint de l'Agence de gestion du fonds d'accès universel, Souleymane Kansaye, receveur général au Trésor, Ras Bath, chroniqueur et animateur radio, Me Tapo soutient qu’il n’y a aucun « élément probant » qui prouve que les fonds ont été mobilisés pour financer des organisations syndicales et associatives pour déstabiliser la transition. Il a déploré la diffusion du réquisitoire du procureur sur les réseaux sociaux et s’interroge « comment on peut jeter en pâture l’honneur des gens et mettre en prison des jeunes cadres sans preuves »
« Dossier scandaleux »
« Il n’y a rien dans ce dossier qui fonde de poursuites judiciaires », tranche Me Marcel Ceccaldi, venu de la France pour défendre Boubou Cissé. Lequel n’hésite pas à qualifier cette affaire « de dossier scandaleux ».
Me Kassoum Tapo estime que son client Boubou Cissé et ses coaccusés sont victimes d’un procès politique. « Depuis quand avoir des ambitions présidentielles est un crime ou un délit dans une démocratie », se demande toujours le bâtonnier, qui ajoute que dans un dossier pareil on aurait dû mettre ces personnes arrêtées en liberté mais sous contrôle judiciaire.
« Aucun indice ne prouve qu’on doit émettre un mandat de dépôt contre elles », déplore l’avocat. Lequel pense que c’est une chasse au poste qui ne dit pas son nom. « Vous avez vu qu’ils ont abrogé le décret de nomination de Sékou Traoré à la Présidence. Donc, demain ne soyez pas surpris de voir d’autres personnes nommées à la place de nos clients », ajoute Me Tapo.
Poursuivant que cette affaire est une atteinte à la liberté fondamentale de leur client, à la démocratie, à la liberté d’expression et au droit à la défense. Pour lui, le procureur s’est laissé instrumentaliser par la sécurité d'Etat. « Les gendarmes n’ont mené aucune enquête préliminaire. Ils se sont contentés du rapport de la sécurité d'Etat », conclut Me Tapo.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net