Mali : La classe politique boycotte le Conseil national de la transition

12 Nov 2020 - 01:20
12 Nov 2020 - 07:02
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Mali : La classe politique boycotte le Conseil national de la transition

Quarante huit heures après la publication  de deux décrets définissant la clé de répartition et les modalités de désignation des membres du Conseil National de la  Transition,  plusieurs partis politiques, dont les plateformes M5-RFP, la COFOP,  Espérance nouvelle Jigui Kura, le Yelema…, renoncent a  y siéger.  Ils dénoncent une mauvaise répartition et la main mise des militaires sur cet organe législatif de la transition.  

 maliweb.net - Le Mali se dirige-t-il vers une nouvelle crise politique ? En tout cas, tous les ingrédients semblent réunis pour  voir à nouveau  des contestations dans les rues de Bamako. Pour cause,  les militaires  qui ont renversé le régime de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août dernier, ont du mal à souffler dans la même trompette que la classe politique, qui, dans son ensemble, se sent écartée dans la gestion du pays.  En début de semaine, les deux décrets présidentiels, attribuant 22 sièges aux forces armées de défense et de sécurité contre 19 sièges pour l’ensemble de près 300 partis politiques,  ont  suscité  la colère de la classe politique.

 « Ce décret concernant le CNT infantilise et méprise la classe politique. Je  lance un appel au sursaut national », a lancé les hostilités  le président du parti CODEM, Housseini Amion Guindo, qui dirige aujourd’hui une plateforme politique  Espérance nouvelle Jigui Kura.  Ce regroupement politique,  dans un communiqué publié hier,  a  dénoncé « un manque de concertation et la modalité de désignation des membres du CNT. »  Pour cette plateforme politique, le processus ne respecte  aucun texte ni la Constitution ni la Charte de la transition encore moins la loi relative à la charte des partis politiques.  Eu égard à tous ces griefs soulevés,  elle a décidé « de s’abstenir à participer au CNT dans ces conditions. »
 

 « Confiscation du rôle des politiques »

 Dans le même sillage, le parti YELEMA "le Changement", présidé par l’ancien premier ministre, Moussa Mara,  dit prendre acte des décrets fixant la clé et la modalité de désignation des membres du CNT. Mais,  le parti a informé ses militants  dans un communiqué  qu’il a pris la décision de  « ne pas postuler pour des sièges au CNT. »

 La Coalition des Forces Patriotique dit constater  « une confiscation du rôle des politiques » et enfonce le clou, « cela est une entrave à la démocratie malienne  et un danger  pour l’avenir du pays. »  C’est pourquoi la COFOP a décidé à son tour de ne pas fournir des dossiers pour participer au Conseil National de la Transition.

 Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP)  qui a été exclu du choix du Président et du chef du gouvernement de la transition malgré que  son action ait permis de précipiter le départ de l’ancien régime,  a décidé également de ne pas participer à la mise en place du Conseil National de la Transition tel qu’il est prévu dans le décret susmentionné.

  Des sources indiquent que l’ancienne majorité présidentielle, ‘’la plateforme ensemble pour le Mali’’, pourrait également renoncer à participer au CNT. Une  réunion serait en cours entre les présidents des partis politiques pour officialiser  cette décision, rapporte notre source, qui ajoute que c’est un boycott général.

 Au Mali, depuis le renversement du pouvoir démocratique élu en 2018, les militaires du CNSP  avec à leur tête le vice-président, Col. Assimi Goïta, règnent sans partage.  Ils contrôlent la présidence  et le gouvernement de transition  avec des militaires nommés dans tous les postes clés. Aujourd’hui, ils sont en train de manœuvrer pour avoir la majorité  à l’organe législatif de la transition, où des sources crédibles soutiennent qu’ils veulent placer le vice-président du CNSP, le Col Malick Diaw. Le seul qui demeure sans poste sur les cinq  colonels qui ont conduit le putsch du 18 août 2020.

Outre ces trois organes, ils lorgnent les postes de préfets, sous-préfets  et ambassades.

 Siaka DIAMOUTEN/Maliweb.net

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