Mali : La classe politique boycotte le Conseil national de la transition

Quarante huit heures après la publication de deux décrets définissant la clé de répartition et les modalités de désignation des membres du Conseil National de la Transition, plusieurs partis politiques, dont les plateformes M5-RFP, la COFOP, Espérance nouvelle Jigui Kura, le Yelema…, renoncent a y siéger. Ils dénoncent une mauvaise répartition et la main mise des militaires sur cet organe législatif de la transition.
maliweb.net - Le Mali se dirige-t-il vers une nouvelle crise politique ? En tout cas, tous les ingrédients semblent réunis pour voir à nouveau des contestations dans les rues de Bamako. Pour cause, les militaires qui ont renversé le régime de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août dernier, ont du mal à souffler dans la même trompette que la classe politique, qui, dans son ensemble, se sent écartée dans la gestion du pays. En début de semaine, les deux décrets présidentiels, attribuant 22 sièges aux forces armées de défense et de sécurité contre 19 sièges pour l’ensemble de près 300 partis politiques, ont suscité la colère de la classe politique.
« Confiscation du rôle des politiques »
Dans le même sillage, le parti YELEMA "le Changement", présidé par l’ancien premier ministre, Moussa Mara, dit prendre acte des décrets fixant la clé et la modalité de désignation des membres du CNT. Mais, le parti a informé ses militants dans un communiqué qu’il a pris la décision de « ne pas postuler pour des sièges au CNT. »
La Coalition des Forces Patriotique dit constater « une confiscation du rôle des politiques » et enfonce le clou, « cela est une entrave à la démocratie malienne et un danger pour l’avenir du pays. » C’est pourquoi la COFOP a décidé à son tour de ne pas fournir des dossiers pour participer au Conseil National de la Transition.
Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui a été exclu du choix du Président et du chef du gouvernement de la transition malgré que son action ait permis de précipiter le départ de l’ancien régime, a décidé également de ne pas participer à la mise en place du Conseil National de la Transition tel qu’il est prévu dans le décret susmentionné.
Des sources indiquent que l’ancienne majorité présidentielle, ‘’la plateforme ensemble pour le Mali’’, pourrait également renoncer à participer au CNT. Une réunion serait en cours entre les présidents des partis politiques pour officialiser cette décision, rapporte notre source, qui ajoute que c’est un boycott général.
Au Mali, depuis le renversement du pouvoir démocratique élu en 2018, les militaires du CNSP avec à leur tête le vice-président, Col. Assimi Goïta, règnent sans partage. Ils contrôlent la présidence et le gouvernement de transition avec des militaires nommés dans tous les postes clés. Aujourd’hui, ils sont en train de manœuvrer pour avoir la majorité à l’organe législatif de la transition, où des sources crédibles soutiennent qu’ils veulent placer le vice-président du CNSP, le Col Malick Diaw. Le seul qui demeure sans poste sur les cinq colonels qui ont conduit le putsch du 18 août 2020.
Outre ces trois organes, ils lorgnent les postes de préfets, sous-préfets et ambassades.
Siaka DIAMOUTEN/Maliweb.net
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