Pénurie d’eau potable et délestage : Vers une révolte généralisée des victimes de Bamako

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L’eau potable et l’électricité font partie des droits fondamentaux d’une personne. Mais encore en 2019, ces besoins indispensables se font toujours désirer dans la capitale malienne. Et malgré l’existence d’un programme d’urgences sociales présidentiel, le département  chargé de donner uniquement de l’eau potable et de l’électricité aux Maliens est incapable d’offrir le minimum de prestations. Du côté des victimes, l’incompréhension est générale.

Arrivé au pouvoir en 2013, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a fait de l’amélioration des conditions de vie des citoyens une priorité. IBK a promis que l’Etat restera attentif aux préoccupations des populations afin d’y apporter les solutions idoines et durables.

Pour concrétiser cette volonté politique, un ambitieux programme d’urgences sociales présidentiel d’accès à l’eau et à l’énergie a vu le jour. Le programme portait sur la réalisation de 200 000 branchements sociaux en eau potable pour favoriser l’accès à l’eau potable de foyers à faible revenu. Cette opération devrait permettre aux bénéficiaires de disposer de l’eau potable jusqu’à domicile, mais aussi de payer le service pour l’obtention du mètre cube d’eau potable à 113 FCFA contre 500 FCFA environ avant le branchement.

En plus, il était prévu la réalisation du système hydraulique villageois amélioré avec des forages à la place de l’opération citerne. Il s’agissait à travers ce système de creuser des forages et renforcer des systèmes d’adduction d’eau existants dans le District  de Bamako et dans les régions de Koulikoro, Gao et Kidal.

Pour l’électricité, le programme prévoyait le renforcement des capacités de productions des différents barrages hydroélectriques du Mali. De plus, l’interconnexion électrique Côte D’Ivoire-Mali a été inaugurée et les travaux de construction de la ligne 225KV Sikasso-Bougouni-Sanankoroba-Bamako ont été lancés.

Ces travaux devraient de servir directement 92 villages et agglomérations sur le  long de la route RN7 reliant Bamako et Sikasso en passant par la région de Koulikoro et faire de l’électricité, un facteur d’intégration et de développement durable.

D’autre part, le financement du projet d’interconnexion électrique en 225 KV Guinée-Mali et du Projet de développement de mini centrales hydroélectriques et des réseaux de distribution associés, pour un montant total de 39,2 milliards de CFA par la BAD, a été acquis.

Ce projet va contribuer au renforcement des échanges d’énergie électrique entre les pays de la sous-région ouest-africaine en général, et en particulier, entre la Guinée et le Mali, et au développement socio-économique des deux pays à travers un accès plus accru des populations à une électricité de qualité et à moindre coût.

Si le ministre sortant de l’Energie et de l’Eau, Malick Alhhousseini, avait donné un sens au programme, son départ a sérieusement handicapé la poursuite des réalisations. Certes, l’administration est une continuité, mais il est souvent bon de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

Depuis l’arrivée  de Sambou Wagué à la tête du département en charge de l’Energie et de l’Eau, aucune avancée n’est visible sur le terrain. À part ses missions coûteuses et non productives dans les différentes localités, l’actuel ministre de l’Energie et de l’Eau n’a visiblement pas les clefs de la situation.

Depuis plusieurs mois, la pénurie d’eau potable est une triste réalité dans la ville de Bamako et ce, malgré l’ouverture de la station de pompage de Kabala. Certains quartiers de la ville peuvent rester durant des semaines sans avoir une goutte d’eau dans les robinets.

Pour l’électricité, c’est la même situation. Le délestage est devenu le quotidien des Bamakois. Avec des prestations de mauvaise qualité, EDM-Sa, en violation flagrante du programme d’urgences sociales du président de la République, se permet d’augmenter le prix de l’électricité.

Et pourtant, l’Etat a consenti beaucoup de sacrifices pour diminuer le tarif de l’eau et de l’électricité dans les foyers. En 2017, l’Etat a subventionné l’eau et l’électricité à hauteur de 25 milliards de FCFA contre 27 milliards en 2016. Cette subvention continue toujours pour alléger la souffrance des citoyens.

De fait, l’incapacité du ministre et les deux directeurs en charge d’EDM  et de la SOAGEP est mise à nu d’où la colère des millions de victimes qui ne sont plus prêtes à prendre leur mal en patience. Les murmures dans les salons, bureaux et grins vont laisser la place à la colère généralisée.

Il n’est pas exclu de voir dans les semaines à venir des manifestations de protestions contre les acteurs en charge de l’eau et de l’électricité.

Y Doumbia

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