Colonel Abdoulaye Sidibé, l’Officier en charge de la LOPM au MDAC : «La réhabilitation de notre outil de Défense est en marche»

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Le Colonel Abdoulaye Sidibé, conseiller technique chargé des opérations au ministère de la Défense et des Anciens combattants, est un des artisans de travaux de réflexion sur la réforme de l’Armée. Dans une interview exclusive sur ce vaste chantier, il a livré quelques éclaircissements sur La LOPM.

La réforme des forces armées et de sécurité est en marche depuis 2015 à travers la loi d’orientation et de programmation militaire, qui est aujourd’hui à sa deuxième année de mise en œuvre. Cette loi a été minutieusement élaborée pour doter notre pays d’un outil de Défense capable de relever des défis en tout genre. Elle se traduit par une restructuration profonde des forces armées et de sécurité maliennes permettant le renforcement des capacités opérationnelles. La loi d’orientation et de programmation militaire a été votée le 05 mars 2015.

Selon le porte-parole du ministère de la Défense et des Anciens combattants, le colonel Abdoulaye Sidibé, cette réforme est un outil formidable qui traduit la grande volonté du président de la République, chef suprême des armées, Ibrahim Boubacar Keita, de doter notre armée des moyens d’assurer ses missions régaliennes.

Faisant la genèse de la LOPM, il a souligné que suite à la crise de 2012, des audits ont été organisés conjointement d’abord avec les forces partenaires de la France basées au Sénégal et ultérieurement fin 2012 début 2013 avec le volet conseil de l’EUTM. Ce qui a permis de faire une compilation des documents d’inspection existants et des documents d’audits qui ont été effectués suite à la double crise politico-sécuritaire pour venir à la nécessité de réformer notre outil de Défense. Donc depuis mars 2013, un long processus a commencé et qui s’est traduit par des interviews au niveau des états-majors et services par ces éléments experts étrangers accompagnés de leurs homologues maliens pour confirmer ou infirmer les éléments d’audit ou d’inspection. Ensuite, le 02 décembre 2013, il y a eu le lancement officiel de la réforme des forces armées sur la  base des premières ébauches qui ont été effectuées par ces experts.

À cette occasion, le ministre de la Défense a mis en place un organisme de pilotage qui a été structuré à trois niveaux.  Le premier niveau, le plus haut, est le niveau politique, un organe appelé CODIR (comité de direction) qui a été mis en place et comprenant le ministre de la Défense et son staff. Au second niveau, il y avait le COPIL (comité de pilotage) de la réforme des armées qui regroupait en plus du ministre et son staff, l’ensemble des chefs d’état-major et directeurs de services. Il était appuyé par une cellule de coordination et un secrétariat. Le troisième niveau était constitué de groupes de travail qui étaient au nombre de 09. Le premier était chargé de la doctrine et de l’organisation des forces ; le deuxième s’occupait de la réorganisation de la chaîne organique et de commandement ; le troisième était chargé de la réorganisation de la chaîne logistique ; le quatrième était consacré à la préparation opérationnelle des forces. Le cinquième avait en charge la formation, le sixième groupe des ressources humaines ; le septième devait se charger de la réforme du renseignement ; le huitième des aspects de la coopération et le dernier groupe les aspects de la communication opérationnelle.

Il a précisé que chaque groupe de travail était constitué d’environ une dizaine  de cadres dont 90 officiers supérieurs, 20 officiers supérieurs de l’EUTM et les membres de la cellule de coordination, du comité de pilotage et du comité de direction. Donc la réforme a mobilisé en ce qui concerne les ressources humaines un effectif de 150 hauts gradés des forces armées et de sécurité. Pour le colonel Sidibé, il y avait de la matière grise pour penser la réforme, fixer des objectifs, montrer les voies à suivre et esquisser les moyens nécessaires à sa mise en œuvre.

Après cette structuration, le travail a pu commencer d’arrache-pied et chaque groupe de travail faisait deux ou trois réunions par semaine. Ainsi, partant des documents d’audit et d’inspection, ils cherchaient des solutions aux difficultés qu’ils proposaient au comité de pilotage qui présentait ce résultat au comité de direction. C’est donc à l’issue de près d’une année de travail laborieux que le document de la réforme a été élaboré. Il prend en compte les grands axes et les missions des états-majors et directions de service. Il comporte aussi le contrat opérationnel pour chaque arme et chaque service.

Le colonel Abdoulaye Coulibaly a expliqué que le contrat opérationnel est en terme clair ce qu’on peut atteindre, ce qu’on doit atteindre, ce que doit pouvoir faire chaque état-major et direction de service. Donc, selon lui, les grandes lignes de ce contrat opérationnel comme exemple le contrat opérationnel de l’Armée de Terre voudrait que sur n’importe quel point du territoire, cette armée doit être capable de déployer au bout d’une semaine un ETIA, c’est-à-dire un équivalent de 200 hommes pour pouvoir intervenir. Au bout d’un mois, l’Armée de terre doit être apte à déployer un GTIA soit 700 hommes et au bout de trois mois 3500 militaires sur le théâtre des opérations.

Pour remplir ce contrat opérationnel, les autres armées et services doivent apporter leur contribution. En exemple, l’Armée de l’air devrait pouvoir transporter au bout d’une semaine 200 hommes et de les projeter sur n’importe quel point du territoire national et la DMHTA qui est le bras «armé» de notre armée devrait être en mesure de soutenir ces 200 hommes. Il a signalé que l’une des grandes lignes c’est le renforcement des bases doctrinaires des forces armées, c’est-à-dire depuis la politique de défense, sa déclinaison en stratégies militaires, la déclinaison de ces dernières en doctrines d’emploi des forces et la déclinaison de ces doctrines en mémentos…

Selon le colonel Sidibé, la capacité opérationnelle d’une armée repose sur quatre piliers, à savoir les effectifs, l’équipement des hommes, la formation et la préparation opérationnelle, ainsi que l’organisation qui décline les objectifs et les capacités nécessaires. Il a signalé que la réforme prend en compte la doctrine. Donc tout part de là, a fait remarquer le colonel Sidibé. En plus, poursuit-il, il y a l’organisation des chaînes organiques et opérationnelles, la logistique. En terme de priorité, le colonel Sidibé a déclaré que la loi d’orientation et de programmation militaire est à sa 2ème année d’exécution. Lors de la première année, compte tenu des impératifs opérationnels et de l’expansion de la menace terroriste vers le sud et le centre, la priorité a été donnée aux unités de combats qui sont déployées sur le terrain. Il a précisé que ce sont les GTIA qui ont été pris en compte. Pour cela, environ 200 véhicules ont été réalisés pour les forces dont des KIA et des Toyota Pickups, l’armement été aussi réalisé pour les hommes. Il a ajouté qu’au jour d’aujourd’hui, tous les hommes disposent de l’arme individuelle sur le terrain, ce qui n’était pas le cas auparavant. Au total, ce sont 11000 casques balistiques pare-balles et 7000 gilets pare-balles d’une capacité de 70% de protection qui ont été également réalisés.

Le colonel Sidibé a aussi signalé que d’autres équipements ont aussi été réalisés dont les équipements des véhicules en armes lourdes, surtout que le niveau de défectuosité des munitions a été ramené à zéro, ce qui est appréciable. Il a noté que 5000 éléments ont été recrutés et sont en cours de formation dans les centres d’instruction. Pour l’année 2015, le colonel Sidibé a affirmé que la priorité a été donnée à l’Armée de l’air avec l’acquisition en cours d’une vingtaine d’avions militaires dont des avions de transport de troupes, des hélicoptères de manœuvre, d’appui feu et des avions d’attaques au sol. Il a indiqué que les appareils que nous possédions vont être aussi réparés dont des hélicos MI24, l’hélico Z9 de manœuvre ainsi que deux avions MARKETI.

Faisant le bilan de ce parking, il a noté qu’à terme, l’Armée de l’air disposera d’une quarantaine d’appareils. Il a souligné que cette réalisation était initialement prévue sur 5 ans, mais vu les priorités opérationnelles, ce programme a été accéléré. Le colonel Abdoulaye Sidibé a souligné que les priorités de 2016 ont été définies le 04 août dernier par le Conseil supérieur de la défense nationale. Elles prévoient des infrastructures au profit de l’Armée de l’air, l’élargissement du parking à Sénou et beaucoup d’autres infrastructures nécessaires au déploiement opérationnel de l’Armée de l’air.  Selon lui, le programme de 2016 prévoit aussi la mise en place de régiments organiques pour l’Armée de terre dont des régiments d’infanterie à base de véhicules blindés de combat d’infanterie, des régiments d’artillerie, des régiments blindés dont certains à base de maraudeurs, des engins sud-africains qui sont très performants et très utiles dans les escortes ainsi que la lutte contre les engins explosifs improvisés.

Il a déclaré en outre que le choix des priorités de la LOPM se fait au niveau du conseil supérieur de la Défense, présidé par le président de la République, chef de l’Etat, chef suprême des armées. Il a ajouté que le gouvernement a pris une ordonnance le 20 août dernier portant statut général des militaires. Il a noté que cette ordonnance prévoit des avantages pour les ayant-droits des militaires tombés en opérations ou en services commandés, les blessés de guerre, les militaires ayant fait 06 mois en opération ainsi que les anciens combattants. Ce document prévoit pour les ayant-droits des militaires suscités des avantages inédits. Il s’agit d’une aide égale à 10 ans de solde du grade qui le précède à l’échelon le plus élevé. À cela s’ajoutent la prise en charge des diplômes et l’octroi de la carte de combattant qui donnera plus tard le statut d’ancien combattant et qui sera accompagné d’avantages conséquents. Le règlement des cas d’indiscipline sur le théâtre des opérations est aussi pris en compte. Selon le colonel Sidibé, la LOPM est une solution pertinente pour notre armée en raison du fait qu’elle prend en compte tous les efforts visant le renforcement des capacités des forces de Défense et de sécurité. Il a enfin noté que c’est une loi qui a été beaucoup murie pour la réussite de l’armée malienne.

A/C.N.Dakouo

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5 COMMENTAIRES

  1. Que de bla-bla…

    Que de bla-bla pour quel progrès CONCRET (et réalisé!) sur le terrain pour les FAMAS??!

    Quand on lit “entre les lignes”, l’irresponsabilité et l’inconscience de l’état est encore plus flagrante! Un exemple, l’article nous dit :
    – “Il a indiqué que les appareils que nous possédions VONT ETRE aussi réparés dont des hélicos MI24, l’hélico Z9 de manœuvre ainsi que deux avions MARKETI.
    “Vont être”…….

    CE QUI VEUT DIRE QUE MEME LA SIMPLE REPARATION DE NOS PROPRES HELICOS N’A TOUJOURS PAS ETE ENTREPRISE A CE JOUR, ET CE APRES 3 ANNEES COMPLETES DE POUVOIR!!!!

    Heureusement que Zonkeba, notre Sérénissime Chef Suprême des Armées a quand même, EN TOUTE PRIORITE et à peine élu, doté nos armées d’uniformes neufs pour les défilés, de chaussettes secret-défense, et d’imperméables…

    C’est mieux que rien.
    Non?

  2. C’est une tres bonne chose cette nouvelle loi de programmation militaire; mais il y a un point qu’il faut souligner et bannir de notre armee, c’est a dire depolitiser l’armee, l’homme qu’il faut a la place qu’il faut, il ya des mediocres qui courent derriere le parti Etat pour avoir un grade de General ou etre un ministre ; si tu veux avoir une carriere civile tu dois demissionner dans l’armee. Au Mali des militaires ont saute beaucoup de grades pour devenir General alors qu’ils n’ont pas le merite, i faut bannir cette médiocrité dans l’armée sinon c’est la frustration. Vive les FAMAS dans la justice et l’équité.

  3. Bonjour,
    Aucun état ne peut vivre en autarcie (isoler des autres).

    Bien sûr, comme le disent certains, évitons d’être assistés.

    La collaboration avec d’autres états est indispensable si elle est de type gagnant-gagnant et si elle nous apporte ce que nous n’avons pas et que nos besoins exigent.

    CE QUI EST AUSSI VALABLE POUR LA DÉFENSE ET LA SÉCURITÉ.

    Nous devons donner une importance à notre défense et sécurité.

    C’est pourquoi, la modernisation des forces de défense et sécurité Maliennes souhaitée par IBK est la bienvenue tout en n’oubliant pas de valoriser les fonctions associées et les Hommes qui les assument.

    Centrées sur l’Homme et la cohésion nationale, la loi d’orientation et de programmation militaire et la reforme du secteur de sécurité (avec une vision globale prenant en compte tous les acteurs) prennent en compte ces aspects.

    Nous arriverons, ainsi, à bâtir des forces de défense et sécurité à même d’assurer leurs missions régaliennes, DONC, LA PROTECTION, LA DÉFENSE ET LA SÉCURITÉ DE LA NATION, DES PERSONNES ET DES BIENS.

    Valorisons (1) nos forces de défense et sécurité, (2) valorisons les fonctions associées (à travers le renforcement de capacités, de meilleurs salaires, des avancements en adéquation avec les salaires, constitution d’une force d’élite composite (combinant des éléments de la défense et ceux de la sécurité) et expérimentée (bien formée et bien entrainée) dont celles (à intégrer plus tard, pour plus de cohésion, dans cette force d’élite composite) contre le terrorisme sont un début, …) et (3) impulsons-les, elles nous protégerons, défendrons et sécuriserons mieux et seront autonomes.

    Une telle force d’élite composite (combinant des éléments de la défense et ceux de la sécurité après la mise en place effective du DDR (Démobilisation, Désarment et Réinsertion) et de la RSS (Reforme du Secteur Sécurité)) devra être affectée et gérée par l’état major général des armées (au Ministère de la défense) en coopération étroite avec le ministère de la sécurité et de la protection civile.

    Si les deux ministères (défense et sécurité) ne s’entendent pas sur l’affectation de cette force d’élite composite, elle pourrait être affectée à l’état major particulier du Président.

    Si ce n’est pas un problème de ressources (financières et humaines), cette force d’élite composite serait affectée à l’état major particulier du Président et les deux forces contre le terrorisme (celle au ministère de la défense et celle au ministère de la sécurité) resteront dans leurs ministères respectifs comme c’est actuellement.

    Ainsi, se construiront petit à petit des vraies forces d’élite au Mali pour une défense et une sécurité optimales et sans faille pour que plus jamais ça (ce qui s’était passé).

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC, Gouvernance et Sécurité
    TEL 00223 95 58 48 97

    • Bonjour Docteur a peut-être raison mais malheureusement le Mali n’a jamais dans son de coopération eu coopération gagnant gagnant. Je me réfère à la coopération de défense signée entre le colonisateur et le gouvernement de ma famille d’abord le Mali en sa qualité d’état souverain gagne quoi ? Coopération oui mais nous ne devrons pas rester le bras croises comme il est coutume chez pour attendre tous de l’extérieur. La situation actuelle du Mali devrait être pour tous les Maliens un exemple et comprendre que souvent tu es trahi par tes propres amis.
      Vive le Mali

      • Bonjour,
        Vous avez raison, tous les acteurs doivent être responsabilisés et les engagements des uns et des autres doivent être clairs et sans complaisance.

        C’est ainsi que dans les contrats tout devra être contrôlé et validé par les experts avant leurs signatures en utilisant des paramètres de suivi-évaluation.

        Dans la coopération de défense entre la France et le Mali, les experts Maliens ont du, probablement, contrôlés et validés les contrats.

        Bien cordialement
        Dr ANASSER AG RHISSA
        Expert TIC, Gouvernance et sécurité

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