S’il y a quelque chose qui irrite le citoyen malien dans la guerre contre les terroristes envahisseurs du Mali, c’est bien l’absence de son armée aux côtés des forces alliées à Kidal. Le plus agaçant, c’est le motif avancé par les autorités politiques et militaires qui affirment que cette absence est due au manque de matériel roulant, notamment des véhicules 4X4.

Depuis plus d’un mois, les armées alliées sont engagées dans la lutte contre le terrorisme à l’extrême nord du Mali sans l’armée du pays concerné. Interrogé par les journalistes sur l’absence de l’armée à Kidal, le ministre de la Défense et des anciens combattants, Yamoussa Camara, dira que le Mali n’a pas les moyens pour suivre le rythme de manœuvre de l’armée française. C’était au cours d’une conférence de presse qu’il a animée dans les locaux de son Département, le lundi 11 février 2013. Environ un mois plus tard, cette armée est toujours clouée au sol. Elle n’arrive pas à progresser d’un iota vers là où le peuple l’attend.
Du côté de la Direction de l’information et des relations publiques des armées, c’est le même son de cloche : «La guerre nécessite beaucoup de moyens. Au fur et à mesure que les troupes avancent, il faut laisser des hommes pour sécuriser les zones sous contrôle. Au fil du temps, les hommes aussi bien que les matériels se font rares. Il faut savoir s’arrêter pour évaluer l’état des engins et le nombre des combattants pour avancer. Maintenant, avec la rapidité avec laquelle les opérations se sont déroulées, il faut du temps à l’armée pour passer à l’assaut dans l’extrême nord du pays». Tels sont les arguments avancés par un des officiers supérieurs de la Dirpa.
De toutes les façons, le manque de matériel roulant chanté par les autorités ne tient pas aux yeux des citoyens car il est inimaginable que malgré les réquisitions des véhicules 4X4 et de nombreuses contributions à l’effort de guerre, sans oublier l’augmentation du budget de la Défense, que l’Etat soit incapable de fournir le matériel roulant à son armée. Si cela s’avérait réel, on se posera la question de savoir si nous ne serions pas dans un Etat maudit.
S’agissant du Premier ministre, il chantera que cette question sera bientôt réglée. Depuis environ un mois, le citoyen lambda ne voit aucun signe positif. Question : combien de siècles faut-il aux dirigeants maliens pour gérer cette histoire ?
A la Mission internationale pour le soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) la réponse à la préoccupation relative à l’absence des forces armées et de sécurité maliennes à Kidal, sonne comme du bluff : « La Misma est à Kidal à travers les troupes tchadiennes, le Mali sera là bientôt. Le Mnla n’a pas de sanctuaire à Kidal, il n’existe pas pour nous, ce sont vous les journalistes qui lui donnez au tant de force», laissait entendre le porte parole de la Misma, le Colonel Yao Adjoumani. Il faut alors lui rappeler que même si les forces tchadiennes ont intégré la Misma, elles évoluaient dans la région de Kidal avant d’être intégrées dans les rangs de cette force internationale qu’est la Misma. C’est pour spécifier que le Tchad a été au charbon dans l’extrême nord du Mali, avant d’être sous les ordres de la Misma.
Cette léthargie de la Misma et de l’armée malienne a amené le chef d’Etat tchadien, Idriss Deby, lors du tout dernier sommet des chefs d’Etat de la Cédéao où il était l’invité spécial, à appeler ces homologues à plus d’actions. Il a singulièrement invité les militaires maliens à venir occuper leur place jusqu’à présent vide à Kidal et de rejoindre les Français et Tchadiens dans le désert.
Cet appel du Président Deby nous confirme, une fois de plus, les propos de certains responsables militaires français qui disent que le Mali n’a pas l’appétence d’aller à Kidal. Mais pourquoi réellement ? C’est la question sans réponse à ce jour.
Oumar KONATE