Politique : Siby Abdourahamane, le chercheur politique publie un mémorandum pour une sortie de crise
Le mémorandum rendu public par le chercheur politique Siby Abdourahamane a été écrit en mars dernier puis révisé en avril, en espérant qu’il contribuera à la sortie de la crise de notre cher Mali.

Car la nation malienne traverse l'une des périodes les plus difficiles de son histoire moderne, confrontée à une crise multidimensionnelle marquée par des bouleversements dans la ligne politique de l'État.
L'impact de la crise sécuritaire au Nord et au Centre du pays, la crise énergétique dans la capitale et certaines régions, ainsi que la rupture avec des organisations occidentales ont profondément affecté le quotidien de la population. Par ailleurs, la rareté de la levée de fonds sur le marché régional, le retard dans le paiement de la dette intérieure, notamment envers les acteurs de l'éducation, de la santé et du commerce, ainsi que les poursuites judiciaires contre les magnats de l'économie ont eu des répercussions négatives sur l'économie locale. L'augmentation des droits de douane, l'intensification de la pression exercée par les agents des services publics sur les entreprises créatrices d'emplois et le manque d'intervention de l'État pour soutenir ces entreprises ont aggravé la gestion des flux financiers et de la liquidité.
Sur le plan social, le climat reste tendu, notamment dans les secteurs bancaire, éducatif et alimentaire, malgré la signature de plusieurs accords entre le gouvernement et les syndicats. Cette situation préoccupante appelle à des mesures urgentes et concertées. Puisque la politique est l'art du possible, nous nous permettons de proposer quelques pistes de solutions, en espérant qu'elles contribueront à une sortie de crise.
Par rapport aux mesures économiques de la stabilisation de l'environnement économique, propose le chercheur en politique de la suspension des poursuites judiciaires au niveau du pôle économique jusqu'après l'élection présidentielle. Ajuster le prix du kilowatt pour permettre à EDM de produire sans pertes, tout en confiant progressivement la gestion de l'énergie à des entités privées ou étrangères, avec l'objectif de démocratiser la distribution d'énergie à moyen et long terme. Ensuite annoncer des mesures d'accompagnement pour les PME et les ouvriers touchés par la crise, notamment des exonérations fiscales et la mise en place d'un fonds d'investissement dédié à la relance du secteur en supprimant le taxe sur le crédit téléphonique et mobile money.
En ce qui concerne l’autosuffisance alimentaire et industrialisation, mettre en place une politique d'autosuffisance alimentaire, en encourageant les commerçants et hommes d'affaires importateurs de produits alimentaires à investir dans le secteur agricole, notamment dans la zone de l'Office du Niger, en leur proposant des terres arables dans le cadre de partenariats public-privé (PPP). Et faciliter la transformation et l'industrialisation des entreprises locales en leur octroyant des avantages fiscaux exceptionnels.
Pour l’assainissement des finances publiques, Siby Abdourahamane propose le paiement immédiat d’une partie de la dette publique intérieure pour restaurer la confiance économique. En augmentant les recettes de l'État en taxant les services premium et les produits nuisibles à la santé (billets d'avion, paris sportifs, tabac, boissons énergétiques). Ensuite réduire le train de vie de l'État en supprimant certaines institutions non essentielles durant la transition, telles que le Conseil économique et social, et en supprimant les avantages financiers excessifs des hauts fonctionnaires, membres du CNT, ministres et autres cadres de l'administration. Enfin réduire la masse salariale de la fonction publique en ajustant le nombre de fonctionnaires selon les besoins réels de chaque département ministériel et service public. Il est inacceptable que près de deux tiers du budget soit consacré au fonctionnement de l'État sans retour proportionnel en recettes.
Pour les mesures politiques, il souhaitera le rétablissement du processus démocratique en fixant une date ferme pour les élections présidentielle et législatives dans les six prochains mois. En accordant une amnistie aux personnalités politiques en exil ou emprisonnées, à l'exception de celles poursuivies pour corruption ou crimes pénaux. Et réformer le système électoral et actualiser le fichier électoral pour garantir des élections transparentes et inclusives.
En mesure de sécurité par rapport à la gestion des conflits et réintégration des combattants en annonçant un nouveau plan de réintégration pour les combattants terroristes souhaitant déposer les armes, sous la supervision d'une personnalité consensuelle. Ensuite renforcer le soutien humanitaire aux populations des zones de guerre et aux sinistrés afin de lancer un fonds de soutien international pour la reconstruction des régions du Nord et du Centre, en partenariat avec des bailleurs de fonds et des organismes internationaux.
Sur le plan diplomatique, Siby Abdourahamane suggère la réouverture du dialogue avec les partenaires internationaux afin de redynamiser les canaux de communication avec les pays voisins, notamment la Côte d'Ivoire, afin de rétablir une coopération bilatérale, à l'image de la reprise récente des relations avec l'Algérie. Relancer la campagne pour la réintégration du Mali à l'Union africaine, en mettant en avant les progrès réalisés en matière de gouvernance et de transition démocratique. Ensuite développer des partenariats stratégiques en nommant un envoyé spécial en Asie du Sud et auprès des BRICS+ pour renforcer les collaborations dans les domaines suivants: Approvisionnement en matériel stratégique (infrastructures, énergie, défense) ; Transfert de technologie et innovation ; Financement des projets de développement pour la création d’une académie diplomatique au sein du ministère des Affaires étrangères, afin d'assurer une formation continue aux cadres de la diplomatie malienne et d'améliorer la qualité des négociations internationales.
En croire au chercheur politique M Siby Abdourahamane, ce mémorandum propose des pistes de solutions concrètes et applicables pour faire face aux défis multidimensionnels que traverse le Mali. Car selon lui, il espère que ces recommandations seront prises en compte dans les décisions futures afin de stabiliser le pays et d'assurer un développement économique et social durable.
Bokoum Abdoul Momini/maliweb.net
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