Visite à Kayes : les grandes annonces du président de la transition

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Le président de la Transition, le col. Assimi Goïta, a effectué son troisième déplacement à l’intérieur du pays, depuis son accession à la présidence de la Transition. Au cours duquel, il a fait de nombreuses annonces dont la réalisation soulève de nombreuses questions. C’était ce dimanche, le 23 juillet 2023, à Kayes, la Cité des Rails.

Cette troisième visite interne du président Goïta, qui s’est effectuée dans la première région, a été marquée par la relance officielle du trafic ferroviaire, le lancement des activités de construction de la route Kayes-Sandaré et la pose de la première pierre du deuxième lycée public sis à Kayes N’dy.

Le col. Goïta a, comme l’a martelé tout récemment son Premier ministre, Dr. Maïga, soutenu à son tour que les efforts fournis pour assurer la sécurité du pays doivent être accompagnés par des actions de développement. « Quelles que soient les actions pour la sécurité, elles doivent être accompagnées par des actions de développement. Je vous avais dit lors du 22 septembre passé que nous allions commencer des actions de développement qui nous permettraient de compléter les efforts de sécurisation fournis par les forces de défense … » a-t-il déclaré.

Du « réchauffé »

Pour la concrétisation de ce développement, surtout économique, le président Goïta a annoncé plusieurs projets et dans de nombreux domaines. Ainsi, en plus de la création des universités de Gao, Sikasso et Tombouctou dont le projet a été adopté par le Conseil national de la Transition (CNT) en juin 2022, le président de la Transition a annoncé la création d’une université dans la première région. Sur ce point, le chef de l’Etat n’a fait que du « réchauffé ». Puisque le seul fait nouveau est l’annonce de la création d’une université dans la première région.

Tout le reste, en l’occurrence la création d’une université dans les régions de Sikasso, Tombouctou et Gao, était connu des Maliens depuis très longtemps. On se demande d’ailleurs pourquoi leur réalisation n’a jusqu’ici pas commencé. Aussi, le colonel Assimi Goïta n’a donné aucune indication sur la période d’ouverture des différentes Universités.

Le col. Goïta a aussi promis la construction de 13 lycées publics dont 11 lycées ordinaires et deux lycées d’excellence et l’organisation d’une assise nationale sur l’éducation, avant la fin de l’année en cours pour mieux discuter des questions de l’éducation. Là aussi, le président de la transition n’a donné aucune indication sur la période d’ouverture des différents lycées.

Dans le domaine de l’agriculture, il a annoncé la construction de deux usines de transformation de l’étoffe de coton en fils dont une sera construite à Koutiala et une autre à Bamako. Le successeur de Bah N’Daw, a, en outre, promis la rénovation des stades de Kayes, Sikasso et Mopti et la construction d’un stade dans la région de Tombouctou avant la biennale artistique et culturelle prochaine prévue en 2025 à Tombouctou.

Plus de 600 milliards de déficit budgétaire

On se demande par quel moyen (financier) le chef de l’Etat va-t-il pouvoir réaliser les différents projets. Surtout quand on sait que le Mali, dont l’économie est exsangue, vit des emprunts sur le marché financier. L’argent mobilisé par les Douanes et les Impôts ne suffit même pas à faire face au fonctionnement de l’Etat. Ce qui fait qu’au cours des trois années, le Mali, qui ne peut plus compter sur l’aide internationale, a emprunté plus de 400 milliards de Fcfa sur le marché monétaire.

Une somme destinée au fonctionnement de l’Etat, notamment le paiement des salaires, au détriment de l’investissement. En 2023, le Mali présente un déficit global de 695,99 milliards de Fcfa contre 664,58 milliards de Fcfa dans la loi de finances rectifiée 2022, soit une augmentation de 4,73%. Ce qui représente 4,1% du PIB, selon la Banque mondiale.

À en juger par les différentes annonces, le chef de l’Etat est, selon de nombreux analystes, en campagne. Ce qui suscite des doutes quant à la volonté des militaires au pouvoir d’organiser l’élection présidentielle en février et mars 2024.

Car il est impossible de réaliser ces différents projets avant la fin de la transition. Ce qui relance de nouveau le débat sur la volonté des autorités de la transition à passer la main à un président démocratiquement élu dans les délais impartis.

 Fadiala N. Dembélé/Abdrahamane SISSOKO   

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