Lutte contre la fraude sur l’électricité : Le ministre Lamine Seydou Traoré annonce la traque aux auteurs et leurs complices

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Dans le cadre du lancement de la vaste campagne de lutte contre la fraude sur l’électricité, le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré, a animé, le mardi 9 février dernier dans la salle de conférence de son département, une conférence de presse. Objectif : présenter le dispositif de lutte contre la fraude. Il avait à ses côtés le directeur général de l’Energie du Mali (Edm-sa), Oumar Diarra et plusieurs partenaires sociaux de la société.

Dans ses propos introductifs, le Ministre a rappelé qu’à son arrivée à la tête du département, il avait opéré un vaste changement dans les organes d’administration et de gestion des sociétés (Edm-sa et Somagep-sa). “Contrairement à certaines spéculations, ces changements avaient uniquement pour but de donner un nouveau souffle aux sociétés d’Etat placées sous ma supervision et qui avaient plus que jamais besoin d’un management vertueux afin de mieux répondre aux enjeux et défis des sous-secteurs de l’énergie et de l’eau en termes de maîtrise des coûts, de revenu assurance, d’expérience clients et de transformation de leurs business modèles”, a-t-il martelé.

Selon lui, l’Edm-sa et la Somagep-sa sont confrontées à un véritable choc de leur modèle d’affaires qui les contraint aujourd’hui de vendre l’eau et l’électricité à des prix largement inférieurs à leurs coûts de production. Et d’ajouter que, face à une telle situation, nombreux sont ceux qui opteraient pour le choix facile et simpliste consistant à proposer une hausse des tarifs au détriment de nos populations. “Et comme nous ne sommes pas partisans des solutions faciles, j’ai donc procédé à de nouvelles nominations aussi bien de Pca que de Dg et instruit aux différents dirigeants que j’ai nommés de tout mettre en œuvre pour l’exécution d’une réelle politique de maîtrise des coûts et de revenu assurance devant aboutir à court terme à la réduction drastique des déficits et à très moyen terme à la rentabilisation des sociétés Edm-sa et Somagep-sa”, a-t-il dit.

A ses dires, l’Edm-sa a enregistré plus de 75 milliards de francs Cfa de déficit en 2020 et 39 milliards Fcfa en 2019. S’y ajoutent 180 milliards de Fcfa de dette d’exploitation et absence totale d’investissements depuis 30 ans.

Evoquant les solutions envisagées, il dira que pour sortir l’Edm-sa de la situation catastrophique dans laquelle elle est plongée du fait essentiellement d’une mauvaise gestion à tous les égards depuis plusieurs années, deux grandes orientations stratégiques seront mises en œuvre sous son leadership, notamment mettre en œuvre une politique de maîtrise des coûts et de revenu assurance; transformer le plan d’affaires axé essentiellement sur la réalisation d’un vaste plan d’investissements dans les sources d’énergie moins onéreuses (gaz, solaire, hydro et éolien).

7 milliards de Fcfa de perte par an

A le croire, la présente opération de lutte contre la fraude s’inscrit dans le cadre de la première stratégie (Politique de maîtrise des coûts). En effet, dit-il, la fraude développée autour de l’Edm-sa est environ 7 milliards de Fcfa de perte par an, répartis entre les branchements directs illicites consistant à by-passer le compteur de l’Edm-sa donc pas de facturation ; les manœuvres délictueuses sur les compteurs se matérialisant par les rétrogradations d’index, le blocage du tambour du compteur, l’introduction d’éléments étrangers pour ralentir ou bloquer l’évolution normale des index, etc.

En ce qui concerne les moyens utilisés, il dira qu’ils procéderont à l’assainissement de la base de données clientèle par le lancement d’une vaste opération de contrôle continu du réseau de distribution sur toute l’étendue du territoire national.

A l’entendre, cette opération sera menée de jour comme de nuit, en présence d’un officier de justice, au besoin, et concernera tous les clients de l’Edm-sa, sans exception aucune, particuliers comme institutionnels. Et de poursuivre qu’elle devra aboutir à améliorer le taux de facturation et la trésorerie; augmenter le chiffre d’affaires; réduire la saturation illicite du réseau pour offrir un meilleur service à la clientèle couplé à un égal traitement des abonnés. Ainsi, il ne s’agira plus de traquer seulement les fraudeurs, mais surtout d’appliquer aux contrevenants des mesures punitives pour éviter la répétition des irrégularités.

Parmi ces mesures, il faut noter l’enlèvement du compteur et l’engagement de poursuite judiciaire contre les abonnés indélicats et leurs complices; l’application de pénalités et d’amendes conformément à la règlementation; l’observation d’un délai d’au moins un mois après le paiement intégral de la facture de pénalité avant le rétablissement du service chez le fautif; l’élaboration et la diffusion d’un fichier des abonnés indélicats et leurs complices.

Dans son réquisitoire, il a invité les clients de Edm-sa à la vigilance tout en précisant que la Direction générale décline toutes responsabilités face aux agissements personnels relevant du faux et usage de faux de toute personne incapable de prouver son appartenance à l’Edm-sa, lors d’une intervention. “J’invite toute la population malienne à accompagner Edm-sa dans sa lutte contre la fraude”, a-t-il déclaré.

Débusquer et écarter les agents corrompus et fraudeurs

A l’endroit des dirigeants de l’Edm-sa, le Ministre les a invités à rester déterminés à débusquer et écarter sans complaisance au besoin et à punir sans faiblesse ceux qui ruinent notre société ou la desservent, les corrompus et les fraudeurs, les roublards et les paresseux. “Cultivons l’honnêteté et le courage au travail. Que chacun au poste où il est, du Dg au manœuvre, considère comme reposant sur ses seules épaules le destin de Energie du Mali-sa”, a fait remarquer le ministre en charge de l’Energie.

Pour sa part, le directeur général de l’Edm-sa, Oumar Diarra, a laissé entendre qu’à l’issue du contrat de concession, par lequel l’Etat a confié à l’Edm la mission de production, de transport et de distribution de l’électricité, le règlement de service fixe les conditions et les modalités de fourniture du service public de l’électricité aux demandeurs et aux abonnés. Et de poursuivre que, dans ce document, y figurent les conditions de branchements, le système de comptage, de contrôle, de facturation et de paiement, des conditions dont le respect s’impose à l’Edm-sa.

“Conformément au règlement du service concédé de l’électricité entre l’Etat et l’Energie de Mali et suivant les procédures de facturation, les factures du mois sont exigibles deux mois après la date de consommation. A la fin du mois de consommation, la relève des index dure 15 jours, le temps de facturation est de 15 jours, la distribution des factures est aussi de 15 jours et l’Edm-sa consent 15 jours de délai de paiement. Donc entre le mois de consommation et la date d’exigibilité de la facture, il s’écoule déjà deux mois”, a-t-il renchéri.

Pendant le même temps, il dira que l’Edm-sa s’endette pour payer le combustible et les autres intrants de production de l’énergie destinée à sa clientèle et est assujettie à des intérêts par les banques.

Et d’ajouter que sur chaque facture est indiquée en gras la date limite de paiement. “Si l’abonné ne procède pas au règlement dans ce délai, l’Edm-sa est autorisée, au terme de l’article 25 du règlement du service concédé de l’électricité, à appliquer les pénalités de retard. Le non-paiement entraine pour l’abonné une majoration de 1,5% par mois de retard, du montant hors taxes de sa facture”, a-t-il précisé.

Pour finir, il ajoutera que l’application de cette disposition règlementaire ne dérange pas la mise en œuvre des actions classiques de recouvrement, il s’agit notamment de la suspension de la fourniture de l’électricité pour non-paiement, de la dépose du compteur du client ou du préavis de résiliation de son contrat.      Boubacar PAÏTAO

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Le combat est rude et très rude, le problème EDM-sa prend sa source depuis le mode de recrutement des agents, je suis dans le domaine.
    Mes propositions sont les suivantes :
    • Revoir le parc de production en augmentant la part des énergies renouvelables ;
    • Déposer les vieilles centrales thermiques ;
    • Réhabiliter les réseaux de distribution et les postes de transformation ;
    • Procéder à l’inventaire des compteurs d’énergies en service ;
    • Changer les compteurs défaillant en faisant étalonnage sur site ;
    • Changer le mode recrutement des agents de terrain (ceux qui travaillent dans le réseau sont généralement les bénévoles) ils ne sont pas suivis par les titulaires ;
    • Changer les systèmes des fraudeurs car les contrôleurs et les fraudeurs sont la même équipes c’est-à-dire ceux sont les mêmes agents de l’EDM-sa qui orchestrent les voles ;
    • Revoir la gestion des éclairages publiques ;
    • Faire respecter les délais de branchement pour les nouveaux branchements ;
    • revoir les marchés des extensions des réseaux, généralement les agents font des marchés parallèles au détriment de la société EDM-sa ;
    • Sanctionner la fraude sur toutes les formes ;
    • Informer les abonnés sur la procédure de résiliation des contrats de branchement (de nombreux compteurs se promènent entre les mains des agents de l’EDM-sa qui constituent des outils de fraude à l’encontre des intérêts consommateurs et la société ;
    • Rendre accessible le service aux abonnés, les difficultés d’accès favorisent la fraude.
    Ma petite contribution
    Merci.

  2. Ce Monsieur n’a pas de leçon à donner qui que ce soit, en voici les preuves :
    – Il a été éjecté d’Orange finances, une filiale d’orange car en tant DG, il a crée des sociétés écrans personnels pour distribuer des marchés à celles-ci.
    – Une fois éjecté d’orange, un appel à candidatures a été lancé à l’ARMTP pour chercher un cadre économiste expérimenté. Sur plus de 48 dossiers, par des coups de baguette magique, il a été retenu alors que son dossier n’était pas sélectionné sur les 10 meilleurs dossiers.
    – Pour être Ministre, il a déboursé des millions auprès de la junte. Une situation anormale et indigne qui fait qu’on ne pourrait que cette transition ne pourrait jamais lutter contre la corruption.
    En conclusion, avant de donner une leçon, on doit s’assurer qu’on est sincère, digne, honnête, irréprochable au lieu d’amuser la galerie.

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