On ne sait pas s’il faut avoir honte ou se réjouir des aveux de Pathé Dieng, le directeur des Opérations de la Ceni que Jean Marie Doré passera sur le gril, mercredi après midi, devant Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Et rien n’est mieux justifié que l’indignation perplexe du leader de l’UFDG quand il comprit, par les tares déclinées de l’auguste institution, que la Guinée ne pouvait aller à des élections décentes ce dimanche.
Tant pis ou tant mieux ? Tant pis pour tous ceux qui ont voulu, pour de très bonnes raisons, que la Guinée ne soit plus longtemps un état d’exception mais qui ont baissé la garde et omis d’encadrer une Ceni sur laquelle les critiques pleuvaient depuis février, mais tant mieux pour la démocratie. Une armada de consultants chacun avec sa recette ; une hiérarchie de septuagénaires qui ne viennent que pour les perdiems laissant au seul directeur des opérations le leadership réel de l’institution ; et depuis mercredi un constat de carences et de légèretés simplement surréalistes du genre « les cartes étaient attendues dans la nuit du dimanche au lundi » soit après la fermeture des bureaux de vote.
C’est gravissime bien entendu, mais c’est aussi heureux que cela ait été dit devant tous les candidats, sous les caméras de la télé. La correction des anomalies identifiées renforcera la légitimité du vainqueur et ferait mieux accepter la défaite. La Guinée, sous un certain regard, n’a donc pas fait qu’étaler publiquement ses tares, elle vient simplement d’enrichir la démocratie directe en permettant le diagnostic des Ceni devant les candidats.
La formule fera t-elle école ? Rien n’est moins sûr car les Ceni qui sont un acquis des vagues démocratiques montrent un peu partout qu’elles ne sont pas la panacée. En tout cas, on comprend un peu mieux l’entêtement de Jean Marie Doré qui pouvait facilement passer pour l’obstacle au deuxième tour. De toute évidence, il était l’obstacle d’un deuxième tour dont les résultats auraient été plus facilement et plus légitimement contestés.